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Le Brexit devient réalité

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Après un demi-siècle d’intégration européenne et quatre ans et demi d’une saga du Brexit aux multiples rebondissements, le Royaume-Uni vit jeudi ses dernières heures au rythme des règles européennes et entame une nouvelle page de son histoire dans un contexte de crise profonde.

A 23H00 locales et GMT (minuit à Bruxelles), le Brexit devient réalité pour le pays, sorti officiellement de l’UE le 31 janvier dernier mais ayant bénéficié d’une période de transition pour amortir le choc.

Si un vaste accord de libre-échange évitera une rupture trop abrupte, la libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière prendra fin.

Exportateurs et importateurs devront remplir des déclarations de douanes et risquent de voir leurs marchandises ralenties à la frontière par les contrôles. Les entreprises de la finance, secteur majeur à Londres, perdront leur droit automatique d’offrir leurs services dans l’UE et devront s’y établir pour continuer à exercer. Et les universités britanniques ne seront plus éligibles au programme d’échanges pour étudiants Erasmus.

« Ce n’est pas la fin » mais « le début d’une merveilleuse relation entre le Royaume-Uni et nos amis et partenaires de l’Union européenne », a assuré le Premier ministre Boris Johnson, grand artisan de cette sortie, après avoir paraphé le document, levant les deux pouces en l’air devant les objectifs.

« La destinée de ce grand pays réside à présent fermement entre nos mains », a-t-il ajouté plus tard dans la soirée.

Devant les députés quelques heures plus tôt, il avait vanté un « nouveau chapitre » pour le Royaume-Uni et émis l’espoir que ce cap permettrait de « passer à autre chose ».

La tâche s’annonce délicate: les milieux économiques n’ont pas caché leurs craintes quant aux conséquences de ce bouleversement et les Britanniques sortent meurtris d’une période clivante.

Quelques jours pour se préparer

Depuis le référendum du 23 juin 2016, remporté à 51,9% par le « leave », il aura fallu trois Premiers ministres, des heures de houleux débats parlementaires nocturnes à Westminster et trois reports avant que le Royaume-Uni ne largue les amarres pour de bon.

A l’image de ce processus douloureux, ce n’est que la veille de Noël que les laborieuses négociations commerciales ont fini par aboutir à un accord de libre-échange, ne laissant que quelques jours pour mettre en oeuvre ses 1.246 pages.

Le texte a été signé mercredi par les dirigeants de l’UE puis, après un trajet en avion de la Royal Air Force, par Boris Johnson. Les deux chambres du Parlement britannique l’ont adopté par un examen express le même jour mais les eurodéputés ne se prononceront qu’au premier trimestre 2021, nécessitant une application provisoire.

Au grand soulagement de pans entiers d’économies très connectées, l’UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs. Mais il prévoit pour éviter toute concurrence déloyale des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d’aides d’État, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité.

Concernant la pêche, sujet difficile jusqu’aux dernières heures, l’accord prévoit une période de transition jusqu’en juin 2026, à l’issue de laquelle les pêcheurs européens auront progressivement renoncé à 25% de leurs prises. Un résultat qui a profondément déçu les pêcheurs britanniques, fers de lance du Brexit qui espéraient plus des promesses d’indépendance et de souveraineté retrouvée martelées par Boris Johnson.

Défi de rassembler

Londres et Bruxelles évitent in extremis les conséquences potentiellement dévastatrices d’un « no deal »: longues files de camions sur les routes menant vers les ports transmanches, coûts considérables pour les importateurs et eaux respectives interdites aux pêcheurs.

C’est donc une victoire pour Boris Johnson, triomphant dans les urnes sur la promesse de réaliser le Brexit mais depuis mis en difficulté par la pandémie de Covid-19. Il n’avait pas besoin d’une nouvelle crise: les hôpitaux britanniques se trouvent au bord de la rupture et les contaminations par le nouveau coronavirus continuent de s’envoler. Une grande partie de la population a été reconfinée, assombrissant encore les perspectives pour une économie frappée par sa pire crise en 300 ans.

