Politique
Pouvoir d’achat: feu vert final du Parlement au premier volet de mesures
Le bout du tunnel législatif est en vue: le Parlement a approuvé définitivement mercredi le premier volet du paquet de mesures en faveur du pouvoir d’achat, après des gages donnés à LR.
Premier gros morceau de la mandature, ce texte « d’urgence », qui porte un total de 20 milliards d’euros de dépenses, a été largement validé à l’Assemblée nationale par 395 voix pour, celles de la majorité, des LR et RN. Ces deux derniers groupes jugent cependant que les mesures laissent « un goût d’inachevé » ou marquent « des petits pas ».
Les députés ont été 112 à se prononcer contre, tous à gauche, et 36 se sont abstenus.
Les élus LFI ont défendu en vain une motion de rejet d’un texte, selon eux de « régression », qui privilégie notamment des primes plutôt que des augmentations générales des salaires.
Dans la foulée, le Sénat dominé par la droite a donné son imprimatur à ce projet de loi, objet d’un compromis entre les deux chambres, par 245 voix contre 27 et 72 abstentions. Là aussi, la gauche n’a pas été en soutien.
« Gouvernement et Parlement ont fait du pouvoir d’achat un combat collectif: ce sont 20 milliards d’euros pour répondre aux conséquences de l’inflation », a salué la Première ministre Elisabeth Borne sur Twitter.
Augmentation de 4% des pensions de retraite et de plusieurs allocations avec effet rétroactif au 1er juillet 2022, plafonnement de la hausse des loyers à 3,5% dans l’Hexagone, et encore triplement du plafond de la prime Macron pouvant être versée par les employeurs sont programmés.
Entre hausse des prix et crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, « le plus dur, nous y sommes pour quelques mois encore », a prévenu à plusieurs reprises le ministre de l’Economie.
Bruno Le Maire s’est montré « déterminé » à « protéger économiquement les Français » comme durant la crise sanitaire, tout en se faisant le gardien des finances publiques face aux assauts des oppositions.
Dans une rare unanimité, les députés ont ajouté au train de mesures la déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés (AAH) – une disposition refusée par le gouvernement lors de la précédente législature.
Le Sénat a marqué son empreinte, en plafonnant à 3,5% la hausse des loyers commerciaux des PME pendant un an. Et dans le sens voulu par LR, les entreprises de 20 à 250 salariés pourront voir leurs cotisations patronales réduites de 50 centimes par heure supplémentaire travaillée.
En outre, le projet de loi facilite le redémarrage de centrales au charbon et crée un régime dérogatoire pour accélérer l’approvisionnement en gaz par un terminal méthanier flottant, au grand dam des écologistes.
« Co-gestion » avec LR
Les parlementaires se sont accordés ensuite dans la soirée sur le second volet en faveur du pouvoir d’achat, compris dans le projet de budget rectifié (PLFR) pour 2022, qui pourra être adopté définitivement jeudi.
Il prévoit le financement de 9,7 milliards d’euros pour la nationalisation d’EDF, la poursuite de la prime carburant, la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires et des dispositions contestées comme la suppression de la redevance audiovisuelle, la pérennisation finalement jusque fin 2025 du possible rachat par les entreprises de RTT ou encore une future carte vitale biométrique.
Mais pas de taxe sur les « superprofits », comme réclamé à gauche et à l’extrême droite.
La validation de ce dernier texte marquera la pause des travaux jusqu’à la rentrée, au bout d’un marathon estival de trois semaines sur ces mesures prises face à l’inflation galopante (+6,1% en juillet sur un an d’après l’Insee), qui avait été un sujet majeur de la campagne présidentielle.
Elisabeth Borne est venue remercier mardi les députés de la majorité pour leur « présence intense et tenace en commission et dans l’hémicycle », selon des propos rapportés.
« Quand certains sont bruyants, nous sommes force de proposition », a-t-elle fait valoir devant le groupe LREM, en référence à la guérilla menée par l’alliance de gauche Nupes.
Cet examen faisait figure de test pour la nouvelle « méthode » de quête de compromis prônée par l’exécutif, privé de majorité absolue à l’Assemblée depuis juin.
De fait, la part belle a été faite aux propositions des LR, et les socialistes, qui se sont abstenus, ont eu beau jeu de critiquer une « co-gestion » voire une « collusion » de l’exécutif avec ces parlementaires.
Le député LR Thibault Bazin se félicite: « C’est l’effet double lame, la droite modifie et complète les textes à l’Assemblée puis, sur ce qu’on n’a pas obtenu, au Sénat ».
France
Macron face à la nation : un rendez-vous à 20h pour dissiper le flou
Après la chute historique du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron s’adressera aux Français jeudi soir. Une allocution attendue qui pourrait définir l’avenir politique du pays et du président lui-même.
La chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure à l’Assemblée nationale, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Cette situation met également le président Emmanuel Macron sous une pression inédite, alors qu’il doit gérer à la fois une majorité relative fragilisée et des appels de l’opposition à sa démission.
