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Les Antilles françaises face à une menace silencieuse : l’alerte aux catastrophes naturelles en péril

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Les coupes budgétaires américaines fragilisent les systèmes d’alerte aux tsunamis et cyclones dans les Antilles françaises, exposant ces territoires à des risques majeurs.

Les Antilles françaises, régulièrement confrontées aux ouragans et aux risques sismiques, dépendent largement des infrastructures américaines pour détecter et prévenir les catastrophes naturelles. Or, ces systèmes d’alerte, essentiels pour la sécurité des populations, sont aujourd’hui menacés par des réductions budgétaires aux États-Unis. Cette situation inquiète les autorités locales et les experts, qui redoutent une rupture dans la coopération transatlantique.

En Guadeloupe, un exercice annuel baptisé Caribe Wave 2025 a été organisé pour simuler un séisme suivi d’un tsunami. Cet événement permet de tester les capacités de réaction des services de secours et des habitants. Cependant, cette année, l’inquiétude est palpable. Les Antilles françaises s’appuient principalement sur le Pacific Tsunami Warning Center, basé à Hawaï, pour recevoir des alertes en temps réel. La France dispose bien d’un centre national d’alerte aux tsunamis, le Cenalt, mais celui-ci ne couvre que la Méditerranée occidentale et l’Atlantique nord-est, laissant les Antilles dans une situation de dépendance critique.

Les systèmes d’alerte actuels reposent sur un réseau sophistiqué de capteurs et de bouées de détection, connues sous le nom de DART (Deep-Ocean Assessment and Reporting of Tsunami). Ces dispositifs, déployés par les États-Unis, sont essentiels pour prévenir les tsunamis. Pourtant, leur maintenance et leur fonctionnement pourraient être compromis par les coupes budgétaires américaines. Gaël Musquet, expert en gestion des risques, souligne l’urgence pour la France d’investir dans des systèmes d’alerte autonomes et performants.

L’exercice Caribe Wave 2025 a également permis de tester FR-Alert, un système d’alerte cellulaire déployé en 2022. Ce dispositif, qui envoie des notifications en temps réel aux téléphones portables, représente une avancée significative. Cependant, les méthodes traditionnelles d’alerte, comme les sirènes ou le porte-à-porte, restent insuffisamment cartographiées et maîtrisées dans de nombreuses communes. Seule la ville de Deshaies, en Guadeloupe, a obtenu le label « Tsunami Ready » de l’ONU, témoignant de son engagement en matière de prévention.

Face à ces lacunes, des initiatives locales émergent pour renforcer la résilience des territoires. Cédric Coco-Viloin, fondateur d’un atelier de fabrication numérique en Guadeloupe, développe un réseau alternatif basse-fréquence pour transmettre des données environnementales, comme les hauteurs de crues ou la force des vents. Bien que ces solutions ne puissent remplacer les infrastructures étatiques, elles pourraient compléter les systèmes existants en cas de défaillance.

La coopération entre les États-Unis et la France dans le domaine de la surveillance océanique et météorologique est également en question. Depuis février, les échanges entre scientifiques américains et l’Institut français de recherche sur l’océan (Ifremer) ont été interrompus. Par ailleurs, l’agence américaine NOAA, qui supervise le Pacific Tsunami Warning Center, a subi des licenciements massifs, fragilisant encore davantage les capacités de prévision.

Malgré ces défis, Thierry Jimonet, chef de service Météo-France en Guadeloupe, assure qu’aucun signe concret d’arrêt de la coopération en matière d’alertes météorologiques n’a été observé. Toutefois, la situation reste préoccupante, d’autant que les coupes budgétaires pourraient affecter d’autres domaines critiques, comme les vols de reconnaissance au cœur des ouragans.

Dans un contexte de changement climatique et d’augmentation des risques naturels, les Antilles françaises se retrouvent à la croisée des chemins. La nécessité d’investir dans des systèmes d’alerte locaux et de renforcer la culture du risque devient plus pressante que jamais. Sans une action rapide et coordonnée, ces territoires pourraient se retrouver exposés à des catastrophes aux conséquences dramatiques.

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