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En Birmanie, une tradition agricole millénaire face au défi écologique

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Dans l’est du pays, un festival célèbre la culture sur brûlis, une pratique vitale pour les communautés locales mais aux conséquences environnementales lourdes.

Au cœur des montagnes birmanes, près de la frontière entre les États Karen et Shan, le village de Tha Yu perpétue un rituel ancestral : le festival de l’agriculture sur brûlis. Malgré les nuages de fumée toxique qui envahissent le ciel chaque année, cette méthode reste indispensable pour des populations privées d’alternatives en raison de l’instabilité politique et du manque de ressources.

Pour les habitants, ces feux ne sont pas un simple spectacle, mais une nécessité économique. En brûlant les résidus des récoltes, ils préparent les champs pour les nouvelles cultures de riz, de maïs ou de piments. Une pratique transmise de génération en génération, même si ses effets sur la santé et l’environnement sont indéniables. Les microparticules libérées dans l’atmosphère réduiraient l’espérance de vie des Birmans de plus de deux ans, selon certaines études.

Pourtant, dans cette région isolée et touchée par des conflits armés, les solutions durables peinent à émerger. Les agriculteurs, conscients des risques, déplorent le manque d’accès à des techniques modernes et moins polluantes. « Nous n’avons pas le choix », confie un jeune responsable local, tandis que la brume étouffe les collines alentour.

Si certains experts pointent du doigt la déforestation et l’érosion des sols aggravées par ces incendies, d’autres soulignent paradoxalement leur rôle dans la régénération partielle des écosystèmes. À Tha Yu, la cérémonie, ponctuée de danses et de chants, reste un symbole de résilience. Mais derrière les festivités se cache une réalité plus sombre : celle d’une communauté tiraillée entre préservation de son héritage et adaptation à un monde en pleine mutation climatique.

Les pluies irrégulières et la dégradation des terres menacent déjà les récoltes, poussant certains villageois à l’exode. « Nos traditions s’effacent peu à peu », regrette un ancien, tandis que les flammes crépitent dans le lointain. Un constat amer pour une pratique qui, autrefois synonyme de prospérité, illustre désormais la vulnérabilité des populations rurales face aux bouleversements environnementaux.

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