Dans ce contexte tendu, l’annonce de l’Élysée d’une allocution présidentielle prévue à 20h jeudi suscite une attente considérable. Le chef de l’État, récemment rentré d’Arabie Saoudite, devra non seulement répondre à l’urgence politique créée par la chute de son Premier ministre, mais aussi rassurer un pays en quête de stabilité. Le silence persistant sur la nomination d’un successeur à Michel Barnier alimente les spéculations, renforçant l’importance de cette prise de parole.
Pour Emmanuel Macron, ce discours est une occasion cruciale de reprendre la main sur le récit politique. Il devra convaincre qu’il est encore en mesure de gouverner face à une Assemblée nationale frondeuse et une opinion publique de plus en plus critique. Ses opposants, notamment La France insoumise, ne manqueront pas de scruter chaque mot, prêts à amplifier la contestation si le message présidentiel ne répond pas aux attentes.
Alors que l’histoire de la Ve République n’a que rarement connu de telles impasses, l’intervention de 20h pourrait être déterminante pour définir non seulement les prochaines étapes institutionnelles, mais également l’avenir d’un mandat déjà marqué par des défis multiples. La France attend des réponses, et c’est désormais à Emmanuel Macron de les fournir.
Politique
Le gouvernement Barnier chute après la motion de censure
La coalition inédite entre la gauche et l’extrême droite a fait chuter le gouvernement Barnier, provoquant une crise politique majeure.
Après seulement trois mois à la tête du gouvernement, Michel Barnier a été contraint de quitter Matignon suite à une motion de censure votée par une alliance improbable entre le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement National (RN). Ce vote, qui a recueilli 331 voix, marque une rupture dans la vie politique française, soulignant les tensions autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025.
Michel Barnier, en tentant de passer en force sa version du texte via l’article 49.3 de la Constitution, s’est exposé à deux motions de censure : l’une du RN et l’autre du NFP. Malgré l’engagement initial du NFP de ne pas voter la motion du RN, la stratégie a évolué. Le RN a finalement soutenu la motion de la gauche, scellant ainsi le sort du gouvernement Barnier. Ce vote, nécessitant la majorité absolue des députés, a démontré une volonté claire de changement au sein de l’Assemblée.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé cette alliance comme une « mélenchonisation » du RN, suggérant que les élus de la gauche radicale cherchent à créer un chaos économique pour forcer la démission du président. Cette critique met en lumière les tensions idéologiques et les stratégies politiques à l’œuvre dans cette crise.
Cet événement est sans précédent depuis 1962, lorsque Georges Pompidou fut renversé par l’Assemblée. À l’époque, le Général De Gaulle avait renommé Pompidou peu après sa démission. Aujourd’hui, Emmanuel Macron, en visite en Arabie Saoudite, est confronté à un choix similaire. Il pourrait reconduire Michel Barnier ou opter pour une nouvelle figure, avec l’urgence de rétablir un gouvernement avant sa rencontre avec Donald Trump à Paris ce week-end.
La gauche, majoritaire à l’Assemblée, réclame un Premier ministre issu de ses rangs, ajoutant une pression supplémentaire sur le choix du président. La situation actuelle illustre non seulement la volatilité de la politique française mais aussi la complexité des alliances et des stratégies dans un contexte de crise économique et sociale.
Politique
Michel Barnier déclenche le 49.3 : le RN et NFP voteront la motion de censure
Le Premier ministre Michel Barnier a activé ce lundi l’article 49.3 pour faire passer le budget de la Sécurité sociale. Une initiative attendue mais risquée, face aux motions de censure annoncées par les Insoumis et le Rassemblement national.
En engageant la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale, Michel Barnier a officialisé l’usage de l’article 49.3, un outil constitutionnel permettant d’adopter un texte sans vote parlementaire, sauf si une motion de censure est validée. Cette manœuvre, appliquée dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, intervient après des discussions infructueuses avec les groupes de la majorité relative, incluant Les Républicains, Horizons, le MoDem et les députés macronistes.
Le recours au 49.3, bien que prévu, a immédiatement déclenché une riposte politique. Le groupe La France insoumise a confirmé le dépôt d’une motion de censure, rapidement suivi par une déclaration similaire du Rassemblement national. Malgré des concessions supplémentaires proposées par le Premier ministre, ces deux blocs d’opposition restent fermement décidés à s’opposer au gouvernement, chacun espérant fédérer une majorité critique.
La situation place Michel Barnier dans une position délicate. Une motion de censure adoptée entraînerait la chute immédiate de son gouvernement, un scénario jugé plausible au regard des alliances potentielles entre les oppositions. La dynamique actuelle souligne les fractures profondes au sein de l’hémicycle, où chaque camp joue une partie cruciale pour l’avenir de l’exécutif.
Alors que les regards se tournent vers les prochains jours, une incertitude plane sur l’équilibre des forces politiques. Si le gouvernement venait à tomber, cela marquerait une nouvelle étape dans l’instabilité institutionnelle que traverse la majorité. Une crise susceptible de redéfinir les rapports de pouvoir entre l’exécutif et un Parlement de plus en plus imprévisible.
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