Le procureur antiterroriste a qualifié Mehdi Nemmouche de « sociopathe dénué d’empathie », exigeant une sanction définitive pour protéger la société. Le procès des otages en Syrie révèle l’horreur vécue par les victimes et la cruauté de l’accusé.
Lors du procès des ex-otages du groupe État islamique en Syrie, le procureur antiterroriste a décrit Mehdi Nemmouche comme un individu « dépourvu de toute humanité ». Ce dernier, accusé d’avoir séquestré des journalistes et humanitaires occidentaux, est présenté comme un « sociopathe » dont la dangerosité nécessite une peine à la hauteur de ses actes. Le magistrat a insisté sur la nécessité de prononcer une sanction qui permette à la société de « l’oublier définitivement ».
Mehdi Nemmouche, âgé de 39 ans, est jugé pour son rôle présumé dans la détention et les mauvais traitements infligés à plusieurs otages entre 2012 et 2014. Les victimes, dont les journalistes Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, ont formellement identifié leur bourreau, reconnaissant sa voix et son visage après son implication dans l’attentat du musée juif de Bruxelles en 2014. Cet acte avait coûté la vie à quatre personnes, un mois seulement après la libération des otages.
Le procureur Benjamin Chambre a dépeint Nemmouche comme un individu doté d’une « intelligence redoutable » mais totalement dépourvu d’empathie. Il a rappelé les propos glaçants tenus par l’accusé à ses victimes, notamment ses menaces de les faire témoigner à son procès ou ses références morbides à l’émission « Faites entrer l’accusé ». Nemmouche, qui idolâtrait Mohammed Merah, aurait également exprimé des fantasmes violents, se vantant de crimes commis contre des civils syriens.
Les otages ont décrit leur calvaire dans les geôles de l’EI, où ils étaient réduits à des numéros, soumis à des tortures systématiques et contraints d’imiter des cris d’animaux. Ces récits, livrés avec une dignité remarquable, ont souligné l’inhumanité des conditions de détention. Le procureur a salué leur courage, tout en rappelant que ces actes barbares s’inscrivaient dans une stratégie de terreur visant à déshumaniser les victimes.
Malgré les preuves accablantes, Mehdi Nemmouche a nié toute implication, adoptant une attitude détachée tout au long du procès. Le procureur a dénoncé cette stratégie de déni, qualifiant l’accusé de « menteur patenté » cherchant à maintenir un contrôle psychologique sur ses victimes. Il a également souligné que Nemmouche, loin d’être un haut responsable de l’EI, n’était qu’un « simple gardien », un « menu fretin » dans la hiérarchie jihadiste.
En conclusion, le magistrat a appelé à ne pas tomber dans le piège de la « starification » de Nemmouche, insistant sur la nécessité de le condamner à une peine qui efface son nom de la mémoire collective. Pour celui qui rêvait de devenir une figure médiatique, la justice doit au contraire sceller son oubli. Le verdict, attendu prochainement, déterminera si cette demande sera entendue.