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Culture

La lutte Kusthi, tradition millénaire et fabrique de champions en Inde

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Dans l’ouest de l’Inde, des athlètes perpétuent un art martial ancestral où le corps à corps se pratique dans la terre, forgeant les futurs espoirs olympiques du pays.

Deux combattants aux physiques imposants s’enduisent le corps d’un mélange d’huile de moutarde et de sable avant de s’affronter dans une arène de terre battue. Cette scène, typique des compétitions de Kusthi, illustre une discipline vieille de plusieurs siècles, profondément ancrée dans la culture indienne. Les règles sont simples : aucune frappe n’est autorisée, la victoire revient à celui qui parvient à plaquer les épaules de son adversaire au sol.

Mauli Jamdade, l’un des lutteurs les plus en vue de la région du Maharashtra, incarne cette tradition. À 33 ans, ce professionnel s’entraîne quotidiennement dans un « talim », un lieu d’apprentissage comparable aux dojos japonais. Ici, la rigueur est de mise : lever avant l’aube, séances d’endurance, pompes en série et escalade de corde. Les distractions sont proscrites, y compris l’usage excessif du téléphone ou la consommation d’alcool.

Cette discipline exigeante sert de tremplin aux athlètes indiens sur la scène internationale. Plusieurs médaillés olympiques, comme Aman Sehrawat (bronze à Paris 2024) ou Ravi Kumar Dahiya (argent à Tokyo 2020), ont débuté leur carrière dans ces fosses de terre mélangée à des ingrédients traditionnels comme le curcuma ou le yaourt.

L’alimentation joue un rôle crucial dans la préparation des lutteurs. Pour atteindre un poids de 120 kg, Mauli Jamdade suit un régime pantagruélique : cinq kilos de viande hebdomadaires, des dizaines d’œufs, des litres de lait et des compléments protéinés à base d’amandes et de miel. Un investissement coûteux, mais nécessaire pour rivaliser avec des adversaires souvent plus massifs.

Si les compétitions sur tapis gagnent en popularité, le Kusthi traditionnel reste une attraction majeure dans les villages, où les tournois attirent des centaines de spectateurs. Pour ses pratiquants, cette lutte est bien plus qu’un sport : une philosophie de vie, un héritage sacré, et surtout, une promesse de gloire pour les futures générations.

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