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Le Mont-Blanc étouffé par un nuage toxique : la vallée de l’Arve en alerte permanente

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Malgré son cadre idyllique, cette région alpine subit une pollution chronique, mêlant chauffage au bois, trafic routier et activités industrielles.

Niché à 700 mètres d’altitude, un village de Haute-Savoie offre une vue paradoxale : d’un côté, la majesté du massif du Mont-Blanc, de l’autre, un épais brouillard chargé de particules fines. Ce phénomène récurrent, localement surnommé « peuf », envahit la vallée de l’Arve dès que les conditions météorologiques se stabilisent. Les habitants décrivent un ciel blanchâtre qui persiste parfois toute la journée, surtout en hiver, lorsque les températures chutent.

La géographie enclavée de la zone aggrave la situation. Coincée entre deux reliefs montagneux, la vallée subit des inversions thermiques fréquentes. L’air froid, piégé au sol, se trouve recouvert par une couche d’air plus chaud, formant un couvercle qui empêche la dispersion des polluants. Trois sources principales sont pointées du doigt : le chauffage résidentiel au bois, souvent utilisé dans les chalets, le trafic routier intense sur l’axe franco-italien, et les émissions des usines spécialisées dans le décolletage, secteur économique clé de la région.

Les conséquences sanitaires préoccupent les autorités. Lors des pics de pollution, les personnes fragiles, comme les patients atteints de maladies respiratoires, évitent de sortir. Les écoles diffusent des consignes pour limiter l’exposition des enfants, tandis que des restrictions temporaires s’appliquent aux véhicules et aux appareils de chauffage. Malgré le plan de protection atmosphérique lancé en 2010, incluant l’interdiction des cheminées à foyer ouvert et la réduction de la vitesse sur l’autoroute A40, les résultats restent insuffisants.

Certains résidents ont pris les devants, optant pour des énergies moins polluantes ou installant des panneaux solaires. Mais les traditions locales, comme l’usage persistant du bois de chauffage, freinent les progrès. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, le seuil d’alerte pour les particules fines a été dépassé pendant plus d’un mois à Passy. Une famille a même obtenu gain de cause en justice, l’État étant reconnu responsable de l’aggravation des troubles respiratoires de leur enfant en raison de son inaction.

Entre paysages grandioses et combat quotidien contre la pollution, la vallée de l’Arve incarne le dilemme des territoires alpins, tiraillés entre préservation environnementale et pression économique.

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