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Harvard sous pression : l’université résiste à l’offensive de Trump contre la liberté académique

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La prestigieuse institution américaine fait face à une vague de mesures répressives, suscitant inquiétudes et mobilisation sur son campus historique.

Sous les allées ombragées et les façades de brique rouge d’Harvard, l’atmosphère est tendue. Derrière l’apparente routine des cours et des révisions, étudiants et enseignants vivent dans la crainte d’une escalade des tensions avec l’administration fédérale. Depuis plusieurs mois, l’université est dans le collimateur de Donald Trump, qui l’accuse de tolérer l’antisémitisme et de servir de bastion à l’activisme progressiste, notamment après les manifestations étudiantes contre la guerre à Gaza.

Les représailles n’ont pas tardé : arrestations ciblées, suspension des financements publics, menaces contre les étudiants étrangers. Pour Sheila Jasanoff, professeure à la Harvard Kennedy School, ces actions s’apparentent à une véritable « guerre éclair », menée avec tous les moyens à disposition du pouvoir. L’établissement a riposté en engageant des poursuites judiciaires, une résistance saluée par une partie de sa communauté. « Nous sommes en première ligne d’un combat politique crucial », confie Alice Goyer, étudiante en quatrième année, tout en exprimant son inquiétude pour ses camarades internationaux, désormais sous surveillance accrue.

La pression est particulièrement forte sur ces derniers. Plusieurs ont été interpellés lors de manifestations, comme à Columbia ou Tufts, et certains redoutent désormais d’être expulsés. Kseniia Petrova, chercheuse à Harvard, est détenue depuis février après l’annulation de son visa. Beaucoup hésitent à quitter le territoire, craignant de ne pouvoir y revenir. « C’est une source d’angoisse permanente », souligne Feodora Douplitzky-Lunati, une étudiante de première année.

Les mesures coercitives s’étendent aussi aux ressources financières de l’université, avec le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales. Conséquence directe : des embauches suspendues, des programmes de recherche à l’arrêt. Dans un courriel adressé aux anciens élèves, le président d’Harvard, Alan Garber, a évoqué une « bataille existentielle » et appelé à la solidarité financière.

Si l’université tente de résister, certains compromis alimentent les critiques. Le programme « DEI » (Diversité, Équité, Inclusion), visé par Trump, sera rebaptisé, et les cérémonies de remise de diplômes réservées aux minorités supprimées. « C’est une capitulation », regrette Alice Goyer. Pourtant, malgré les risques, des voix continuent de s’élever. Leo Gerden, étudiant suédois, s’est engagé dans la contestation, dénonçant une stratégie de l’effroi. « Trump veut faire des exemples pour réduire les autres au silence », affirme-t-il, espérant une mobilisation comparable à celle de la guerre du Vietnam.

Entre fierté et appréhension, Harvard incarne désormais un symbole de la résistance académique face au pouvoir. Mais à quel prix ?

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