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Afghanistan: entre combats et corruption, la laiterie Milko creuse son sillon

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Les pots à lait en métal ficelés aux motos luisent au soleil couchant d’Arghandab, district rural du sud de l’Afghanistan, et tintent sous les secousses. Des fermiers viennent approvisionner la laiterie Milko, qui continue à se développer malgré la violence et la corruption environnantes.

Ils déposent à ce point de collecte le lait nécessaire à la fabrication du beurre, des glaces, des puddings, des laits parfumés qui ont fait la réputation de cette petite entreprise, dont les emballages aux coloris vifs essaiment dans toute la région.

Depuis sa création en 2011, Milko est passée de 12 vaches à 250 possédées en propre, et de quatre produits vendus à une trentaine, créant au passage des centaines d’emplois dans la province de Kandahar.

Elle achète du lait à près de 600 fermiers, dont elle a changé la vie. « Le gouvernement ne nous a pas aidés, mais cette entreprise nous a beaucoup aidés », explique l’un d’eux, Nesar Ahmad, 35 ans.

« Certains fermiers qui n’avaient pas de maison en ont maintenant une », raconte celui-ci, qui sans la laiterie ne serait pas en mesure de vendre le lait de ses deux vaches.

Pour faire survivre Milko, son propriétaire Ghami Mia a cependant dû braver bien des dangers et composer avec tous les acteurs d’un conflit qui dure depuis 2001.

S’il évite de parler « politique » pour ne pas « mettre son affaire en danger », il dit être moins importuné par les talibans que par le gouvernement.

« Les talibans prennent seulement leurs taxes, mais le gouvernement en plus des taxes prend aussi nos produits », déplore-t-il, assis à son bureau dans une zone industrielle de la ville de Kandahar, à une dizaine de kilomètres d’Arghandab.

Les talibans imposent des taxes fixes et, une fois qu’elles sont versées, ne reviennent pas à la charge. « Ils font attention de collecter les taxes d’une manière qui n’aliène pas les civils », souligne Ashley Jackson, chercheuse pour le groupe de réflexion Overseas Development Institute (ODI).

Fatalisme

Avec sa barbe rasée de près et son sourire affable, M. Mia n’est nullement un sympathisant des talibans, seulement un homme d’affaires pragmatique qui souhaite faire avancer un pays qu’il aime.

« Je veux continuer de vivre en Afghanistan, et travailler ici. Je ne veux pas partir et investir à l’étranger », soutient-il.

La laiterie ravitaille des villes parmi les plus dangereuses du Sud afghan, comme Zabol, Ghazni et Lashkar Gah, enserrées dans des territoires talibans. Khan, 21 ans, chauffeur depuis six ans pour Milko, sait tout des dangers qui l’attendent sur ces routes.

Mais plus que les combats, c’est la police locale qu’il redoute. « Ils me créent des problèmes, me demandent de l’argent (…) et si je n’en ai pas, ils veulent (me prendre) mes marchandises », s’indigne-t-il. Comme lui, 81% des Afghans voient dans la corruption un « problème majeur », selon une enquête de l’Asia Foundation datée de 2019.

M. Mia doit aussi s’accommoder du manque d’électricité et de main-d’œuvre qualifiée, ou encore des régulations de la filière laitière imposées par le gouvernement.

Même s’il dit ne pas faire de bénéfice, il continue à agrandir son entreprise. Mais la sécurité fait constamment planer une ombre sur l’avenir de Milko.

La collecte de lait a dû être interrompue à Arghandab en novembre, quand les talibans, lancés dans une offensive générale dans la province de Kandahar, ont brièvement pris le contrôle du district. Ailleurs, d’autres points de vente, définitivement rendus inaccessibles, ont dû fermer.

« Si la situation persiste, nous serons forcés de mettre la clef sous la porte », se désespère M. Mia. Avant de refuser de céder au fatalisme. « Mais nous ne pouvons pas laisser tomber nos fermiers, fermer l’entreprise, et avoir fait tous ces efforts pour rien. »

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« Cessez-le-feu » à Gaza: véto américain à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU

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"Cessez-le-feu" à Gaza: véto américain à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont opposé leur véto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un “cessez-le-feu humanitaire immédiat” à Gaza.

Les Etats-Unis ont mis leur véto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza, malgré la pression du secrétaire général qui a dénoncé la « punition collective » infligée aux Palestiniens.

Le projet de résolution qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (Etats-Unis) et une abstention (Royaume-Uni) avait été préparé par les Emirats arabes unis après l’invocation sans précédent par Antonio Guterres mercredi de l’article 99 de la Charte des Nationsunies permettant au secrétaire général d’attirer l’attention du Conseil sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Mais les Américains, alliés d’Israël qui ont vendredi mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien (sur 39 au total), ont répété vendredi leur hostilité à un cessez-le-feu.

L’ambassadeur américain adjoint Robert Wood a également dénoncé l' »échec moral » de l’absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.

De son côté, l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan a remercié les Etats-Unis de « rester fermement à nos côtés », estimant qu’un cessez-le-feu ne serait possible que par la « destruction du Hamas ».

« Nous n’abandonnerons pas », a quant à lui assuré l’Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour.

Le projet de résolution, soutenu par près de 100 pays exigeait « un cessez-le-feu humanitaire immédiat », la libération des otages et l’accès humanitaire.

« Alors que la crise à Gaza s’aggrave et qu’elle menace de s’étendre, (le Conseil) ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte », a déclaré l’ambassadeur français Nicolas de Rivière. Une déception partagée par de nombreux membres du Conseil.

