Accusé de harcèlement sexuel par plusieurs fonctionnaires, le directeur financier de la SAM, a été suspendu. Témoignages accablants, enquête interne et silence de la hiérarchie, cette affaire qui secoue l’administration met en lumière un climat inquiétant.
Nouvelle affaire trouble à Sète Agglopôle Méditerranée (SAM). Cette fois, ce ne sont pas des élus locaux condamnés qui font la une, mais une affaire de harcèlement sexuel au sein même de l’administration. Le directeur financier de la SAM, Patrick Raffard, a été suspendu avec effet immédiat, indique une source proche du dossier, suite à plusieurs accusations de harcèlement sexuel portées par des fonctionnaires de la collectivité.
L’affaire éclate alors qu’une enquête administrative interne a été ouverte afin de faire toute la lumière sur ces accusations. Plusieurs plaintes auraient été déposées contre l’ancien directeur des ressources humaines de la commune de Balaruc-les-Bains entre 2013 et 2016. Selon des témoignages recueillis par la SAM, il aurait adopté un comportement inapproprié avec le personnel féminin de la SAM. Si des signalements avaient déjà été remontés par le passé, aucune mesure concrète n’avait été prise jusqu’à présent. Un dernier incident, plus grave, aurait conduit le président de l’agglomération, François Commeinhes, à prendre la décision de l’écarter, face à une accumulation de témoignages accablants.
Une fonctionnaire, qui a intégré la SAM avant 2020 après avoir travaillé dans une autre région, décrit une ambiance de travail pesante au sein de l’agglomération. « Les discussions tournent, malheureusement, souvent autour du sexe », confie-t-elle. Elle explique avoir alerté sa hiérarchie à plusieurs reprises sur des propos sexistes et des comportements déplacés dans les couloirs de cette administration publique, mais s’être heurtée à des réponses désarmantes. « On m’a dit : Tu sais, ici c’est le Sud, ils parlent comme ça, ils ont les mains baladeuses, mais ils ne sont pas méchants. » Une banalisation qui l’a profondément marquée.
Concernant la suspension de Patrick Raffard, cette même fonctionnaire témoigne : « C’est vrai qu’il était chaud, wouah ! », avant d’ajouter plus sérieusement : « La hiérarchie ne semble pas mesurer la gravité des faits. Sud ou pas, le code pénal s’applique à tous. Il est très difficile de se faire entendre, car beaucoup ont des liens de parenté et, dès qu’on parle, on est immédiatement ostracisé. »
Un contraste saisissant avec la communication officielle de la SAM, qui revendique un engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes. Dans une déclaration publique, l’institution rappelait en effet en septembre 2019 son adhésion à la Charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes, affirmant sa volonté de lutter contre toutes les formes de discrimination et de favoriser un cadre de travail respectueux.
Cette nouvelle affaire met en lumière un écart frappant entre les discours et la réalité du terrain. La SAM doit maintenant agir concrètement pour protéger ses employées et restaurer son image. « Le sud » ne saurait être une excuse, et il appartient à l’administration d’assurer un environnement de travail où chaque fonctionnaire puisse exercer ses missions dans le respect et la dignité.
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