Politique
Immigration: texte adopté au Parlement, crise ouverte dans la majorité
Le Parlement a approuvé définitivement mardi la loi sur l’immigration, une victoire parlementaire pour Emmanuel Macron qui ouvre en même temps une profonde fracture au sein de sa majorité, dont une partie s’est détournée d’un texte soutenu à la dernière minute par le Rassemblement national.
Après 18 mois de revirements et rebondissements autour de ce projet de loi inflammable, l’Assemblée l’a voté avec 349 voix pour et 186 voix contre, sur 573 votants, LR et RN joignant leurs voix à celle de la majorité. Cette dernière s’est divisée: 59 voix lui ont manqué, sur 251 députés, entre votes contre et abstentions.
Le Sénat, dominé par la droite et le centre, avait adopté par 214 contre 114 le texte issu des longues et douloureuses tractations de la Commission mixte paritaire, conclave de sept sénateurs et sept députés dominé par la droite.
Sur X, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est félicité de l’adoption d’un texte « fort et ferme », « sans les voix des (88) députés RN ». « La majorité a fait bloc, la manœuvre du RN a échoué », a estimé de son côté la Première ministre Elisabeth Borne, semblant passer outre la défection de près du quart de ses députés.
Elle doit s’exprimer mercredi matin sur France Inter, alors qu’Emmanuel Macron doit lui aussi parler dans la journée, possiblement à la télévision.
Le chef de file de la France Insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon, a de son côté dénoncé une « écœurante victoire » acquise au contraire grâce aux voix de l’extrême droite. « Un nouvel axe politique s’est mis en place », a-t-il réagi sur X.
Le texte aurait en effet été tout de même adopté si les parlementaires d’extrême droite s’étaient abstenus. Le résultat aurait en revanche été différent s’ils avaient voté contre.
Dans l’hémicycle, Gérald Darmanin a vanté un texte méritant d’être voté « pour la protection des Français », pour la « régularisation des travailleurs sans papiers », « pour la simplification de notre droit ».
Il s’en est pris avec virulence à la gauche, l’accusant d’avoir trahi la « morale » en « quémandant les voix du RN » – une manière de prendre sa revanche sur la Nupes, dont la motion de rejet, votée par la droite et le RN, avait brutalement mis fin aux débats sur ce texte la semaine dernière dans l’hémicycle de l’Assemblée. Plongeant la macronie dans des tractations de la dernière chance avec la droite.
M. Darmanin a aussi vivement attaqué le RN, qui a décidé en dernière minute de voter pour le projet de loi, l’accusant de faire un « petit coup » politique pour mettre dans l’embarras la majorité, alors qu’il l’avait jusqu’à présent rejeté.
La gauche elle n’a eu de cesse de pointer dans le texte « une loi directement inspirée du programme de Jean-Marie Le Pen », le fondateur du Front national: « préférence nationale dans les prestations sociales, déchéance de nationalité, remise en cause du droit du sol », a énuméré la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot.
Le RN a applaudi ces prises de parole dans l’hémicycle, se réjouissant de sa « victoire idéologique », comme avait dit Marine Le Pen plus tôt dans la journée.
« Ce soir, si les députés du Rassemblement national votaient contre, ce texte ne passait pas contrairement aux mensonges proférés par M. Darmanin. C’est une victoire totale des idées défendues par Marine Le Pen », s’est félicité le député d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy.
La cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain a elle fustigé Emmanuel Macron qui « a enterré le dépassement ». « Il a trahi ses électeurs. Le seul mandat donné au président était de faire barrage à l’extrême droite et il a permis d’inscrire ses idées dans la loi », s’est-elle insurgée.
Signe du malaise dans la majorité, le président de la commission des Lois, Sacha Houlié, a voté contre le projet de loi. Et le président du groupe MoDem, Jean-Paul Mattei, s’est abstenu.
