Nous rejoindre sur les réseaux

Économie

Suède sous tension : les prix alimentaires enflamment le débat public

Article

le

Face à une inflation record, les consommateurs suédois appellent au boycott des grandes enseignes, tandis que le gouvernement tente de calmer la colère populaire.

La Suède traverse une crise alimentaire sans précédent, marquée par une flambée des prix qui suscite l’inquiétude des ménages et des appels croissants au boycott des principales chaînes de distribution. Jeudi, le gouvernement a convoqué les géants du secteur pour tenter de trouver des solutions, mais la réunion n’a abouti à aucune mesure concrète.

Selon les données de l’autorité statistique suédoise (SCB), les prix des denrées alimentaires ont bondi de 3,9 % en février par rapport à l’année précédente, atteignant leur plus haut niveau depuis deux ans. Les produits laitiers, en particulier, ont subi des hausses spectaculaires, avec une augmentation de 26 % pour le beurre. Le lait et le fromage ont également vu leurs prix grimper de manière significative.

La ministre des Finances, Elisabeth Svantesson, a tenté de rassurer la population en affirmant que la situation devrait s’améliorer grâce à une meilleure concurrence et à une inflation en recul. Cependant, ces déclarations peinent à convaincre les consommateurs, déjà exaspérés par des années de hausses répétées.

Dans les quartiers populaires comme Skärholmen, au sud-ouest de Stockholm, les habitants se tournent de plus en plus vers les marchés locaux et les épiceries indépendantes, où les prix sont souvent plus abordables. Hayedeh, une retraitée de 79 ans, témoigne de son désarroi face à des augmentations quotidiennes. « Les prix montent sans cesse. L’autre jour, j’ai vu des noix à 350 couronnes le kilo (32 euros). C’est insupportable », confie-t-elle.

Face à cette situation, une campagne de boycott a émergé sur les réseaux sociaux, visant les trois principales enseignes du pays – Ica, Coop et Axfood – qui contrôlent plus de 90 % du marché alimentaire. Les consommateurs accusent ces groupes de profiter de leur position dominante pour maintenir des prix élevés, malgré une inflation en baisse.

L’autorité suédoise de la concurrence a pointé du doigt le manque de compétitivité dans le secteur, soulignant que les prix pratiqués dépassent souvent les justifications liées aux coûts de production. Rikard Jermsten, ancien directeur général de l’autorité, a déclaré que cette situation n’aurait pas eu lieu si la concurrence avait fonctionné correctement.

De leur côté, les acteurs du secteur alimentaire invoquent des facteurs externes, tels que la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et la dépréciation de la couronne suédoise, pour expliquer ces hausses. La fédération nationale des agriculteurs (LRF) a également souligné l’impact des coûts élevés des intrants agricoles et de l’inflation sur les prix finaux.

Pour de nombreux Suédois, comme Bogdan Skorzynski, employé dans une entreprise de peinture, ces explications ne suffisent pas. « J’ai arrêté de fumer pour pouvoir continuer à acheter la même nourriture qu’avant. Mais avec des prix qui montent et un salaire qui stagne, c’est de plus en plus difficile », déplore-t-il.

Alors que la colère gronde, le gouvernement et les acteurs du secteur doivent trouver des réponses rapides pour apaiser les tensions et éviter une crise sociale plus profonde.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus