Face à la montée des tensions avec Moscou, l’Union européenne envisage un emprunt collectif pour financer son réarmement. Mais les divisions persistent, notamment avec l’Allemagne.
La question d’un nouvel emprunt européen commun refait surface dans un contexte de tensions géopolitiques accrues. Alors que la menace russe pèse sur le continent, les besoins en matière de défense et de réarmement deviennent une priorité. Emmanuel Macron a récemment réaffirmé sa conviction que l’Union européenne devra recourir à une mutualisation de la dette pour faire face à ces défis. Cependant, cette proposition reste loin de faire l’unanimité parmi les 27 États membres.
L’Allemagne, traditionnellement opposée à ce type de mécanisme, maintient sa position ferme. Olaf Scholz, le chancelier sortant, a évité de s’engager sur le sujet lors du dernier sommet européen. Pourtant, Paris espère que Friedrich Merz, son successeur, pourrait adopter une approche plus ouverte. Les récentes discussions entre Macron et Merz à Berlin ont laissé entrevoir une volonté de collaboration, même si les détails concrets restent flous.
Le plan de la Commission européenne, porté par Ursula von der Leyen, prévoit déjà une enveloppe de 800 milliards d’euros pour renforcer la défense. Toutefois, ce dispositif repose principalement sur les budgets nationaux, ce qui pose problème pour des pays comme la France, l’Italie ou la Belgique, déjà fortement endettés. Pour ces États, augmenter les dépenses militaires sans recourir à de nouvelles dettes ou couper dans d’autres secteurs comme les services publics semble insurmontable.
Les pays du sud de l’Europe, ainsi que ceux directement exposés à la menace russe, comme la Pologne et les États baltes, soutiennent l’idée d’un emprunt commun. Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a plaidé pour des subventions plutôt que des prêts, tandis que la Première ministre lettonne, Evika Silina, a appelé à des discussions approfondies pour trouver des financements supplémentaires.
Rappelons qu’en 2020, face à la crise du Covid-19, l’UE avait franchi un cap historique en s’endettant collectivement pour éviter un effondrement économique. Angela Merkel, alors chancelière allemande, avait surpris en acceptant ce mécanisme. Aujourd’hui, certains espèrent que la menace existentielle posée par la Russie pourrait conduire à un revirement similaire. Antonio Costa, président du Conseil européen, a souligné que cette menace concerne l’ensemble des États membres, même si les pays frontaliers de la Russie sont les plus exposés.
Cependant, les Pays-Bas, fidèles à leur ligne traditionnelle, ont réitéré leur opposition à toute mutualisation de la dette. La position de l’Allemagne reste donc cruciale. Bien que Berlin ait déjà levé certains tabous en matière de dépenses publiques, Friedrich Merz a clairement exprimé son refus de s’engager dans une spirale d’endettement. Pourtant, dans un contexte international marqué par le désengagement des États-Unis sous Donald Trump, les priorités pourraient évoluer.
En somme, le débat sur un nouvel emprunt européen commun reste ouvert, mais les divergences entre les États membres, notamment entre le nord et le sud, compliquent la recherche d’un consensus. L’avenir de cette proposition dépendra largement de la capacité des dirigeants européens à surmonter leurs différences face à une menace commune.