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Affaire Bétharram : la prescription, un mur infranchissable pour des centaines de victimes

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Des décennies de violences sexuelles dans l’établissement catholique se heurtent à l’écueil juridique de la prescription, laissant la majorité des plaintes sans suite.

Le drame de Notre-Dame-de-Bétharram révèle une réalité implacable : sur les 200 plaintes déposées pour violences sexuelles commises entre 1957 et 2004, seules deux échappent à la prescription. Les victimes, souvent marquées à vie, voient leurs espoirs de justice s’évanouir face à des délais légaux désormais dépassés. Malgré les réformes successives, la loi ne peut effacer des décennies d’impunité.

Les évolutions législatives ont pourtant cherché à mieux protéger les mineurs. Depuis 1989, les délais de prescription ont été allongés, passant de 3 à 30 ans pour les viols, et le point de départ a été recalé à la majorité des victimes. La loi de 2021 a même introduit la prescription « glissante », permettant de prolonger les délais en cas de récidive. Mais ces avancées ne s’appliquent pas rétroactivement, condamnant la plupart des affaires anciennes à l’oubli judiciaire.

Parmi les rares exceptions, un ancien surveillant a été mis en examen pour des faits non prescrits, tandis que d’autres suspects ont bénéficié de l’extinction des poursuites. La complexité s’accroît avec les changements de qualification pénale : des actes aujourd’hui considérés comme viols étaient autrefois classés en agressions sexuelles, soumises à des délais plus courts.

Face à cette impasse, des voix s’élèvent pour réclamer l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs. La Ciivise souligne que 75 % des témoignages recueillis concernent des faits prescrits, illustrant l’ampleur du phénomène. Pour les victimes, comme Marc Lacoste-Séris ou Pascal Gélie, lever ce verrou juridique serait une reconnaissance de leur souffrance. Mais les magistrats rappellent les risques liés à l’érosion des preuves avec le temps.

Alors que le débat politique se poursuit, les victimes de Bétharram restent confrontées à une double peine : celle des traumatismes subis et celle d’une justice qui, malgré sa volonté, ne peut toujours pas les entendre.

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