La jeune femme accuse l’établissement parisien d’avoir falsifié les conclusions d’une enquête sur des discriminations, après son exclusion pour avoir dénoncé des propos homophobes et sexistes.
Une ancienne lycéenne du prestigieux collège Stanislas à Paris a engagé des poursuites judiciaires pour faux en écriture publique, estimant que le rapport d’inspection concernant son exclusion en 2022 a été délibérément atténué. Selon ses avocats, les conclusions initiales, qui révélaient des dérives discriminatoires au sein de l’établissement, auraient été modifiées pour minimiser les faits.
La plaignante, dont le prénom a été changé pour préserver son anonymat, avait déjà saisi la justice en juillet dernier, accusant trois responsables de Stanislas de l’avoir renvoyée en raison de ses prises de position contre des discours homophobes, sexistes et racistes tenus par des membres de la direction. La nouvelle plainte, déposée vendredi dernier, vise cette fois les possibles altérations du document officiel, un délit passible de quinze ans de prison.
Le rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, publié en juillet 2023, avait pourtant mis en lumière des pratiques préoccupantes au sein de l’institution. Mais selon une inspectrice aujourd’hui retraitée, dont le courrier a été transmis à une commission parlementaire, les conclusions finales auraient été édulcorées, notamment sur les questions d’homophobie. Mediapart a révélé qu’une mention exonérant l’établissement de ces accusations aurait été ajoutée au compte-rendu définitif.
Les avocats de la jeune femme affirment que ces modifications ont non seulement discrédité son témoignage, mais aussi entravé la recherche de la vérité. Ils dénoncent une forme de complaisance administrative au détriment des victimes. Parallèlement, deux associations ont déjà déposé plainte pour discrimination homophobe, tandis qu’une enquête est en cours concernant des propos inappropriés tenus par un ancien intervenant bénévole.
L’affaire, qui soulève des questions sur l’indépendance des inspections scolaires, pourrait avoir des répercussions bien au-delà du seul cas de Stanislas. La commission parlementaire chargée des violences en milieu scolaire a d’ores et déjà annoncé qu’elle auditionnerait les inspecteurs impliqués dans la rédaction du rapport controversé.