Dans la région reculée d’Ucayali, une guerre silencieuse oppose des colons mennonites aux communautés shipibo-konibo, autour de terres disputées et d’une forêt menacée.
Au cœur de l’Amazonie péruvienne, les tensions montent entre deux mondes que tout oppose. D’un côté, les mennonites, communauté religieuse venue de Bolivie, cultivent riz et soja sur des milliers d’hectares, armés de leurs tracteurs et de leurs traditions austères. De l’autre, les Shipibo-Konibo, peuple autochtone, défendent leurs terres ancestrales, menacées par l’expansion agricole.
L’affrontement a pris un tour violent lorsque des membres de la garde indigène ont incendié des granges mennonites, forçant ces derniers à fuir à travers les champs. Les Shipibo-Konibo accusent les nouveaux arrivants de déforestation massive, tandis que les mennonites se disent victimes d’une injustice, affirmant avoir acheté des terres déjà dégradées.
Les autorités péruviennes ont inculpé 44 chefs de famille mennonites pour destruction de forêt primaire, avec des peines allant jusqu’à dix ans de prison. Leur avocat plaide l’absence de preuves, soutenant que les parcelles exploitées se situent en dehors des limites du territoire autochtone. Pourtant, des images satellites révèlent une déforestation accélérée depuis leur installation.
Entre modernité et tradition, le conflit illustre les défis de la préservation amazonienne. Les mennonites, attachés à leur mode de vie rural et autonome, cultivent sans connexion internet ni mixité culturelle. Les Shipibo-Konibo, eux, voient leur écosystème se réduire comme peau de chagrin, malgré leurs patrouilles armées de machettes et d’arcs.
Alors que le Pérou a perdu trois millions d’hectares de forêt en trente ans, cette bataille locale pose une question plus large : comment concilier développement agricole et protection des droits autochtones ? Pour l’instant, ni les tracteurs ni les flèches n’ont trouvé de réponse.