Ce samedi 8 mars, un millier de manifestants ont défilé dans les rues d’Ajaccio pour dénoncer la violence et le silence face à la mafia. Une mobilisation forte, portée par la colère et l’espoir d’un avenir libéré de l’ombre criminelle.
Sous un ciel gris, la foule s’est rassemblée derrière une banderole frappée du slogan « Assassini, maffiosi, fora » (« Assassins, mafieux, dehors »). Organisée par les collectifs « A Maffia no, a Vita ié » (« Non à la mafia, oui à la vie ») et Maxime-Susini – du nom d’un militant nationaliste assassiné en 2019 –, la manifestation a débuté à 14h30, partant de la gare pour rejoindre la préfecture. Une seconde banderole, portée par les membres des collectifs, affichait un message percutant : « A maffia tomba, U silenziu dino » (« La mafia tue, le silence aussi »).
Cette marche, initialement prévue le 22 février, avait été reportée à la demande de la famille d’une étudiante de 18 ans, tuée par balle mi-février dans ce qui semble être une erreur de cible. La famille avait exprimé son refus de voir son nom ou son image utilisés sans son accord, insistant sur le respect du deuil.
Dans un communiqué commun, les collectifs ont dénoncé « les tragédies criminelles qui s’enchaînent » et salué la mobilisation de « femmes et d’hommes qui disent non, simplement non, avec leurs mains nues et leur visage à découvert ». Ils ont également souligné que la peur, bien que présente, était surmontée par la volonté de défendre l’avenir de la Corse et de ses enfants.
Les manifestants ont exprimé leur détermination à interpeller les responsables politiques : « Nous marchons vers ceux qui ont la responsabilité de notre sécurité, de la gestion de nos ressources, de la préservation de nos conditions de vie : naturelles, sociales, économiques et culturelles », ont-ils déclaré, critiquant les « communiqués de condoléances et messages de soutien convenus ».
Cette mobilisation intervient dix jours après une session spéciale de l’assemblée de Corse consacrée aux dérives mafieuses. Un signal fort, alors que l’île cherche à se libérer de l’emprise criminelle.
« Nous regardons le mal en face et nous crions notre refus de le voir nous submerger. Les vivants se révoltent et ils le font savoir », ont conclu les collectifs, résumant l’esprit de cette journée historique.