Sports
Genoux à terre, voix qui porte: en 2020, la lutte des sportifs US contre le racisme
Prises de parole, boycott de matches, lobbying pour le vote des Noirs: en 2020, les sportifs américains se sont mobilisés comme jamais pour lutter contre l’injustice raciale, jusqu’à peser dans l’élection de Joe Biden à la Maison blanche.
« A ce moment-là, on est tous autour du téléphone à écouter ses parents. Et on pleure. On ne sait pas vraiment ce que l’avenir nous réserve. Mais on fait la bonne chose. »
Cette « bonne chose » pour le basketteur Kyle Korver, c’est le boycott par les Bucks de leur match de play-offs NBA contre Orlando, le 26 août. Trois jours après que Jacob Blake se soit fait tirer plusieurs fois dans le dos par un policier à Kenosha, près de Milwaukee.
Avant ce mouvement de protestation sans précédent dans l’histoire du sport américain, tout a commencé par un genou à terre, trois mois plus tôt: en ce 25 mai, le monde découvre les images de l’insoutenable calvaire de George Floyd, asphyxié durant 8 minutes et 46 secondes, lors de son interpellation à Minneapolis, et mort une heure après à l’hôpital.
LeBron James est la première personnalité à exprimer sa colère. « Vous comprenez maintenant!!?? Ou c’est toujours flou? », écrit-il en légende d’un photo-montage mettant en parallèle l’agenouillement fatal à Floyd avec celui de l’ex-star NFL (football américain) Colin Kaepernick, qui protesta ainsi en 2016 pendant l’hymne national contre les violences policières faites aux Noirs.
Sportifs dans la rue
Ce geste qui coûta à Kaepernick sa carrière, insultes de Donald Trump en prime, est finalement devenu, quatre ans après, un des symboles de la lutte contre l’injustice raciale. Au point que même des policiers s’agenouillent lors de manifestations en faveur de Black Lives Matter.
Les vedettes de la NBA Stephen Curry, Giannis Antetokounmpo et Damian Lillard descendent dans la rue, celle du tennis Naomi Osaka aussi. En Europe, les genoux à terre se multiplient sur les terrains de foot à Liverpool, Dortmund, Madrid…
Bubba Wallace, seul pilote afro-américain du très conservateur championnat automobile Nascar, parvient lui à faire interdire le drapeau confédéré, considéré comme un symbole raciste, autour des circuits.
Côté fédérations, ligues, franchises, chacun y va de son communiqué entre émotion et indignation, avec plus ou moins de conviction. Pressé par ses stars, le patron de la NFL, Roger Goodell, s’excuse ainsi de ne pas avoir écouté plus tôt les joueurs lui demandant de plus fermement condamner le racisme et de soutenir les protestations.
Pendant ce temps, la NBA prépare sa reprise dans la bulle de Disney World. Certains, comme Kyrie Irving (Nets), estiment pourtant que l’heure n’est pas au basket mais au combat social.
LeBron James, lui, mène de front les deux: il crée l’association « More Than A Vote », dont le but est d’encourager la population noire de voter lors de la présidentielle. « Il est temps pour nous de faire la différence », dit-il.
En attendant, avec ses Lakers, il rouvre la saison le 31 juillet contre les Clippers. Ce retour au jeu s’inscrit sous le signe de Black Lives Matter, avec genoux à terre, slogans au dos des maillots, appels pour que justice soit faite.
Mais loin de la bulle, les violences systémiques continuent et l’affaire Blake est celle de trop.
« Le combat doit continuer »
Le boycott des Bucks est suivi par les autres équipes, forçant la NBA à reporter six matches. MLS (foot), NHL (hockey sur glace), MLB (baseball) emboitent le pas. Osaka refuse de jouer sa demi-finale du tournoi de Cincinnati, les organisateurs embrayent, décrétant une journée sans tennis.
Du jamais vu à l’échelle du sport américain, qui a pourtant eu d’illustres activistes: Bill Russell, Jackie Robinson, Mohamed Ali… Au point que Trump fustige la NBA d’être devenue « une organisation politique ».
Après d’âpres discussions, les play-offs reprennent leur droit. Conseillés par Barack Obama, les joueurs imposent aux propriétaires de franchises de s’impliquer dans leur lutte. Faciliter l’accès au vote, en mettant les salles à disposition est l’une des mesures-clés de ce plan d’action.
Au final 23 clubs sur 30 ont pu tenir cet engagement, imitées par 16 des 32 franchises NFL.
Cela a eu un impact: au Michigan et au Wisconsin pour ne citer que ces deux Etats-clés remportés par Biden, le taux de participation des Noirs a considérablement augmenté par rapport à 2016, dans les comtés où se trouvent la salle des Pistons et celle des Bucks, ayant servi de lieu de vote ou de dépôt des bulletins anticipés.
Le soir où la victoire de Biden n’a fait plus aucun doute, LeBron James, champion NBA un mois plus tôt avec les Lakers, se félicitait d’avoir joué un rôle avec « More Than A Vote ».