Au delà de la pandémie, les défis sont considérables pour le gouvernement de Boris Johnson, qui a promis de donner au Royaume-Uni une nouvelle place dans le monde, résumée par le slogan « Global Britain ».

Il s’apprête cependant à perdre un allié de poids avec le départ de Donald Trump, fervent partisan du Brexit remplacé à la Maison Blanche par le démocrate Joe Biden, plus europhile.

A l’intérieur, il doit rassembler des Britanniques qui se sont déchirés sur le Brexit, au point de voir l’unité du pays se fissurer, l’Irlande du Nord et l’Ecosse ayant voté en majorité contre la sortie de l’UE.

« Il y a maintenant un siège vide à la table de l’Europe. Il ne le restera pas longtemps », a clamé le député indépendantiste écossais Ian Blackford mercredi, dont le parti, le SNP, réclame un nouveau référendum d’autodétermination.

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Europe

Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer

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Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer

À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.

Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.

Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.

Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.

Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.

En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.

L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.

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Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale

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Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale

En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.

Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.

Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.

La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.

Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.

Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.

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Ukraine: Zelensky se dit prêt à des concessions si l’Otan protège les territoires contrôlés par Kiev

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Ukraine: Zelensky se dit prêt à des concessions si l'Otan protège les territoires contrôlés par Kiev

Le président ukrainien envisage de placer sous protection de l’OTAN les territoires contrôlés par Kiev en échange d’un arrêt des hostilités avec la Russie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a récemment exprimé sa volonté de faire des concessions territoriales à la Russie, à condition que l’OTAN offre des garanties de sécurité pour les zones actuellement sous contrôle ukrainien. Cette proposition intervient dans un contexte de tensions accrues et de menaces d’escalade militaire.

Alors que la guerre se prolonge depuis presque trois ans, l’Ukraine fait face à une situation complexe. La menace de nouvelles frappes russes, notamment avec le missile « Orechnik », et l’imminence du retour de Donald Trump à la présidence américaine, rendent l’avenir incertain. Zelensky, conscient des difficultés sur le terrain, propose une solution qui pourrait stabiliser la situation, même si elle implique un compromis sur les territoires occupés par la Russie.

L’objectif principal de Zelensky est de mettre fin à la phase active du conflit. En plaçant les territoires contrôlés par Kiev sous l’égide de l’OTAN, il espère non seulement sécuriser ces zones, mais aussi créer un cadre diplomatique pour la récupération des régions annexées par la Russie. Cette approche pragmatique reflète une volonté de paix, tout en reconnaissant les réalités militaires actuelles.

Cependant, cette proposition ne se fait pas sans risque. L’Ukraine a toujours maintenu une position ferme contre toute cession de territoire, une ligne rouge que Zelensky semble maintenant prêt à redéfinir. Les pourparlers avec l’OTAN pourraient être compliqués par les exigences de Vladimir Poutine, qui insiste sur un retrait ukrainien de territoires supplémentaires et refuse catégoriquement l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance.

Les récents développements montrent une intensification des hostilités, avec des frappes russes massives sur les territoires ukrainiens et des menaces directes contre Kiev. La rhétorique belliqueuse de Moscou, couplée à une coopération accrue avec des acteurs comme la Corée du Nord, contribue à une escalade dangereuse. Face à cette situation, Zelensky a multiplié les échanges avec les leaders occidentaux, cherchant à renforcer le soutien international.

Les réactions des dirigeants occidentaux sont mitigées. Emmanuel Macron a condamné fermement les actions russes, soulignant l’illégalité et l’inhumanité des frappes indiscriminées. De son côté, Antony Blinken a réaffirmé l’engagement américain à soutenir l’Ukraine, notamment par une augmentation des livraisons d’armes et l’autorisation d’utiliser des missiles longue portée contre la Russie.

La proposition de Zelensky marque un tournant potentiel dans la stratégie ukrainienne face à la guerre. Elle soulève des questions sur l’équilibre entre la sécurité immédiate et les aspirations territoriales à long terme de l’Ukraine. La suite des événements dépendra des réactions de l’OTAN et de la communauté internationale, ainsi que de la réponse de la Russie à cette initiative diplomatique audacieuse.

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