La communauté traditionaliste, déjà éclaboussée par plusieurs enquêtes pour violences sur mineurs, attend le premier jugement concernant son ancien prieur.
Ce mardi, le tribunal correctionnel de Béthune doit rendre sa décision dans le procès d’un membre éminent de la communauté catholique traditionaliste de Riaumont. L’ancien prieur, Alain H., est accusé d’avoir détenu et consulté des milliers de fichiers pédopornographiques entre 2012 et 2017. Lors de l’audience du 11 mars, le parquet a requis deux ans de prison, dont un ferme, contre le religieux, qui nie en bloc les accusations.
Vêtu d’une soutane beige, l’homme de 61 ans a tenté de justifier ses recherches en ligne par une prétendue « étude anthropologique » sur la jeunesse contemporaine. Un argument balayé par la procureure, qui y voit une manipulation destinée à masquer la gravité des faits. Son avocat, quant à lui, plaide la relaxe, invoquant une confusion entre consultation et détention d’images, ainsi qu’une distinction floue entre pornographie classique et pédopornographie.
Ce procès n’est que la partie émergée d’un scandale bien plus vaste. Plusieurs enquêtes visent la communauté de Riaumont, installée à Liévin dans le Pas-de-Calais, pour violences, agressions sexuelles et viols sur mineurs. Trois nouvelles plaintes ont d’ailleurs été déposées récemment, dont une impliquant trois religieux pour des faits remontant aux années 2000.
Fondé dans les années 1960 comme foyer pour enfants placés, Riaumont a perdu son agrément en 1982 après des signalements de maltraitance. La communauté a ensuite ouvert une école privée hors contrat, fermée en 2019 suite aux mises en examen de plusieurs membres. Malgré les mesures restrictives – comme l’interdiction d’accueillir des scouts cette année –, des associations dénoncent des tentatives persistantes pour attirer des mineurs.
Lors d’une visite mouvementée en avril, des députés membres d’une commission d’enquête parlementaire ont décrit Riaumont comme un lieu marqué par la souffrance et la discipline brutale. Le nouveau prieur, le père Christophe Gapais, rejette toutefois l’idée d’une « violence institutionnalisée ». Le verdict de ce mardi pourrait marquer un tournant dans cette affaire aux ramifications complexes.