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Économie

Les agriculteurs américains, électeurs de Trump, pris au piège de la guerre commerciale

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Malgré leur soutien indéfectible à l’ancien président, les producteurs agricoles subissent de plein fouet les conséquences des tensions commerciales avec la Chine.

La loyauté des cultivateurs américains envers Donald Trump pourrait bien se heurter à une dure réalité économique. Alors qu’ils ont massivement voté pour lui lors des dernières élections, ces mêmes agriculteurs voient aujourd’hui leurs exportations menacées par l’envolée des droits de douane entre Washington et Pékin.

Jim Martin, producteur de soja et de maïs dans l’Illinois, résume l’ambiance : « On savait que cela arriverait, mais personne ne sait comment cela va se terminer. » Les nouvelles taxes américaines sur les importations, entrées en vigueur récemment, ont provoqué une riposte immédiate de la Chine, qui a alourdi ses propres barrières douanières sur les produits agricoles venant des États-Unis.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, les exportations agroalimentaires américaines vers la Chine ont atteint 24,6 milliards de dollars, plaçant Pékin au troisième rang des partenaires commerciaux. Le soja représente à lui seul plus de la moitié de ce montant, loin devant le bœuf et le coton. Pourtant, cette manne est aujourd’hui en péril.

Les souvenirs de 2018, lorsque les exportations de soja vers la Chine avaient chuté de 75 % après une première vague de mesures protectionnistes, hantent encore les esprits. À l’époque, l’administration Trump avait débloqué 23 milliards de dollars d’aides pour compenser les pertes. Mais cette fois, la situation semble plus complexe.

Le contexte est d’autant plus difficile que les cours du soja américain sont au plus bas, concurrencés par le Brésil, qui domine désormais le marché. En 2024, les exportations brésiliennes devraient être deux fois supérieures à celles des États-Unis, grâce notamment à des infrastructures logistiques avantageuses, comme le nouveau port de Chancay, financé par la Chine.

Pour les fermiers américains, la perte du marché chinois serait catastrophique. « Trouver d’autres acheteurs coûte cher », souligne un expert. Pire encore, les droits de douane risquent d’augmenter le prix des intrants, des machines aux engrais, alourdissant encore leurs charges.

Certains, comme Michael Slattery, dans le Wisconsin, ont tenté de vendre leurs stocks avant l’annonce des nouvelles taxes. Mais pour beaucoup, l’inquiétude grandit. « Le président a dit que ça irait mieux à long terme, confie Jim Martin. La question, c’est de savoir combien de temps on peut tenir. » Entre loyauté politique et réalité économique, le dilemme des agriculteurs américains est plus que jamais d’actualité.

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