Monde
Prix Nobel: l’économie boucle une saison très féminine
Inégalités, psychologie économique, vente aux enchères, santé ou marché du travail? Le prix d’économie boucle lundi une saison 2020 des Nobel très féminine, avec déjà quatre lauréates couronnées en sciences et en littérature.
Le dernier-né des Nobel, officiellement « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », décerné pour la première fois en 1969, doit être attribué vers 11H45 (09h45 GMT) à Stockholm.
Après avoir récompensé en 2019 la Franco-américaine Esther Duflo et les Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde, plusieurs noms circulent dans les médias et les milieux universitaires.
L’Américaine Claudia Goldin, qui a travaillé sur les inégalités et le rôle des femmes dans l’économie, pourrait devenir la -seulement- troisième lauréate du prestigieux prix, au même titre que sa compatriote Anne Krueger, ancienne numéro 2 (et brièvement dirigeante) du Fonds monétaire international, spécialiste des rentes et militante du libre-échange.
Si une femme l’emportait lundi, 2020 égalerait le record de 2009 de cinq lauréates en un millésime. Le nombre de lauréates a nettement augmenté depuis le début du XXIe siècle, mais elles ne représentent encore qu’une médaille Nobel sur 20 environ depuis 1901.
Domination américaine
L’économie a été jusqu’ici le Nobel où le profil du futur lauréat était le plus facile à deviner: un homme âgé de plus de 55 ans, de nationalité américaine. Ces 20 dernières années, les trois quarts d’entre eux correspondaient à cette description. L’âge moyen des lauréats dépasse les 65 ans, le plus élevé parmi les six prix décernés.
De nouveau cité parmi les favoris: l’Américain Paul Milgrom, 72 ans, associé à son compatriote Robert Wilson, 83 ans, pour leur théorie sur l’optimisation des ventes aux enchères, notamment utilisée dans l’attribution des fréquences télécom, comme la 5G.
L’Américano-israélien Joshua Angrist, professeur au MIT aux Etats-Unis, tient également la corde pour son oeuvre largement expérimentale, qui a notamment éclairé le lien entre durée d’études et revenus ou encore taille des classes et réussite scolaire. D’autres pionniers des « expériences naturelles », comme le Canadien David Card, pourraient lui être associés.
L’Israélien Elhanan Helpman et l’Américain Gene Grossman, spécialistes du commerce international, sont aussi cités.
En pleine pandémie de Covid-19, les chances des économistes de la santé pourraient aussi augmenter, à l’image du prix 2020 de médecine, remis pour la première fois depuis douze ans à des virologues, en l’occurrence des découvreurs de l’hépatite C.
« Cela semble plus pertinent que jamais », relève le professeur suédois d’économie Micael Dahlén. L’Américain Paul Slovic, spécialiste de la psychologie du risque, « pourrait être un bon profil, pour son travail sur comment nous valorisons les vies humaines », pronostique-t-il.
D’autres pionniers ayant insufflé de la psychologie dans la recherche économique, comme les Américains Matthew Rabin ou Colin Camerer ou encore le Suisso-autrichien Ernst Fehr, sont jugés nobélisables.
Côté français, les noms de Thomas Piketty ou d’Olivier Blanchard ont été cités pour devenir le cinquième lauréat tricolore.
Discipline controversée
Même s’il est la récompense la plus prestigieuse pour un chercheur en économie, le prix n’a pas acquis le même statut que les disciplines choisies par Alfred Nobel dans son testament fondateur (médecine, physique, chimie, paix et littérature), ses détracteurs le raillant comme un « faux Nobel » sur-représentant les économistes orthodoxes et libéraux.
Le prix viendra clore une saison Nobel marquée vendredi par le prix de la paix du Programme alimentaire mondial, organe onusien de lutte contre la faim.
Jeudi, la poète américaine Louise Glück avait décroché la littérature. Outre l’Américaine Andrea Ghez, colauréate en physique mardi, deux femmes sont entrées dans l’histoire des Nobel pour leur découverte des « ciseaux génétiques »: la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna sont devenues le premier duo 100% féminin à remporter un Nobel scientifique.
Les lauréats, qui se partagent près d’un million d’euros pour chaque discipline, recevront cette année leur prix dans leur pays de résidence, pour cause de coronavirus.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
Monde
Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche
Dans un geste inattendu, le président Joe Biden gracie son fils Hunter, malgré ses précédentes promesses de non-intervention. Cette décision soulève des questions sur l’impartialité du système judiciaire américain.
Dans les dernières semaines de sa présidence, Joe Biden a pris la décision controversée de gracier son fils Hunter, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’arme à feu. Cette action, bien que conforme à la tradition des présidents américains d’accorder des grâces à des proches, remet en question l’intégrité du processus judiciaire et l’indépendance de la justice.
Hunter Biden, âgé de 54 ans, avait plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale à Los Angeles, une affaire qui aurait pu lui valoir jusqu’à 17 ans de prison. De plus, il était également confronté à des accusations pour avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme, un délit passible de 25 ans d’emprisonnement dans l’État du Delaware, où réside la famille Biden.
Joe Biden, dans un communiqué, a défendu la décision en affirmant que son fils a été ciblé uniquement en raison de son lien de parenté avec lui, qualifiant cette poursuite de « sélective et injuste ». Il a souligné que les accusations contre Hunter sont nées après que des opposants politiques au Congrès aient initié des enquêtes visant à attaquer sa présidence.
Cette grâce intervient dans un contexte politique tendu, où le système judiciaire est déjà sous le feu des critiques. Donald Trump, le président élu, a récemment nommé des fidèles à des postes clés au sein du FBI et du ministère de la Justice, ce qui a alimenté les débats sur l’indépendance de ces institutions. L’ironie réside dans le fait que Trump lui-même a promis de gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, un acte qu’il qualifie d’injustice judiciaire.
Les avocats de Hunter Biden ont toujours maintenu que leur client n’aurait pas été poursuivi s’il n’était pas le fils du président. Hunter a lui-même exprimé son intention de consacrer sa vie à aider ceux qui luttent contre les mêmes problèmes qu’il a affrontés, notamment la dépendance. Il a également remboursé ses arriérés d’impôts et les pénalités associées, bien que l’accord initial pour éviter la prison ait été rompu à la dernière minute.
Cette affaire a été une source de discorde pour la famille Biden, particulièrement pendant cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils du président de bénéficier d’un traitement de faveur. La décision de Joe Biden de gracier Hunter, malgré ses précédentes déclarations de non-intervention, pourrait alimenter davantage les critiques sur la politisation du système judiciaire américain et l’utilisation de la grâce présidentielle pour des fins personnelles.
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