Monde
Jeux vidéos: Activision Blizzard rattrapé à son tour par des accusations de harcèlement sexuel
« Club de garçons », « harcèlement », « suicide »… Les lourdes accusations portées en justice par une autorité californienne contre le créateur du blockbuster « Call of Duty » Activision Blizzard viennent s’ajouter à une longue série d’affaires de moeurs dans un secteur des jeux vidéos encore très masculin.
« Les femmes employées ont presque toutes confirmé que travailler pour (Activision) équivalait à évoluer dans un +club de garçons+ », détaille une plainte déposée mardi par le Department of Fair Employment and Housing (DFEH), une agence de l’Etat de Californie chargée d’enquêter sur les affaires en matière de droit civil.
Ce club « impliquait invariablement des hommes buvant de l’alcool et soumettant les femmes à du harcèlement sexuel sans conséquences pour eux », poursuit la plainte déposée à la Cour supérieure de Los Angeles contre l’entreprise dont le siège social se trouve à Santa Monica.
La plainte raconte dans le détail certains jeux auxquels se livrent des employés hommes sur fond de propos sexistes à l’encontre des femmes qui représentent environ 20% des employés du groupe.
« Des employés masculins arrivent fièrement saouls au travail, jouent aux jeux vidéos durant de longues périodes pendant leurs heures de bureau et délèguent leur travail à des femmes », est-il aussi écrit dans le document.
« Ils plaisantent sur leurs relations sexuelles, parlent ouvertement du corps des femmes et blaguent sur le viol », poursuit la plainte, précisant que les accusations de harcèlement sexuel portent aussi sur « des cadres de haut rang ».
L’industrie du jeu vidéo est souvent considérée comme un milieu dominé par une culture d’entreprise masculine, où les dérives sexistes et les comportements déplacés sont fréquents.
Ubisoft, Riot Games
Depuis un an, les affaires de ce genre se sont multipliées.
Ubisoft avait été éclaboussé à l’été 2020 par de multiples révélations sur le comportement sexiste et violent de plusieurs de ses cadres, entraînant plusieurs départs.
Il y a une semaine, le groupe a fait l’objet d’une plainte par deux anciennes salariés au tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour « harcèlement institutionnel » contre le groupe et dix personnes physiques, dont le PDG Yves Guillemot.
En février, l’éditeur et développeur américain de jeux vidéos Riot Games, à l’origine du célèbre League of Legends, et son patron français, Nicolo Laurent, ont été poursuivis par une ex-employée devant un tribunal de Los Angeles.
Une commission spéciale du conseil d’administration avait jugé en mars qu’il n’y avait « aucune preuve » de l’implication de son patron.
« Ce genre de comportement est classique dans cette industrie, ce qui est nouveau est sans doute que ces entreprises commencent à sentir les conséquences directes de leur culture d’entreprise abusive », souligne auprès de l’AFP Kenzie Gordon, doctorante à l’Université d’Alberta, qui étudie comment les jeux vidéos peuvent être utilisés pour prévenir les violences domestiques et sexuelles.
L’affaire révèle par ailleurs selon elle le fait que le harcèlement est plus souvent une affaire liée à la culture d’entreprise « plutôt que la responsabilité de quelques brebis galeuses ».
La plainte déposée contre Activision Blizzard va encore plus loin, évoquant le suicide d’une employée pendant un voyage d’affaires, où elle était accompagnée d’un superviseur masculin, pouvant être liée à du harcèlement sexuel.
« Nous sommes écoeurés par la conduite répréhensible du DFEH qui mêle à sa plainte le tragique suicide d’une employée dont le décès n’a aucun lien avec cette affaire et est sans aucun égard avec sa famille en deuil », a réagi Activision Blizzard dans une déclaration transmise jeudi à l’AFP.
Salaires
Le groupe affirme plus largement que les accusations « ne représentent pas l’environnement de travail d’Activision Blizzard aujourd’hui ».
« Au cours des dernières années, et depuis que cette enquête a commencé, nous avons réalisé des changements significatifs pour améliorer la culture d’entreprise et refléter davantage la diversité parmi nos équipes dirigeantes. »
Ce dernier point répond à l’une des autres accusations figurant sur la plainte, la politique salariale et l’accession à des postes à responsabilités auxquels « très peu de femmes parviennent ».
Celles-ci sont « assignées à des salaires inférieurs et des opportunités de carrières moins prestigieuses », est-il écrit.
Le DFEH accuse enfin Activision d’avoir échoué à traiter correctement les plaintes des employés auprès des ressources humaines ou de responsables.
Selon l’agence, certaines ont été ébruitées par des membres du département RH, soupçonnés de proximité avec des harceleurs présumés.
Culture
Insolite : Des retraitées s’invitent sur le podium de la Fashion week de Vienne
À la Fashion week de Vienne, des mannequins de 60 à plus de 80 ans ont défilé, brisant les stéréotypes liés à l’âge. Une initiative inédite en Autriche, portée par la créativité et la volonté d’inclusion.