Le marasme touche aussi le gouvernement: le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a présenté mardi sa démission à la Première ministre, sans que l’on sache dans la nuit si elle avait été acceptée. Plusieurs ministres défavorables au texte, comme Clément Beaune (Transports), Patrice Vergriete (Logement) ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), ont été reçus dans la soirée à Matignon.
M. Vergriete et Mme Retailleau, en désaccord avec le texte, avaient également « mis leur démission dans la balance » mardi après le ralliement du RN, selon une source ministérielle.
Dans cette atmosphère pesante, les membres du gouvernement se retrouveront pour un Conseil des ministres à l’Elysée mercredi matin.
Allié historique du chef de l’Etat, le président du MoDem, François Bayrou, avait en début de soirée fait savoir qu’il « n’acceptera(it) pas » un texte sur l’immigration « revendiqué » par le RN, selon des sources concordantes. Son groupe s’est finalement divisé lors du vote.
« Ca va laisser des traces. Et pas qu’au Parlement. Je pense qu’on ne se rend pas encore compte des répercussions. Des collègues ont craqué physiquement (…) Ne pas tirer les leçons de l’épisode qu’on vient de vivre ce serait difficile », glissait après le vote une cadre de la majorité.
Le président des LR, Eric Ciotti, se félicitant d’une « victoire historique pour la droite », a appelé la majorité « en crise », à « tenir compte » du fait que les Républicains avaient permis « sur le fond et la forme l’adoption de ce texte ». « Qu’elle comprenne enfin que le en même temps est une impuissance ».
« On est dans la main du RN, on a perdu sur tous les tableaux » et Marine Le Pen « a tout gagné », s’exaspérait une députée Renaissance.
Politique
Le PS prêt à négocier avec les macronistes et LR sur la base « de concessions réciproques »
Le Parti Socialiste, sous la direction d’Olivier Faure, se dit prêt à entamer des pourparlers avec les macronistes et la droite pour former un gouvernement temporaire.
Dans une démarche inédite, le Parti Socialiste (PS) montre une ouverture significative envers les macronistes et Les Républicains (LR) pour constituer un gouvernement d’unité nationale. Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a exprimé lors d’une interview sur franceinfo sa volonté de négocier des « concessions réciproques » afin de sortir de l’impasse politique actuelle. Cette proposition intervient dans un contexte où le pays ne peut se permettre de rester paralysé par les querelles partisanes.
La stratégie du PS repose sur un compromis temporel, envisageant la formation d’un gouvernement à durée limitée. Ce gouvernement serait le fruit d’une négociation préalable, orchestrée par un « préfigurateur » désigné par Emmanuel Macron. L’objectif est de trouver un terrain d’entente sur des sujets cruciaux, tels que les retraites, où le PS propose un gel de la réforme plutôt qu’une abrogation immédiate, afin de permettre une conférence de financement ultérieure. Cette approche pragmatique reflète une volonté de dialogue et de recherche de solutions concrètes.
Faure reconnaît que les discussions excluront les forces du Nouveau Front populaire, notamment les Insoumis, qui se sont auto-exclus du processus. Cependant, il invite Laurent Wauquiez et LR à participer aux négociations, sous réserve de concessions mutuelles. Cette ouverture illustre une flexibilité politique rare, où le PS accepte de faire des compromis sur des positions traditionnellement fermes, comme la réforme de l’ISF, où il envisage un rétablissement rapportant 15 milliards d’euros au lieu des trois initialement proposés.
Le PS, sans majorité absolue, se trouve contraint de naviguer dans un paysage politique fragmenté. Faure insiste sur le fait que son parti n’abandonne pas ses valeurs, mais qu’il est prêt à faire des concessions pour le bien commun. « Je suis prêt à entrer en discussion. Ça ne veut pas dire que je suis prêt à dire que je suis devenu macroniste », souligne-t-il, marquant ainsi une distinction claire entre compromis et reniement idéologique.
France
« Bavardage creux », « dérive préoccupante » : les politiques réagissent à l’allocution d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, dans son allocution, promet un gouvernement d’intérêt général, mais les critiques fusent de tous bords politiques.