« Nos collègues américains ont devant nos yeux condamné à mort des milliers voire des dizaines de milliers de civils palestiniens et israéliens supplémentaires », a abondé l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU Dmitry Polyanskiy.

Malgré le vote du Conseil, Antonio Guterres « reste déterminé à pousser pour un cessez-le-feu humanitaire », a déclaré à l’AFP son porte-parole Stéphane Dujarric.

Le secrétaire général avait vendredi matin appelé avec force le Conseil à agir pour éviter l »effondrement total de l’ordre public » dans la bande de Gaza.

« Je condamne sans réserve » les attaques du Hamas du 7 octobre, mais « les violences perpétrées par le Hamas ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien », a-t-il déclaré.

A Washington, les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes et de la Turquie ont appelé aussi à une fin « immédiate » de la guerre.

Après l’attaque sans précédent contre Israël menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a fait selon les autorités israéliennes environ 1.200 morts, majoritairement civils, Israël a imposé un « siège complet » et pilonné massivement la bande de Gaza, réduisant en ruines de vastes zones.

Nourriture, eau, carburant et médicaments n’y entrent qu’au compte-gouttes, alors qu’environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont dû quitter leur logement selon l’ONU depuis le début des hostilités, qui ont fait plus de 17.000 morts selon le ministère de la Santé du Hamas.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, c’est le cinquième projet de résolution rejeté par le Conseil largement divisé depuis des années sur le dossier israélo-Palestinien.

Quatre projets avaient déjà été rejetés dans les semaines suivant le 7 octobre, par faute de voix suffisantes, ou en raison de vétos russe, chinois ou américain. Le Conseil était finalement sorti de son silence mi-novembre, réussissant à adopter une résolution qui appelait à des « pauses et couloirs humanitaires » dans la bande de Gaza, pas à un « cessez-le-feu » ni même une « trêve ».

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Europe

Le Danemark adopte une loi interdisant les autodafés du Coran

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Le Danemark adopte une loi interdisant les autodafés du Coran

Cette loi entend enrayer la vague de profanations de livres saints, observée ces derniers mois au Danemark et en Suède notamment.

Le Parlement danois a adopté jeudi une loi criminalisant les « traitements inappropriés » de textes ayant une signification religieuse importante, interdisant de facto les autodafés du Coran, après des profanations du livre saint de l’islam qui ont entraîné des tensions dans plusieurs pays musulmans pendant l’été. À l’issue d’un débat de près de quatre heures, le texte a été adopté en troisième lecture par 94 des 179 membres du Parlement.

Concrètement, il sera désormais interdit de brûler, souiller ou de donner des coups de pied publiquement sur des textes religieux ou dans le but de diffuser largement les images des profanations. Il sera également interdit de les déchirer, les couper ou les poignarder. Tout contrevenant s’expose à une peine de deux ans d’emprisonnement.

Pour le gouvernement danois, dont aucun représentant ne s’est exprimé lors du débat parlementaire, il s’agit avant tout de protéger les intérêts et la sécurité nationale du pays scandinave.

Le Danemark et son voisin suédois ont récemment cristallisé la colère au sein de pays musulmans. En Irak par exemple, des centaines de manifestants partisans de l’influent leader religieux Moqtada Sadr ont tenté fin juillet de marcher en direction de l’ambassade danoise à Bagdad.

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Culture

Une présentatrice de la BBC fait un doigt d’honneur en ouverture de journal

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Une présentatrice de la BBC fait un doigt d’honneur en ouverture de journal

La journaliste Maryam Moshiri raconte avoir été prise par surprise en pleine plaisanterie avec l’équipe du journal. Sur les réseaux sociaux, elle présente ses excuses.

Un dérapage d’une seconde, mais un moment mémorable pour les téléspectateurs de BBC News. Alors que s’achevait le générique de lancement du journal de 13 heures, mercredi 6 décembre, ils ont eu la drôle de surprise de tomber nez à nez avec la présentatrice Maryam Moshiri, sourire aux lèvres et doigt d’honneur à la main. Visiblement surprise par l’arrivée soudaine de la prise d’antenne, la journaliste a rapidement repris une expression de circonstance avant de se lancer dans son journal, mais le mal était fait.

La séquence, partagée sur les réseaux sociaux, atteint rapidement les centaines de milliers de vues, certains internautes dénonçant ce comportement (et l’ensemble de la BBC au passage) quand d’autres notent le fait que les premières images du journal concernent les excuses de Boris Johnson aux victimes du Covid-19 dans l’enquête publique sur la gestion de la pandémie au Royaume-Uni.

Il faudra attendre le lendemain pour obtenir une réaction de la part de la journaliste. Sur son compte X (anciennement Twitter), Maryam Moshiri présente ses excuses et apporte quelques éléments de contexte à ce raté insolite. « Hier (mercredi, NDLR), juste avant le début du journal de 13 heures, je plaisantais avec l’équipe en studio, raconte-t-elle. Je mimais un décompte pendant que le réalisateur me donnait le compte à rebours de 10 à 0 avec les doigts pour me montrer les chiffres. Quand nous sommes arrivés à 13 heures pile, j’ai retourné le doigt pour plaisanter et je n’ai pas réalisé que cela serait filmé ».

Face aux réactions nombreuses, la journaliste déclare être désolée. « C’était une blague privée avec l’équipe, explique-t-elle, et je suis vraiment désolée qu’elle ait été diffusée ! Ce n’était pas mon intention que cela se produise et je suis désolée si j’ai offensé ou contrarié quelqu’un. Je n’étais pas vraiment en train de “faire un doigt” aux téléspectateurs ou même à une personne. C’était une blague idiote destinée à un petit nombre de mes amis. »

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