La capitale espagnole reprend son rythme, mais garde en mémoire les enseignements d’une coupure d’électricité massive. Transistors, bougies et réchauds font désormais partie des indispensables.
La vie a repris son cours à Madrid après l’immense panne d’électricité qui a paralysé une partie de la péninsule ibérique. Les rues sont à nouveau animées, les transports fonctionnent, mais les Madrilènes n’oublient pas les difficultés rencontrées et tirent déjà les conclusions pratiques de cette épreuve.
Valentin Santiago, technicien environnemental, a vu son trajet habituel multiplié par cinq lors de cette journée chaotique. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, mais il a retenu une leçon essentielle : toujours avoir de l’argent liquide, une radio à piles et des lampes torches. « Ma bonbonne de gaz ne me quittera plus », affirme-t-il avec conviction. Son collègue Mario Bofano, du même âge, abonde dans son sens : « Cette panne m’a fait réaliser à quel point nous sommes dépendants de l’électricité. Tout s’arrête sans elle. »
Dans les rues de la capitale, l’ambiance est résiliente. María Jesús Cobos, avocate, souligne la civilité des Madrilènes malgré l’absence de feux tricolores. « Les gens ont su s’adapter, c’est rassurant », constate-t-elle. Même son de cloche à la gare de Recoletos, où Jennifer Mena, employée de la Renfe, observe des voyageurs patients face aux retards. « C’est comme d’habitude, finalement », plaisante-t-elle.
Pour certains, l’épreuve a été plus rude. Josefa Luceño, 76 ans, a dû gravir onze étages à pied et a choisi de ne pas redescendre de la journée. Rocio Vicente, femme de ménage, se souvient avec gratitude de l’inconnu qui lui a prêté deux euros pour prendre le bus. Dans les cafés, les conversations tournent encore autour de « l’apagón ». Bianca, serveuse, a retenu qu’il fallait désormais stocker des bougies.
Au-delà des anecdotes, cette panne a provoqué une réflexion collective. Juan, cadre dans la finance, évoque la vulnérabilité des infrastructures vitales : « Hôpitaux, chaînes du froid… Ce n’est pas qu’une question de confort. » Susana, sa collègue, rit jaune en repensant à ses escarpins, peu adaptés à une marche d’une heure et demie. « Des baskets, un transistor, des conserves… La liste est faite », résume-t-elle.
Marcos Garcia, avocat, voit même dans cette coupure une parenthèse salutaire : « Une déconnexion forcée, mais partagée. Après la pandémie, on sait que l’imprévu peut arriver, et on s’y prépare mieux. » Une philosophie qui, à Madrid, se traduit désormais par des achats pratiques et une vigilance accrue.