Le Festival de Cannes 2025 vibre au rythme des drames palestiniens, avec des œuvres poignantes portant les stigmates de la guerre.
La Croisette, habituellement temple de la légèreté cinématographique, se fait cette année l’écho des souffrances gazaouies. Plusieurs films sélectionnés, dont un documentaire bouleversant, captent l’attention bien au-delà des salles obscures. Ce dernier, intitulé *Mets ton âme dans ta main et marche*, rend hommage à Fatima Hassouna, photographe de 25 ans tuée dans un bombardement israélien en avril, quelques heures après avoir appris la sélection de son portrait à Cannes.
L’événement, qui s’ouvre mardi, promet des prises de parole engagées, dans la lignée de la Berlinale où Tilda Swinton avait dénoncé les violences au Proche-Orient sans nommer explicitement Gaza. Les frères Nasser, réalisateurs exilés originaires de l’enclave palestinienne, présenteront *Il était une fois à Gaza*, une fable tragico-comique imprégnée de leur histoire personnelle. Du côté israélien, le cinéaste Nadav Lapid, connu pour ses positions critiques, proposera *Yes*, plongeant dans les tensions post-7 octobre à travers le parcours d’un musicien chargé de composer un hymne national.
Mais c’est la projection du documentaire sur Fatima Hassouna qui marquera les esprits. Tourné à distance par la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi, le film immortalise le regard lumineux et les clichés poétiques de la jeune femme, dont certains seront exposés durant le festival. « Son sourire habite chaque image, ses yeux verts qui captaient la lumière… Ces instants, désormais figés, témoigneront pour elle », confie la cinéaste, encore sous le choc de sa disparition.
Alors que les autorités israéliennes interdisent l’accès des médias internationaux à Gaza, ces œuvres deviennent des fenêtres indispensables sur une réalité trop souvent invisibilisée. Entre les tapis rouges et les débats, Cannes assume plus que jamais son rôle de caisse de résonance des crises mondiales, offrant une tribune à celles et ceux que la guerre a réduits au silence.