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Les campagnes françaises en colère face à la vague de fermetures de classes

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Dans les zones rurales, les fermetures de classes annoncées suscitent une vive opposition. Les habitants craignent une désertification scolaire et un déclin accéléré de leurs villages.

La colère gronde dans les campagnes françaises. Les projets de fermetures de classes se multiplient, provoquant une mobilisation sans précédent parmi les parents d’élèves, les enseignants et les élus locaux. Dans des départements comme l’Allier, la Charente, la Creuse ou le Cantal, chaque semaine apporte son lot d’annonces qui mettent les villages en ébullition. La baisse démographique, plus marquée que prévu, est pointée du doigt. Elle laisse craindre l’apparition de véritables déserts scolaires, fragilisant encore davantage les territoires ruraux.

À Maligny, dans l’Yonne, les parents d’élèves se sont mobilisés pendant quinze jours pour bloquer l’école et protester contre la fermeture d’une des cinq classes. Avec 19 élèves par classe, le ratio est jugé idéal, mais la suppression envisagée pourrait faire grimper les effectifs à 29 élèves en maternelle, une situation inédite en milieu rural. Dans la Creuse, à Lussat, le conseil municipal a démissionné en bloc pour protester contre la fermeture de la classe unique du village. Le maire dénonce une situation qui transforme peu à peu sa commune en « un grand Ehpad ».

Les actions symboliques se multiplient. Dans l’Indre, une classe a été mise en vente sur Le Bon Coin, tandis qu’à Ambrault, des moutons ont remplacé les élèves dans la cour de l’école. Malgré l’annulation en janvier de la suppression de 4 000 postes d’enseignants, le syndicat FSU-Snuipp dénombre 4 950 fermetures de classes pour seulement 2 336 ouvertures à la rentrée 2024. Un solde négatif record, supérieur à celui des cinq dernières années.

Pour les villages, ces fermetures représentent une menace existentielle. « Le curseur baisse de plus en plus. Là où, il y a dix ans, on maintenait une classe sans problème, on la ferme aujourd’hui à effectif équivalent », déplore Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE. Selon lui, la baisse démographique devrait au contraire permettre d’améliorer la qualité de l’enseignement, mais les décisions prises vont à l’encontre de cette logique.

Le ministère de l’Éducation nationale se défend en soulignant que la baisse du nombre de classes est deux fois moins rapide que celle des effectifs dans les zones rurales depuis 2015. Il met en avant une politique de discrimination positive, avec un nombre moyen d’élèves par classe de 19,8 en milieu rural, contre 23,3 en zone urbaine dense. Cependant, sur le terrain, les élus dénoncent une gestion trop comptable et un manque de prise en compte des spécificités locales.

Les maires s’inquiètent notamment des conséquences sur l’attractivité des villages et la qualité de l’enseignement. « Faire une heure de car le matin et une heure le soir à six ans, ce n’est pas une vie », dénonce Jean-François Farenc, maire de Blanot en Saône-et-Loire. Christian Montin, maire de Marcolès dans le Cantal, pointe quant à lui la difficulté pour les enseignants de gérer des classes à cinq niveaux, tout en accueillant des enfants porteurs de handicap.

Face à cette situation, les élus réclament une meilleure concertation et une stratégie à long terme pour anticiper les baisses d’effectifs. La création récente d’« observatoires des dynamiques rurales » est jugée insuffisante, voire inefficace. Avec une baisse démographique qui devrait s’amplifier dans les années à venir, la question de l’avenir des écoles rurales reste plus que jamais d’actualité.

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