Des familles vénézuéliennes vivent dans l’angoisse après l’expulsion de leurs proches, accusés d’appartenir à un gang, vers une prison de haute sécurité au Salvador. Une situation qui révèle les tensions politiques et humanitaires entre les États-Unis et le Venezuela.
Des images diffusées par les autorités salvadoriennes ont plongé des familles vénézuéliennes dans le désarroi. Têtes rasées, enchaînés et surveillés par des agents masqués, des migrants vénézuéliens, dont Mervin Yamarte, ont été expulsés des États-Unis vers le Salvador. Accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua, ces 238 individus ont été transférés dans le Centre d’Internement pour le Terrorisme (Cecot), une prison de haute sécurité inaugurée en 2023 par le président Nayib Bukele. Cette décision, prise sous l’administration de Donald Trump, a suscité de vives réactions.
Les familles des détenus affirment que ces derniers ont quitté le Venezuela pour échapper à la crise économique et politique qui frappe leur pays depuis 2014. Mervin Yamarte, âgé de 29 ans, et trois de ses amis avaient entrepris un périple périlleux à travers la jungle du Darien, entre la Colombie et le Panama, pour atteindre les États-Unis. Arrêtés à Dallas, au Texas, ils ont été expulsés vers le Salvador en seulement trois jours, malgré la signature d’un ordre d’expulsion vers le Venezuela.
Mercedes Yamarte, la mère de Mervin, a découvert le sort de son fils grâce à une vidéo diffusée par les médias. « Ce regard terrifié est la plus grande douleur de ma vie », confie-t-elle, évoquant un appel à l’aide silencieux. Elle dirige désormais un comité de mères qui militent pour la libération de leurs enfants, organisant des manifestations et interpellant les médias. « Mon fils disait que ce n’était pas le rêve américain, c’était le cauchemar américain », raconte-t-elle, désespérée.
Les familles dénoncent des procédures expéditives, sans procès ni explications claires. Elles craignent que leurs proches soient victimes de préjugés, notamment en raison de leurs tatouages. Noemi Briceño, l’épouse d’Alirio Belloso, un autre détenu, s’interroge sur les motifs de son arrestation. « Mon mari s’est fait tatouer les noms de sa nièce, de sa fille et de sa mère. Ce n’est pas un gangster », insiste-t-elle.
Cette situation met en lumière les tensions entre les États-Unis et le Venezuela. Alors que Donald Trump affirme que ces expulsions visent à lutter contre le crime organisé, Caracas accuse l’ancien président américain de criminaliser les migrants vénézuéliens. Les défenseurs des droits humains dénoncent quant à eux des violations des procédures légales et des droits fondamentaux.
Pour les familles, l’espoir réside dans une mobilisation internationale et une pression accrue sur les gouvernements concernés. Elles réclament justice et liberté pour leurs proches, tout en redoutant que d’autres Vénézuéliens ne subissent le même sort. Dans l’attente, elles s’accrochent aux dernières photos et aux souvenirs de ceux qu’elles espèrent revoir un jour.