Dans une affaire devenue symbole des dérives de la politique migratoire américaine, un élu démocrate a finalement pu rencontrer un Salvadorien expulsé à tort et désormais emprisonné dans son pays d’origine.
Le sénateur Chris Van Hollen a obtenu, après plusieurs jours d’efforts, un entretien avec Kilmar Abrego Garcia, un père de famille de 29 ans renvoyé de force vers le Salvador malgré une décision de justice interdisant son expulsion. Marié à une Américaine et résidant aux États-Unis depuis son adolescence, l’homme avait fui son pays pour échapper aux violences des gangs. Ironie du sort, il se retrouve aujourd’hui incarcéré aux côtés de ces mêmes criminels dans une prison de haute sécurité.
Les images de leur rencontre, diffusées jeudi, montrent les deux hommes attablés dans ce qui semble être un hôtel de San Salvador. Le parlementaire a ensuite partagé sur les réseaux sociaux avoir transmis à l’épouse de Kilmar un message d’amour de son mari. Bien que les conditions de cette entreprise restent floues, le sénateur a promis de fournir des détails supplémentaires à son retour aux États-Unis.
Cette affaire cristallise les tensions autour de la politique migratoire de l’administration Trump, accusée de procéder à des expulsions arbitraires. Le Salvadorien faisait partie d’un groupe de plus de 250 hommes renvoyés en mars sous prétexte de liens présumés avec un gang vénézuélien classé comme organisation terroriste. Pourtant, les autorités américaines ont reconnu en justice que son expulsion était une « erreur administrative », une décision judiciaire ayant annulé son renvoi dès 2019.
Du côté salvadorien, le président Nayib Bukele, allié de Trump dans la lutte contre l’immigration clandestine, a ironisé sur la situation, évoquant des « margaritas » partagées dans un « paradis tropical ». La Maison Blanche, quant à elle, a opposé cette rencontre à une photo de Donald Trump aux côtés de la mère d’une victime de crime, soulignant avec sarcasme : « Nous ne sommes pas pareils ».
Malgré les reconnaissances d’erreur, le retour de Kilmar Abrego Garcia semble bloqué. Les autorités salvadoriennes affirment ne pas avoir le pouvoir de le libérer, tandis que Washington se déclare incapable d’intervenir. Cette impasse illustre les conséquences dramatiques d’une politique migratoire inflexible, où des vies se retrouvent prises en étau entre deux pays.