En Éthiopie, une oasis de soins pour les ânes, piliers de l’économie locale

Dans la capitale Addis-Abeba, une clinique dédiée aux équidés redonne espoir à des milliers de familles dépendantes de ces animaux indispensables.

Au cœur de la capitale éthiopienne, une clinique pas comme les autres accueille chaque jour des dizaines d’ânes, souvent épuisés ou blessés. Ces animaux, essentiels au quotidien de nombreuses familles, bénéficient ici de soins gratuits prodigués par une équipe de vétérinaires dévoués.

L’Éthiopie compte la plus importante population d’ânes au monde, avec près de neuf millions d’individus. Ces robustes quadrupèdes jouent un rôle économique crucial, que ce soit dans les champs, où ils aident aux labours, ou en ville, où ils transportent marchandises et matériaux. Pourtant, beaucoup subissent des conditions de vie difficiles, marquées par la surcharge de travail, les blessures et le manque de soins.

Non loin du gigantesque marché de Merkato, la clinique spécialisée offre un répit bienvenu. Certains animaux, encore nerveux, résistent aux manipulations, tandis que d’autres se jettent avec avidité sur la nourriture qui leur est offerte. Les soignants s’activent pour traiter sabots abîmés, infections oculaires ou troubles digestifs, redonnant ainsi une seconde vie à ces travailleurs infatigables.

Pour des propriétaires comme Guluma, venu avec ses deux ânes malades, cette structure représente un véritable salut. Privé de leurs services pendant plusieurs semaines, il a vu ses revenus chuter drastiquement, mettant en péril la subsistance de sa famille. Après une journée de soins, il peut enfin repartir avec ses compagnons rétablis, prêts à reprendre leur labeur.

Les défis restent nombreux : en ville, la raréfaction des espaces verts et la surcharge des bêtes aggravent leur vulnérabilité. Certains subissent même des mauvais traitements. Pourtant, comme le rappelle un proverbe local, « celui qui n’a pas d’âne est lui-même un âne » – une façon de souligner leur importance vitale.

Grâce à des soins modernes, les méthodes traditionnelles, parfois rudimentaires, sont peu à peu remplacées. Les vétérinaires, comme Derege, interviennent sur des cas complexes, allant jusqu’à extraire des débris plastiques ingérés par mégarde. Pour ces professionnels, chaque animal soigné est une victoire, non seulement pour sa santé, mais aussi pour celle des familles qui en dépendent.

Dans un pays où plus d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, ces équidés demeurent bien plus que des bêtes de somme : ils sont un lien vital entre survie et dignité.