Le Parlement français vient d’adopter une législation pionnière visant à restreindre l’utilisation des PFAS, substances chimiques omniprésentes et résistantes connues sous le nom de « polluants éternels ». Cette initiative, soutenue par le gouvernement et les écologistes, marque un tournant dans la lutte contre ces composés pernicieux.
L’Assemblée nationale a validé jeudi, par un vote majoritaire, une proposition de loi écologiste visant à limiter la présence des PFAS dans les produits de consommation courante. Le texte, déjà approuvé par le Sénat, a été adopté par 231 voix contre 51, malgré l’opposition du Rassemblement National. La loi entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2026, interdisant la fabrication, l’importation et la vente de produits cosmétiques, de farts pour skis et de textiles d’habillement contenant ces substances, sauf pour certains usages industriels jugés essentiels.
Cette législation intervient dans un contexte où les PFAS, présents dans une multitude de produits allant des emballages alimentaires aux équipements de protection individuelle, s’accumulent dans l’environnement et dans le corps humain, posant des risques sanitaires encore mal définis. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a souligné la nécessité d’un discours équilibré, basé sur la science, tout en reconnaissant les dangers potentiels de certains PFAS.
Le rapporteur de la loi, Nicolas Thierry, a salué cette adoption comme une « immense victoire » après trois années de travail, espérant qu’elle démontre qu’il est possible de contrer les puissants lobbies industriels. Cette victoire est perçue comme un signal fort de la capacité de la société civile à influencer les politiques publiques, même face à des intérêts économiques majeurs.
Cependant, le texte a suscité des réserves de la part de certains députés, comme Emeric Salmon du RN, qui craignent des répercussions négatives sur l’emploi et la compétitivité nationale. La ministre a répondu à ces inquiétudes en affirmant que la loi avait été élaborée en collaboration avec les industriels, visant à protéger ceux qui ont investi dans des alternatives aux PFAS contre la concurrence déloyale.
Ce vote marque également un moment symbolique pour le groupe écologiste et social, qui a vu cette journée de « niche parlementaire » comme une occasion de faire avancer des projets de loi progressistes. Si cette loi sur les PFAS est une première étape, d’autres initiatives, comme la mise en place d’une sécurité sociale alimentaire ou la protection de la qualité de l’eau potable, n’ont malheureusement pas pu être examinées faute de temps.