Le Premier ministre, déjà fragilisé par les divisions internes, voit son conclave sur les retraites s’effriter. Les socialistes, pourtant essentiels à sa stabilité, s’irritent de ses récentes prises de position.
François Bayrou, Premier ministre, traverse une période délicate. Alors qu’il tente de relancer le dialogue social autour de la réforme des retraites, ses récentes déclarations ont provoqué la colère des socialistes, pourtant indispensables à sa survie politique. Initialement, Bayrou avait promis une discussion ouverte, sans tabous, sur ce dossier sensible, obtenant en échange le soutien des socialistes pour éviter une censure sur le budget. Cependant, ses interventions récentes, notamment son refus catégorique de revenir à la retraite à 62 ans, ont rompu cette fragile alliance.
La tension monte au sein de la gauche. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a averti que si les socialistes avaient protégé le budget, ils n’avaient pas garanti la pérennité de François Bayrou à Matignon. Les écologistes, quant à eux, réclament l’abrogation de la réforme, tandis que Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, ironise sur la naïveté des socialistes, qu’il juge manipulés par un gouvernement de droite.
Les partenaires sociaux ne sont pas en reste. La CGT a quitté les négociations, et la CFDT, bien que restant à la table, estime que le Premier ministre a brisé le contrat initial. Un sondage récent révèle d’ailleurs que la moitié des Français souhaitent désormais la chute du gouvernement sur cette question, une hausse significative par rapport à janvier.
Au sein même de la majorité, les divisions s’accentuent. Les ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, figures de la droite dure, ont menacé de démissionner pour influencer les décisions sur des sujets sensibles comme l’Algérie ou le voile islamique. François Bayrou a dû les rappeler à l’ordre, les enjoignant à faire preuve de solidarité.
Dans ce contexte, les socialistes hésitent à franchir le pas de la censure. Certains, comme Patrick Kanner, sénateur PS, accusent Bayrou de dériver vers l’extrême droite, cédant aux sirènes de ses ministres les plus conservateurs. D’autres, comme Sébastien Chenu du Rassemblement national, estiment que renverser le gouvernement n’aurait de sens que si cela profite aux Français, sans pour autant aboutir à un « Bayrou bis ».
En coulisses, les observateurs soulignent que François Bayrou cherche à rassurer sa droite, notamment après les critiques d’Édouard Philippe, qui a qualifié le conclave sur les retraites de « hors sol ». Cependant, sans le soutien des socialistes, le Premier ministre risque de se retrouver à la merci du Rassemblement national, un scénario qui rappelle les heures sombres de son prédécesseur, Michel Barnier.
Alors que les tensions montent et que les alliances se fissurent, François Bayrou doit naviguer entre les exigences de ses partenaires, les attentes des Français et les ambitions de ses ministres. Sa survie politique dépend désormais de sa capacité à apaiser les esprits et à trouver un terrain d’entente, avant que la tempête ne l’emporte.