Trois mois après la chute de Bachar al-Assad, Berlin rouvre son ambassade à Damas et plaide pour la sécurité de tous les Syriens.
L’Allemagne a officiellement rouvert son ambassade à Damas ce jeudi, marquant un tournant symbolique dans ses relations avec la Syrie. Cette réouverture, orchestrée par la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, intervient trois mois après la chute du régime de Bachar al-Assad. Fermée depuis 2012 en raison de la guerre civile, l’ambassade reprend ses activités dans un contexte de transition politique fragile, où les divisions communautaires et religieuses persistent.
Annalena Baerbock a personnellement récupéré les clés de l’ambassade, un geste fort qui souligne l’engagement de l’Allemagne en faveur de la stabilisation du pays. Elle a rencontré le président par intérim Ahmad al-Chareh et son ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, insistant sur la nécessité de garantir la sécurité pour tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique. Cette demande fait écho aux récentes violences dans l’ouest du pays, où plus de 1 500 civils, majoritairement alaouites, ont perdu la vie dans des massacres perpétrés par des groupes armés.
L’ambassade allemande, bien que dotée d’une équipe réduite, entend renforcer progressivement sa présence sur place. Pour des raisons de sécurité et de logistique, les services consulaires et de visa continueront d’être gérés depuis Beyrouth, au Liban. Cette réouverture s’inscrit dans un mouvement plus large de retour des diplomates européens en Syrie. L’Italie a déjà repris ses activités à Damas, tandis que la France et l’Espagne ont symboliquement hissé leurs drapeaux sur leurs bâtiments diplomatiques, sans toutefois rétablir pleinement leurs services.
Annalena Baerbock a profité de sa visite pour rappeler que la coopération entre l’Europe, l’Allemagne et la Syrie dépendrait de la capacité du gouvernement de transition à instaurer une paix durable et à juger les responsables des violences. Elle a également annoncé une aide financière de 300 millions d’euros pour la reconstruction du pays, dans le cadre d’une conférence internationale de donateurs ayant mobilisé près de 5,8 milliards d’euros.
Ce voyage marque une étape importante dans les efforts de réconciliation, malgré les tensions persistantes. La ministre a souligné que la Syrie devait offrir un avenir sûr et prospère à tous ses citoyens, indépendamment de leur foi ou de leur origine. Un défi colossal pour un pays encore marqué par quatorze années de conflit et de divisions profondes.