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Économie

L’Europe face à un dilemme crucial : s’endetter ensemble pour se réarmer ?

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Face à la menace russe, les dirigeants européens relancent le débat sur un emprunt commun. Une solution qui divise, mais qui semble de plus en plus nécessaire pour renforcer la défense du continent.

La question d’un nouvel emprunt européen, similaire à celui mis en place pendant la pandémie de Covid-19, refait surface dans les discussions politiques. Cette fois, l’objectif est de financer un réarmement massif face à la menace croissante de la Russie. Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont récemment approuvé un plan ambitieux de la Commission européenne visant à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros pour la défense. Cependant, ce dispositif repose principalement sur les budgets nationaux, ce qui pose un problème pour les pays déjà fortement endettés comme la France, l’Italie ou la Belgique.

Pour ces États, augmenter leur dette n’est pas une option viable, et réduire les investissements publics ou les dépenses sociales pour financer l’effort militaire pourrait provoquer un mécontentement populaire. Emmanuel Macron, dans un entretien récent avec la presse régionale, a réitéré son appel à un nouvel emprunt commun, soulignant la nécessité de ressources propres dédiées à la défense européenne. Cette proposition, soutenue par plusieurs pays du Sud ainsi que par les nations frontalières de la Russie, comme la Pologne et les États baltes, rencontre toutefois des résistances, notamment de la part des Pays-Bas et de certains responsables allemands.

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a insisté sur la nécessité d’aller au-delà des simples prêts, en envisageant des subventions communes pour les États membres. De son côté, la Première ministre lettonne, Evika Silina, a souligné que le livre blanc sur la défense présenté par la Commission n’était qu’une première étape, laissant la porte ouverte à des discussions supplémentaires sur le financement. Ces positions contrastées reflètent les divisions profondes au sein de l’Union européenne, où certains pays craignent une mutualisation excessive des dettes.

Pourtant, l’histoire récente montre que l’Europe est capable de surmonter ses divergences en temps de crise. En 2020, face à la pandémie, l’Allemagne avait accepté un emprunt commun de 800 milliards d’euros, marquant un tournant historique. Aujourd’hui, face à une menace existentielle pour la sécurité du continent, certains espèrent que Berlin pourrait opérer un nouveau revirement. Le futur chancelier allemand, Friedrich Merz, a toutefois réaffirmé son opposition à toute nouvelle dette commune, bien que son positionnement pourrait évoluer sous la pression des événements internationaux.

La situation géopolitique, marquée par le désengagement des États-Unis sous l’administration Trump, ajoute une urgence supplémentaire. Les pays européens, en particulier ceux situés à l’est, ressentent plus que jamais le besoin de renforcer leur défense collective. Comme l’a souligné Antonio Costa, président du Conseil européen, la menace russe concerne l’ensemble de l’Union, même si certains États en sont plus directement affectés. Dans ce contexte, la question d’un emprunt commun reste un sujet brûlant, dont l’issue dépendra en grande partie de la position de l’Allemagne et de sa capacité à convaincre les pays réticents.

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