Mais « le combat n’est pas terminé », a-t-il assuré au New York Times. « Il doit continuer, nous le savons. Nous nous battons chaque jour pour être entendus et respectés ».
Ces paroles ont eu aussi un écho auprès des sportifs français qui se sont eux aussi fait entendre. Comme le champion du monde 2018 Kylian Mbappé, à l’occasion du tabassage d’un producteur de musique noir par des policiers, son coéquipier en bleu Antoine Griezmann qui a rompu son partenariat avec Huawei en soutien des Ouïghours, ou encore les joueurs du PSG et du club turc de Basaksehir qui ont quitté le terrain après des propos racistes du 4e arbitre.
Culture
Les descendants de Gustave Eiffel s’opposent au maintien des anneaux olympiques sur la tour Eiffel
Alors que la maire de Paris souhaite conserver les anneaux olympiques sur la tour Eiffel jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, les héritiers de Gustave Eiffel réaffirment leur désaccord. Ils proposent un transfert symbolique des anneaux à Los Angeles d’ici fin 2024.
L’installation des anneaux olympiques sur la tour Eiffel, symbole incontournable de Paris, suscite un vif débat entre la municipalité et les descendants de son créateur, Gustave Eiffel. L’Association des descendants de Gustave Eiffel (Adge) s’est à nouveau exprimée, dimanche, en réaffirmant sa ferme opposition à la volonté de la maire Anne Hidalgo de maintenir cette installation jusqu’en 2028, au-delà de l’échéance olympique parisienne de 2024.
Dans un communiqué, les descendants expriment leur satisfaction quant à la présence temporaire des anneaux durant les Jeux, mais insistent sur la nécessité de les retirer dès la fin de l’année olympique. En cause, une « altération substantielle » de l’esthétique et du symbole de la tour Eiffel, qu’ils jugent incompatible avec l’œuvre originelle de leur ancêtre. Selon eux, les anneaux, de par leur taille imposante et leurs couleurs vives, perturbent l’harmonie visuelle de ce monument iconique, modifiant ses formes épurées et symbolisant une rupture avec son histoire.
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte de tensions avec la mairie, qui défend de son côté une démarche visant à prolonger l’esprit olympique à travers cette installation. Anne Hidalgo avait réitéré son souhait de voir les anneaux perdurer sur la tour Eiffel jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, insistant sur leur potentiel à renforcer le lien entre ces deux événements planétaires. Toutefois, ce projet a provoqué un tollé parmi les défenseurs du patrimoine parisien et les opposants politiques, arguant que la tour, patrimoine universel, ne doit pas devenir le support de symboles événementiels temporaires au-delà de son rôle dans les Jeux de Paris.
Les descendants d’Eiffel vont plus loin en suggérant une alternative à la prolongation des anneaux. Ils proposent que, tout comme la flamme olympique sera transmise à Los Angeles à la fin des Jeux de 2024, la Ville de Paris pourrait symboliquement transférer les anneaux à la cité californienne. Ce geste marquerait, selon eux, la clôture de l’année olympique et préserverait l’intégrité visuelle de la tour Eiffel tout en respectant la continuité symbolique des Jeux.
Soucieux de protéger l’héritage de Gustave Eiffel, les membres de l’Adge rappellent avoir consulté un cabinet juridique afin de défendre leur position. Pour eux, l’accrochage des anneaux ne relève pas seulement d’une question esthétique, mais touche également au symbole que représente la tour, monument synonyme de neutralité et de paix, dénué de toute association directe avec les Jeux olympiques au fil de son histoire.
Ce débat soulève des questions plus larges quant à l’utilisation des monuments historiques dans le cadre d’événements mondiaux. Si certains y voient une opportunité de rayonnement international, d’autres, comme les héritiers d’Eiffel, insistent sur la nécessité de préserver l’intégrité des œuvres architecturales majeures. Le dialogue entre la mairie de Paris et les représentants de Gustave Eiffel reste ouvert, dans l’espoir de trouver un compromis respectant à la fois l’esprit des Jeux et celui de la tour Eiffel, emblème éternel de la capitale française.
France
Paris termine en beauté les Jeux paralympiques avec une soirée électro
Dans une ambiance festive malgré la météo capricieuse, Paris a célébré la fin des Jeux paralympiques 2024 avec une cérémonie marquée par une grande fête musicale au Stade de France. La capitale française, qui a accueilli les athlètes du monde entier, a passé le flambeau à Los Angeles, prochain hôte des Jeux en 2028.
Ce dimanche soir, Paris a mis un point final à un été olympique exceptionnel en accueillant la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques dans un Stade de France vibrant aux sons de la musique électro. Dès 20h30, la fête a commencé, marquée par la symbolique extinction de la vasque olympique, qui a trôné pendant toute la durée des compétitions au cœur des Tuileries. Malheureusement, en raison des intempéries, l’ultime envol de la vasque au-dessus du bassin n’a pu avoir lieu. Toutefois, cela n’a pas gâché l’enthousiasme de la foule, bien décidée à profiter de cette soirée festive.
