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Thaïlande : un rituel bouddhiste pour libérer les âmes oubliées

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Dans le nord-est du pays, des bénévoles honorent les défunts sans famille lors d’une cérémonie ancestrale mêlant spiritualité et solidarité.

Des centaines de crânes et d’ossements, soigneusement nettoyés et alignés, attendent leur ultime voyage. Dans la province de Nakhon Ratchasima, la fondation Dhamma du Bouddha perpétue une tradition séculaire : le Lang Pacha, un rituel funéraire destiné aux morts sans proches. Ce cérémonial, profondément ancré dans la culture locale, vise à libérer les âmes des défunts non incinérés, condamnées à errer entre deux mondes selon les croyances bouddhistes.

Chaque année, des corps non réclamés – victimes d’accidents, migrants sans papiers ou personnes âgées oubliées – sont exhumés après plusieurs années d’inhumation. Des volontaires s’affairent alors pour laver les ossements à l’eau bénite, les sécher au soleil et les préparer pour la crémation collective. L’atmosphère, loin d’être lugubre, est empreinte de sérénité et même de gaieté. « C’est une œuvre de compassion », explique un responsable de la fondation. « Ces âmes méritent la paix, et nous leur offrons une renaissance. »

Le processus, minutieux, dure plusieurs semaines. Les os sont classés, parfois recouverts de feuilles d’or, avant d’être disposés dans deux tours funéraires distinctes – une pour les hommes, une pour les femmes. Sous les prières des moines, les flammes consumment les restes, tandis que des pétales de santal voltigent dans l’air. Pour les participants, comme cette commerçante venue depuis l’adolescence, c’est un acte de karma : « Aider les autres, c’est aussi s’aider soi-même. »

Au-delà de la dimension spirituelle, cette cérémonie soulève des enjeux sociétaux. Les organisateurs plaident pour une modernisation des systèmes d’identification, afin de réduire le nombre de défunts anonymes. « Une base de données centralisée permettrait aux familles de retrouver leurs disparus », insiste un bénévole. Entre tradition et modernité, le Lang Pacha reste un poignant rappel de l’importance de la dignité, jusque dans la mort.

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