Dans son discours adressé à la nation, Emmanuel Macron a esquissé une vision de la France unie sous un « gouvernement d’intérêt général », une rhétorique qui se veut rassembleuse. Pourtant, ce message semble avoir rencontré un mur de scepticisme et de critiques de la part de ses adversaires politiques.
Adresse aux Français. https://t.co/irpXQN9qfN
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 5, 2024
Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, a vivement critiqué le discours présidentiel, le qualifiant de « bavardage creux et prétentieux ». Pour lui, l’utilisation de l’article 49.3 pour imposer des lois sans vote parlementaire est une atteinte directe à la démocratie, justifiant ainsi la censure du gouvernement Barnier. Cette censure, selon Mélenchon, n’est pas dirigée contre Barnier, mais contre la politique d’Emmanuel Macron lui-même.
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jordan Bardella du Rassemblement National a également exprimé son inquiétude face à ce qu’il perçoit comme une « dérive préoccupante » de la macronie. Il suggère que le président s’éloigne des réalités du terrain et du peuple français.
Boris Vallaud du Parti Socialiste a quant à lui voté la motion de censure comme une « sanction d’un mauvais budget de la sécurité sociale », tout en appelant à un Premier ministre issu de la gauche. Cette critique vise non seulement le fond du discours mais aussi la forme, dénonçant une politique qui, selon lui, manque de considération pour les besoins sociaux.
Marine Tondelier, d’Europe Écologie Les Verts, a salué la prudence de Macron dans la nomination de son Premier ministre, mais n’a pas manqué de critiquer le ton « condescendant » du discours. Elle semble apprécier la retenue du Président dans sa précipitation à nommer un successeur à Barnier, mais déplore le manque de respect perçu dans son allocution.
Enfin, Rachida Dati, ancienne ministre, a indiqué que Macron devrait agir rapidement pour nommer un nouveau Premier ministre, reflétant une attente de décisions concrètes et rapides de la part du Président.
L’allocution d’Emmanuel Macron, bien que visant à rassurer et à fédérer, a plutôt suscité un concert de critiques, reflétant un fossé grandissant entre le chef de l’État et les représentants de diverses tendances politiques. Ce discours, loin de combler les divisions, semble les avoir accentuées, laissant le public informé dans l’attente de voir comment le Président répondra à cette vague de scepticisme.
France
Macron face à la nation : un rendez-vous à 20h pour dissiper le flou
Après la chute historique du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron s’adressera aux Français jeudi soir. Une allocution attendue qui pourrait définir l’avenir politique du pays et du président lui-même.
La chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure à l’Assemblée nationale, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Cette situation met également le président Emmanuel Macron sous une pression inédite, alors qu’il doit gérer à la fois une majorité relative fragilisée et des appels de l’opposition à sa démission.
Dans ce contexte tendu, l’annonce de l’Élysée d’une allocution présidentielle prévue à 20h jeudi suscite une attente considérable. Le chef de l’État, récemment rentré d’Arabie Saoudite, devra non seulement répondre à l’urgence politique créée par la chute de son Premier ministre, mais aussi rassurer un pays en quête de stabilité. Le silence persistant sur la nomination d’un successeur à Michel Barnier alimente les spéculations, renforçant l’importance de cette prise de parole.
Pour Emmanuel Macron, ce discours est une occasion cruciale de reprendre la main sur le récit politique. Il devra convaincre qu’il est encore en mesure de gouverner face à une Assemblée nationale frondeuse et une opinion publique de plus en plus critique. Ses opposants, notamment La France insoumise, ne manqueront pas de scruter chaque mot, prêts à amplifier la contestation si le message présidentiel ne répond pas aux attentes.
Alors que l’histoire de la Ve République n’a que rarement connu de telles impasses, l’intervention de 20h pourrait être déterminante pour définir non seulement les prochaines étapes institutionnelles, mais également l’avenir d’un mandat déjà marqué par des défis multiples. La France attend des réponses, et c’est désormais à Emmanuel Macron de les fournir.
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