Sète – Hervé Marquès remporte le grand prix de l’hypocrisie à la mosquée de l’île de Thau

Il faisait la guerre aux prières dans un vestiaire. Il assiste désormais à celles sur la voie publique. Hervé Marquès n’a pas changé d’avis. Il a juste changé de costume.

La politique rend certains élus complètement fous. Au point de leur faire dire tout et son contraire. Au point de leur faire avaler leurs propres discours, quitte à s’étrangler avec. À ce petit jeu, Hervé Marquès vient de décrocher le grand prix de l’hypocrisie. Ou plutôt le tapis de prière en peau de caméléon.

Souvenez-vous. Il y a un an, en pleine croisade laïque, Hervé Marquès dégaine la charte de la laïcité comme un shérif dégaine son étoile. Il accuse un club de football sétois de « pratiques communautaires » pour de supposées prières sur un terrain de foot, cet espace public qu’il veut sanctuariser au nom de la neutralité. Il faut faire un exemple. Et tant pis si c’était faux, tant pis si l’amalgame était nauséabond. Il fallait frapper, montrer les muscles, faire un coup de communication. Il en avait fait une croisade personnelle, obtenant avec l’aide du Préfet de l’Hérault, la fermeture du club sétois [lire ici].

Mais voilà que le second rôle grimpe soudain au sommet de l’affiche. L’homme de paille devient maire. Et là, magie du scénario politique, la laïcité brandie autrefois s’est volatilisée comme de l’encens dans une mosquée. Vendredi 6 juin, en plein quartier de l’Île de Thau, notre fervent laïque assiste avec son adjoint aux sports Alain Arménio, tout sourire, à la grande prière de l’Aïd al-Adha. Sur l’espace public, bien sûr. Le même espace public qu’il accusait d’être profané par quelques prières de jeunes footballeurs, et qu’il bénit aujourd’hui par pure stratégie électorale.

Assis tranquillement sur un rebord, le voilà qui écoute l’intégralité de la prière, les mains jointes ou presque. Une scène chargée d’émotion, les fidèles sont souvent en larmes dans ces prières importantes. Lui aussi, selon des témoins. Peut-être une poussière dans l’œil, peut-être un souvenir de campagne. En tout cas, plus un mot sur la neutralité. Plus une syllabe sur la charte de la laïcité. L’homme ne voit plus qu’un seul horizon, mars 2026. Et si pour y arriver il faut troquer le bâton du censeur pour la babouche de l’opportuniste, il n’y voit aucun inconvénient.

Mais l’homme de paille se sait en difficulté auprès de la communauté, et ne vient pas les mains vides. Non. Il apporte un cadeau, ou plutôt une promesse emballée avec un sourire de circonstance. L’annonce de la validation prochaine du permis de construire pour un nouvel étage et le doublement de la superficie de la mosquée. Enfin. Une excellente nouvelle pour les fidèles, bien sûr, eux qui prient depuis des années dans des conditions indignes. Mais servie par celui-là même qui s’indignait pour une prière sur un terrain de foot, ça a comme un goût amer. L’odeur du faux-semblant.

Des jeunes privés de foot. Un club sétois discrédité sur de grandes chaînes nationales. Un président et sa famille jetés en pâture devant la France entière. Et celui qui les avait cloués au pilori se retrouve aujourd’hui à assister à une prière sur l’espace public et à souhaiter bonne fête à chacun des fidèles qu’il aura pu rencontrer. C’est grotesque, mais c’est bien réel. Une époque où les convictions s’ajustent à la météo électorale. Où la laïcité sert de gourdin le lundi et de paillasson le vendredi. Où l’islam, comme d’autres religions, devient une variable d’ajustement dans les équations municipales. Pas étonnant que les musulmans soient perdus entre ce qu’ils ont le droit de faire et ne pas faire.

Et comme dans toutes les mauvaises séries, ce retournement de veste s’est joué en douce. Pas de journalistes invités pour cette sortie pourtant officielle. Pas une ligne sur le site de la ville. Silence radio sur les réseaux sociaux. Une prière furtive, une promesse glissée, une image vite rangée. On gomme, on planque, on espère ne pas se faire prendre par l’électorat de droite. Tactique bien connue de son maire à qui il rend toujours des comptes.

TÉLÉCHARGER L’APPLICATION LE SINGULIER > ICI <