Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

Turquie en ébullition : des milliers de manifestants défient le pouvoir pour soutenir le maire d’Istanbul

Article

le

La détention d’Ekrem Imamoglu, figure de l’opposition, a déclenché une vague de colère dans les rues d’Istanbul. Les protestataires dénoncent une atteinte à la démocratie et appellent à la libération du maire emblématique.

Des foules compactes ont envahi les rues d’Istanbul jeudi soir, malgré un dispositif policier massif et des conditions météorologiques difficiles. Ces rassemblements, organisés en soutien au maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté la veille pour des accusations de « corruption » et de « terrorisme », ont rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre. Les manifestants, déterminés, ont bravé les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc pour exprimer leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une manœuvre politique visant à museler l’opposition.

Dans un message relayé par ses avocats sur les réseaux sociaux, Imamoglu a appelé les juges et la nation à réagir. « Vous ne pouvez pas rester silencieux face à cette injustice », a-t-il déclaré, exhortant les citoyens à rester unis contre ce qu’il qualifie de « mal ». Son parti, le CHP (Parti républicain du peuple), a organisé le rassemblement, au cours duquel Özgür Özel, président du parti, a pris la parole pour dénoncer les arrestations. « Imamoglu est l’espoir de la Turquie. Il n’est ni corrompu, ni terroriste », a-t-il clamé, suscitant l’enthousiasme de la foule.

Les tensions ont atteint leur paroxysme lorsque des groupes de jeunes manifestants ont tenté de se diriger vers la place Taksim, symbole des mouvements de contestation en Turquie. La police, déployée en nombre, a répondu par des tirs de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour contenir la foule. Özgür Özel a averti les forces de l’ordre, les tenant responsables de toute escalade de violence. « Les rues nous appartiennent, les places nous appartiennent », a-t-il lancé, tandis que les manifestants scandaient des slogans appelant à la démission du président Recep Tayyip Erdogan.

En parallèle, des étudiants se sont mobilisés dans plusieurs universités pour protester contre l’arrestation d’Imamoglu et l’annulation de son diplôme universitaire, une décision qui compromet sa candidature potentielle à la présidentielle de 2028. « Imamoglu est visé parce qu’il représente une réelle menace pour le pouvoir en place », a déclaré une étudiante de l’université de Galatasaray. Les jeunes générations, déterminées à ne pas rester silencieuses, ont rejoint le mouvement de contestation.

Cette crise politique intervient dans un contexte économique déjà fragile. La livre turque a atteint des niveaux historiquement bas, dépassant les 38 livres pour un dollar et 41 livres pour un euro. Les arrestations massives, visant non seulement Imamoglu mais aussi des dizaines d’autres figures de l’opposition, ont exacerbé les tensions et alimenté les craintes d’une dérive autoritaire.

Ekrem Imamoglu, élu triomphalement en 2019 puis réélu en 2024, est perçu comme le principal rival du président Erdogan. Sa popularité et son charisme en ont fait une cible privilégiée du pouvoir. Alors que la communauté internationale, notamment la France et l’Allemagne, a condamné son arrestation, Erdogan reste silencieux, laissant planer le doute sur ses intentions.

Les prochains jours s’annoncent décisifs pour la Turquie. Alors que le CHP a appelé à un nouveau rassemblement vendredi, la détermination des manifestants et la réaction des autorités pourraient marquer un tournant dans l’histoire politique du pays.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus