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Villages indiens frontaliers : l’ombre de la guerre plane à nouveau

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Dans les campagnes proches du Pakistan, les habitants redoutent une escalade militaire tout en affichant une résignation teintée de sagesse ancestrale.

A quelques encablures de la frontière pakistanaise, les villages du Pendjab indien vivent au rythme des tensions récurrentes entre les deux puissances nucléaires. À Daoke, petite localité encerclée par des grillages sécuritaires, Hardev Singh, agriculteur septuagénaire, évoque avec amertume les précédents conflits. « En 1971 comme en 1999, nous avons dû fuir nos maisons. Les combats ne laissent que ruines et champs minés », confie-t-il, les yeux rivés sur l’horizon.

L’attentat meurtrier de Pahalgam a ravivé les vieux démons. Malgré les dénégations pakistanaises, New Delhi pointe du doigt son voisin, alimentant une escalade verbale et militaire. Si les tirs sporadiques n’ont pas encore bouleversé le quotidien des villageois, l’angoisse sourde persiste. Gurvinder Singh, cultivateur de 38 ans, se veut rassurant : « Les affrontements, s’ils surviennent, auront lieu loin d’ici, dans les montagnes. » Une analyse partagée par ses voisins, qui préfèrent évoquer les progrès technologiques pour minimiser les risques.

Pourtant, les souvenirs douloureux ressurgissent. Sardar Lakha Singh, 77 ans, se remémore l’époque où la frontière était poreuse, permettant aux paysans de franchir librement la ligne pour cultiver ou nourrir leur bétail. Aujourd’hui, les permis spéciaux et les escortes militaires rappellent la méfiance omniprésente. La rumeur d’une suspension des autorisations de passage a semé la panique la semaine dernière, avant d’être démentie.

Dans cette région marquée par l’histoire, la philosophie stoïque l’emporte souvent sur la peur. « Les guerres surviennent sans prévenir. À quoi bon s’angoisser ? » lance Lakha Singh, résumant l’état d’esprit de beaucoup. Entre fatalisme et espoir, ces villageois continuent de labourer leurs terres, guettant le moindre signe avant-coureur d’une tempête qu’ils connaissent trop bien.

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