Depuis son inauguration en 1925, ce palace art déco a écrit l’histoire en accueillant icônes et dirigeants, traversant guerres et révolutions sans perdre son âme.
Niché près de la gare centrale de Zagreb, l’hôtel Esplanade a vu le jour pour offrir un écrin de luxe aux voyageurs de l’Orient-Express. Dès ses premières années, il s’impose comme un symbole d’élégance, attirant artistes et têtes couronnées. La scandaleuse Joséphine Baker y fait sensation dans les années 1920, tandis qu’Asta Nielsen, star du cinéma muet, y pose ses valises.
Les murs de l’établissement ont aussi connu des heures sombres. Occupé par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, il renaît ensuite pour devenir un phare culturel dans la Yougoslavie socialiste. Les années 1960 marquent son âge d’or : Elizabeth Taylor, Orson Welles et même la reine Elizabeth II y sont reçus. L’anecdote raconte que la souveraine, subjuguée par un plat de poisson, gratifia le chef d’une pièce d’or.
Pionnier, l’Esplanade intègre en 1964 le groupe Intercontinental, une première à l’Est du rideau de fer. Il innove en proposant des vins français au verre ou en ouvrant le premier casino yougoslave. « C’était une fenêtre sur l’Occident », souligne une ancienne directrice. Pendant la guerre d’indépendance croate dans les années 1990, il devient le repère des correspondants étrangers.
Aujourd’hui, le palace mêle tradition et modernité. David Beckham, Shakira ou Robbie Williams ont succédé aux légendes du passé. Ivica Max Krizmanic, son directeur actuel, y travaille depuis trois décennies : « Cet hôtel est une passion qui ne s’éteint pas ». Avec ses 208 chambres, l’Esplanade continue de séduire les voyageurs en quête d’authenticité, comme ce businessman français venu en avril, conquis par « ce lieu chargé d’histoire ».
Alors que la Croatie mise sur son littoral, Zagreb attire désormais 1,4 million de visiteurs annuels. L’Esplanade, joyau patrimonial, reste un témoin immuable des bouleversements du siècle, où chaque couloir murmure une anecdote.