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Aung San Suu Kyi : 80 ans derrière les barreaux, symbole d’une Birmanie brisée

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L’icône de la démocratie birmane célèbre son anniversaire en détention, loin des siens et d’un pays en proie à la violence militaire.

Prisonnière politique depuis le coup d’État de février 2021, Aung San Suu Kyi passe ce jeudi son 80e anniversaire dans l’isolement d’une cellule de Naypyidaw. Condamnée à 27 ans de prison par la junte au pouvoir, la lauréate du prix Nobel de la paix subit un emprisonnement qualifié de politique par les organisations de défense des droits humains.

Aucune commémoration publique n’est envisageable en Birmanie, où la répression s’abat impitoyablement sur toute opposition. Les militants survivants ont rejoint la résistance armée, contredisant les principes de non-violence longtemps défendus par celle qu’on surnommait la « Dame de Rangoun ». Son fils Kim Aris, établi au Royaume-Uni, confie son impuissance face à cette détention arbitraire. Pour honorer sa mère, il a couru 80 kilomètres en huit jours, espérant recueillir 80 000 messages de soutien – des hommages qu’elle ne recevra probablement jamais.

Les conditions de détention restent opaques. Les rares informations filtrées évoquent un centre pénitentiaire insalubre, infesté de nuisibles, sans climatisation. Sean Turnell, ancien conseiller économique libéré en 2022, a témoigné de ces conditions précaires. La santé de l’octogénaire inquiète particulièrement : problèmes cardiaques, dentaires et osseux seraient laissés sans soins adéquats.

Fille du général Aung San, artisan de l’indépendance birmane assassiné en 1947, elle s’est imposée dans les années 1980 comme figure incontournable de la lutte démocratique. Après quinze ans de résidence surveillée, elle participe à l’ouverture politique des années 2010, dirigeant de facto le gouvernement malgré les verrous constitutionnels. Mais son héritage s’est terni lors de la crise des Rohingyas en 2017. Son silence face aux exactions de l’armée contre cette minorité musulmane lui a valu un rejet international, jusqu’à sa comparution devant la Cour pénale internationale en 2019.

Le putsch de 2021 a scellé son destin. Accusée de fraudes électorales jamais prouvées, elle incarne désormais la résistance silencieuse face à une junte qui repousse sans cesse ses promesses de transition démocratique. Loin des caméras et des manifestations, son 80e anniversaire rappelle cruellement l’échec d’un rêve birman – et la détermination d’une femme qui pourrait finir ses jours en captivité.

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