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Pâques en Cisjordanie : entre ferveur religieuse et angoisse de l’occupation

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À Zababde, village chrétien palestinien, les préparatifs des célébrations pascales se mêlent à la crainte grandissante face à la guerre et à l’incertitude politique.

Dans les ruelles de Zababde, en Cisjordanie occupée, l’effervescence des préparatifs de Pâques contraste avec l’ombre portée du conflit. Les habitants, majoritairement chrétiens, s’affairent à confectionner des gâteaux traditionnels, répètent les chants liturgiques et organisent les processions. Pourtant, derrière cette apparente normalité, une inquiétude sourde persiste. Les récentes incursions militaires israéliennes dans la région voisine de Jénine et le spectre d’une annexion territoriale pèsent lourd sur les esprits.

Pour Janet Ghanam, résidente de 57 ans, la peur est devenue un compagnon quotidien. Entre les raids aériens et les barrages routiers, la vie se fragmente. Son fils, établi à Bethléem, a renoncé à lui rendre visite par crainte des contrôles renforcés. Comme beaucoup, elle vit désormais sous la double menace de la violence et de l’asphyxie économique. Depuis la suspension des permis de travail en Israël après les attaques du 7 octobre, des centaines de foyers ont perdu leurs revenus, plongeant le village dans une précarité accrue.

Le diacre Saleem Kasabreh évoque une communauté épuisée psychologiquement. L’omniprésence des images de la guerre à Gaza et les opérations militaires alentour nourrissent un sentiment d’insécurité permanent. Certains habitants, désemparés, envisagent l’exil, une perspective autrefois impensable pour ces chrétiens attachés à leur terre. Tareq Ibrahim, enseignant de 60 ans, laisse échapper des larmes en évoquant cette hémorragie silencieuse qui pourrait, selon lui, vider la région de ses descendants directs des premiers disciples du Christ.

Malgré tout, des figures comme le père Elias Tabban incarnent une résistance tenace. Ce prêtre énergique mise sur des projets locaux pour retenir les jeunes et raviver l’espoir. Son église, trop petite pour accueillir tous les fidèles, symbolise paradoxalement une foi qui, loin de s’éteindre, semble se renforcer dans l’adversité. À Zababde, Pâques ne célèbre pas seulement la résurrection du Christ, mais aussi la persistance fragile d’une communauté déterminée à survivre sur sa terre ancestrale.

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