Brigitte Hrdlicka, 63 ans, résume parfaitement l’esprit de cette révolution discrète dans le monde de la mode : « C’est fini, les mamies assises à ne rien faire ». Alors qu’elle met la dernière main à sa création avant le défilé, elle incarne, avec neuf autres retraitées, un changement de regard sur l’âge et la vieillesse. Ces femmes, âgées de 60 à plus de 80 ans, ont défilé sur le podium de la Fashion week de Vienne, dans une célébration de la diversité et de l’inclusion.
Ce projet inédit en Autriche est le fruit de plusieurs mois de travail, où les participantes ont conçu et réalisé leurs tenues à partir de matériaux de récupération. Loin d’être des novices, elles ont été guidées par Irina Reichel, animatrice d’ateliers de couture pour retraités. En voyant ces mannequins d’un jour défiler avec assurance et élégance, le message est clair : l’âge n’est plus une limite, et la mode devient un outil pour déconstruire les préjugés.
Le spectacle, loin d’être une simple performance, revendique une prise de position contre l’âgisme et met en avant une joie de vivre palpable. Sur le podium, chaque femme rayonne, reflétant une pluralité de styles : du léopard audacieux aux robes de mariée colorées, il y en a pour tous les goûts. Ce défilé ne fait pas seulement écho à une tendance globale d’ouverture à la diversité dans la mode, mais il s’impose comme un événement symbolique. Si les icônes comme Naomi Campbell ou Claudia Schiffer ont déjà démontré qu’il est possible de célébrer la beauté à tous les âges, ces femmes viennoises montrent que l’élégance et la modernité n’ont pas d’âge non plus.
Les jeunes spectatrices, admiratives, s’imaginent déjà suivre leur exemple à un âge avancé, tandis que les retraitées comme Verena Heger, 60 ans, applaudissent l’initiative. « Ce n’est pas parce qu’on a plus de 60 ans qu’on fait des choses ringardes ! », s’exclame-t-elle, résumant la fierté et la modernité de cette nouvelle génération de femmes âgées qui refusent d’être invisibles.
Avec son ambiance festive, son tapis rouge et ses créations uniques, ce défilé aura marqué les esprits, prouvant que la mode est un terrain où chacun peut trouver sa place, peu importe son âge.
Europe
Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google
La Cour de justice de l’Union européenne a tranché en faveur de la Commission européenne dans deux affaires majeures impliquant Apple et Google, infligeant des sanctions financières record et marquant un tournant dans la lutte contre les abus des géants de la tech.
Mardi, la justice européenne a confirmé deux décisions aux lourds enjeux financiers, donnant raison à la Commission européenne face à Apple et Google. La commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, s’est félicitée de cette issue, la qualifiant de « grande victoire pour les citoyens européens », soulignant son importance pour l’équité des règles économiques et la justice fiscale.
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dernière instance dans ces affaires, a ordonné à Apple de rembourser 13 milliards d’euros à l’Irlande, correspondant à des avantages fiscaux illégaux, assimilés à une aide d’État. En parallèle, Google a vu confirmée une amende de 2,4 milliards d’euros pour abus de position dominante, infligée pour avoir favorisé son service de comparaison de prix au détriment de ses concurrents.
L’affaire Apple remonte à 2016, lorsque la Commission européenne avait demandé à l’entreprise de rembourser les impôts non perçus par l’Irlande entre 2003 et 2014. Durant cette période, Apple a rapatrié la majorité de ses bénéfices européens en Irlande, bénéficiant d’un taux d’imposition presque nul, allant de 1 % à 0,005 %. En 2020, le Tribunal de l’UE avait annulé cette décision, infligeant un sérieux revers à Margrethe Vestager. Cependant, en novembre 2023, l’avocat général de la CJUE avait recommandé d’annuler ce jugement initial et de renvoyer l’affaire au tribunal. La Cour a finalement confirmé que l’Irlande avait accordé une aide illégale à Apple, scellant ainsi l’obligation de remboursement. Apple a réitéré son désaccord, affirmant que l’entreprise n’avait bénéficié d’aucun traitement fiscal particulier.
Dans l’autre dossier, la CJUE a confirmé la sanction de 2,4 milliards d’euros imposée à Google pour avoir abusé de sa position dominante en favorisant son comparateur Google Shopping dans les résultats de recherche, rendant ses concurrents quasiment invisibles pour les utilisateurs. Cette amende, imposée en 2017, est l’une des nombreuses sanctions financières infligées à Google pour des pratiques anticoncurrentielles, le total des amendes infligées au groupe dépassant les 8 milliards d’euros. Google a exprimé sa déception face à ce verdict, rappelant avoir déjà ajusté ses pratiques en 2017 pour répondre aux exigences européennes.
Ces décisions marquent un tournant dans la régulation des géants de la technologie, tant en Europe qu’aux États-Unis, où Google fait également face à plusieurs enquêtes et procès. Elles réaffirment la volonté de la Commission européenne de réguler les pratiques des entreprises multinationales pour garantir une concurrence équitable et une fiscalité juste au sein de l’Union.
Europe
Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi
Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.
La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.
Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.
Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.
Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.
Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.
La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.
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