Cinq ans après la crise sanitaire, le télétravail séduit mais soulève des questions
_Adopté massivement pendant le confinement, le travail à distance reste plébiscité par les salariés. Pourtant, ses impacts sur la santé et l’équilibre vie pro-vie perso interrogent._
Le télétravail, imposé en 2020 pour faire face à la pandémie de Covid-19, s’est imposé comme une nouvelle norme dans le monde professionnel. Alors qu’il était quasi inexistant avant la crise, il concerne désormais plus de 20 % des salariés du secteur privé, selon les dernières données de l’Insee et de la Dares. Les cadres sont les principaux bénéficiaires, avec 63 % d’entre eux concernés, contre seulement 10 % des employés et aucun ouvrier. Une disparité qui souligne les limites de cette pratique.
Pour de nombreux travailleurs, le télétravail a été une véritable révolution. Xavier Duhamel, responsable d’une équipe de veille médiatique dans une société de communication, témoigne : « Avant le confinement, le télétravail n’était même pas envisagé. Aujourd’hui, notre service est entièrement en distanciel, avec la possibilité de venir sur site pour ceux qui le souhaitent. » Cette flexibilité a permis d’élargir les recrutements à l’échelle nationale et d’améliorer le bien-être des collaborateurs, notamment grâce à la suppression des temps de transport.
Karima, assistante administrative dans une entreprise d’édition technique, partage cet enthousiasme : « Le télétravail a changé ma vie. Je dors plus, je suis moins fatiguée, et mes performances se sont améliorées. » Pourtant, derrière ces avantages se cachent des effets moins visibles. Les femmes, en particulier, subissent une charge mentale accrue. Selon la Dares, elles sont plus susceptibles de travailler même en étant malades lorsqu’elles sont en télétravail, avec 52 % des jours de maladie travaillés contre 39 % en présentiel.
Audrey Richard, présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), alerte sur les risques pour la santé mentale. « Le télétravail a introduit une surcharge d’informations, avec des notifications incessantes sur Teams, WhatsApp ou Zoom. Cette hyperconnectivité peut avoir un impact négatif sur les salariés », explique-t-elle. Elle souligne également que deux jours de télétravail par semaine semblent être le bon équilibre pour préserver le collectif tout en offrant de la flexibilité.
Malgré ces interrogations, le télétravail reste largement soutenu. Une étude de l’Apec révèle que 82 % des cadres s’opposent à sa suppression. Cependant, la question de son impact à long terme, notamment sur la santé mentale, reste ouverte. Alors que la France a fait de la santé mentale sa grande cause nationale pour 2025, il est urgent de mieux comprendre et encadrer cette pratique pour en maximiser les bénéfices tout en limitant les risques.