Transformé en gigantesque piste de danse, le Stade de France a réuni 24 figures emblématiques de la scène électro française, à l’instar de Jean-Michel Jarre, Kavinsky et Kungs, pour un spectacle d’une heure célébrant l’esprit de « Paris est une fête ». Devant 4 400 para-athlètes venus de toutes parts, la musique a résonné, apportant une touche finale aux exploits sportifs qui ont marqué cette quinzaine.
La délégation chinoise a une nouvelle fois confirmé sa domination, terminant en tête du tableau des médailles avec 94 titres, poursuivant ainsi sa série ininterrompue de victoires. Derrière elle, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont également brillé. Côté français, l’objectif ambitieux de se hisser dans le top 8 a été atteint avec 19 médailles d’or sur un total de 75. Aurélie Aubert, championne de Boccia, et Tanguy De La Forest, en para-tir sportif, ont eu l’honneur de porter fièrement le drapeau tricolore pour cette dernière parade.
La fin des festivités ne signifie pas pour autant la fin des enjeux. Michael Jeremiasz, chef de mission de la délégation française, a salué l’ampleur des Jeux de Paris, qualifiés de « plus grands Jeux paralympiques de l’histoire ». Avec la participation record de 168 nations et une couverture télévisuelle assurée par 165 chaînes, l’édition 2024 s’inscrit comme un jalon important dans l’histoire des paralympiques. Mais au-delà de l’aspect sportif, les attentes sont fortes concernant l’héritage que ces Jeux laisseront en termes de droits et de visibilité pour les personnes en situation de handicap.
Michael Jeremiasz a souligné que ces Jeux ne devaient pas rester une « parenthèse enchantée ». Le défi est désormais de maintenir cette dynamique pour encourager des avancées concrètes, notamment en matière d’accès à l’emploi et de citoyenneté pour les personnes handicapées. La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a réaffirmé la nécessité de rendre le métro parisien accessible à tous, un chantier colossal qui doit encore surmonter de nombreux obstacles.
Alors que les regards se tournent vers Los Angeles 2028, la flamme olympique s’éteint sur Paris, laissant derrière elle l’espoir que les progrès amorcés ne faibliront pas, et que la capitale continuera de se transformer pour être toujours plus inclusive.
Sports
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 lancés sous le signe de l’inclusion et de la transformation
La cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques 2024 s’est déroulée en plein cœur de Paris, marquant le début de onze jours de compétitions intenses. Dans une atmosphère empreinte de symbolisme et de célébration, la vasque a été allumée par cinq athlètes français, sous les regards de milliers de spectateurs.
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 ont été inaugurés le mercredi 28 août au terme d’une cérémonie riche en émotions, organisée dans le cadre prestigieux du Jardin des Tuileries. À 23h34 précises, la vasque symbolique s’est élevée au-dessus de la capitale, illuminée par les porte-drapeaux de la délégation française, Nantenin Keïta et Alexis Hauquinquant, accompagnés par Elodie Lorandi, Charles-Antoine Kouakou et Fabien Lamirault. Ce moment solennel, empreint de fierté et de détermination, a été le point culminant d’un événement de trois heures qui a célébré non seulement le sport, mais aussi l’inclusion et la diversité.
Précédant ce grand final, la parade des athlètes a vu défiler 5 100 participants issus de 168 délégations, depuis les Champs-Élysées jusqu’à la place de la Concorde. Les 50 000 spectateurs présents le long de cette avenue emblématique ont été les témoins d’une démonstration de solidarité et de respect, symboles forts de ces Jeux. Cette procession a été l’occasion de rappeler la diversité et la force des athlètes paralympiques, venus des quatre coins du monde pour se mesurer dans des compétitions qui débuteront dès le lendemain.
La cérémonie, bien que plus introspective que celle des Jeux olympiques, n’en était pas moins ambitieuse. Axée sur les thèmes de l’inclusion et de la célébration du corps, elle a offert un spectacle visuel impressionnant, ponctué par des performances artistiques de haut vol. Cependant, un léger couac technique a été relevé dans la retransmission télévisée, avec un son jugé insuffisant par certains téléspectateurs, atténuant l’impact de prestations musicales telles que celle de Christine and The Queens.
Ces Jeux paralympiques, placés sous le signe de la transformation, ont été salués par Tony Estanguet, président de Paris 2024, qui a évoqué une « révolution paralympique » en marche. Selon lui, cette révolution, bien que douce, promet de bouleverser profondément les perceptions et les consciences, laissant entrevoir un avenir marqué par une inclusion plus grande et une reconnaissance accrue des capacités de chacun. Les prochains jours s’annoncent donc non seulement sportifs, mais également porteurs d’un message universel de changement et de progrès.
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