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République dominicaine : la traque des femmes haïtiennes enceintes fait scandale

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Une politique migratoire brutale cible spécifiquement les futures mères sans papiers, suscitant l’indignation des défenseurs des droits humains.

Les autorités dominicaines ont instauré cette semaine un protocole controversé visant les migrantes haïtiennes enceintes. Toute femme se présentant dans un établissement hospitalier sans documents valides est désormais systématiquement arrêtée après son accouchement, puis transférée dans un centre de rétention en vue de son expulsion. Cette mesure radicale, présentée comme un outil de régulation des flux migratoires, provoque un vif émoi dans la société civile.

Plusieurs dizaines de parturientes ont déjà été interpellées depuis l’entrée en vigueur de cette disposition. Les services de l’immigration confirment avoir placé en détention près de 90 femmes accompagnées de leurs nouveau-nés, créant des situations familiales dramatiques. Certains conjoints, comme ce gardien dominicain dont l’épouse haïtienne a disparu après son hospitalisation, ignorent jusqu’au sort réservé à leur compagne.

Le contexte politique explique cette escalade répressive. Le chef de l’État a fait de la lutte contre l’immigration clandestine en provenance d’Haïti son principal cheval de bataille. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 80 000 expulsions ont été enregistrées depuis janvier, poursuivant une tendance initiée dès 2020 avec la construction d’un mur frontalier. Cette politique s’appuie sur une base légale restrictive, puisque la nationalité dominicaine n’est plus attribuée automatiquement aux enfants nés sur le sol national de parents en situation irrégulière.

Sur le terrain, les conséquences sanitaires commencent à se faire sentir. Les professionnels de santé observent une baisse significative de la fréquentation des maternités par les femmes haïtiennes, craignant pour beaucoup d’être dénoncées aux autorités. Pourtant, les responsables médicaux insistent : aucun patient ne se voit refuser des soins urgents, quelle que soit sa situation administrative.

Le débat dépasse largement les questions migratoires pour toucher à des enjeux démographiques et identitaires. Certaines franges de la population dominicaine, à l’instar des membres de groupes nationalistes, dénoncent une prétendue « haïtianisation » du pays et réclament des mesures encore plus drastiques. À l’inverse, des voix s’élèvent pour dénoncer l’inhumanité d’une politique qui sépare des mères de leurs nourrissons, sans considération pour leur état de santé post-partum.

Cette crispation s’inscrit dans un contexte régional particulièrement tendu, alors que Haïti traverse une crise politique et sécuritaire sans précédent. L’effondrement des institutions et la mainmise des gangs armés sur la capitale poussent chaque jour des milliers d’Haïtiens à fuir vers leur voisin dominicain, alimentant un cercle vicieux de répression et de précarité.

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