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Deux résistantes déportées se retrouvent après 80 ans : une amitié forgée dans l’enfer

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À travers un écran, Renée et Andrée renouent avec leur passé commun, marqué par la Résistance et la déportation. Leur amitié, née dans l’horreur des camps, résiste au temps.

Séparées par l’Atlantique, deux femmes âgées échangent des sourires et des souvenirs lors d’une visioconférence émouvante. Renée, 98 ans, installée aux États-Unis, et Andrée, 97 ans, restée en France, ne s’étaient pas revues depuis leur libération en 1945. Leur dernière rencontre remontait à la fin de leur captivité dans un camp de travail annexe de Buchenwald, où elles avaient été déportées pour leurs activités dans la Résistance.

Leurs voix tremblent d’émotion lorsqu’elles évoquent leur jeunesse volée. « Tu te souviens, Dédée ? », lance Renée, utilisant le surnom d’Andrée. Cette dernière, les yeux brillants, répond par un baiser envoyé à travers l’écran. Les mots manquent pour décrire ce qu’elles ont vécu, mais leur complicité, intacte, parle d’elle-même.

Tout commence en 1943, alors qu’elles n’ont que 16 ans. Issues de familles engagées dans la lutte contre l’occupant nazi, elles intègrent des réseaux clandestins. Andrée, blonde et déterminée, parcourt la Sarthe à vélo pour transporter messages et armes, jouant de son apparence pour tromper la vigilance ennemie. Renée, employée des postes, détourne son travail pour aider les résistants, au péril de sa vie.

Leur courage a un prix. Arrêtées en 1944, elles sont emprisonnées avant d’être déportées en Allemagne. Dans l’usine où elles sont forcées de travailler, la faim, le froid et la violence deviennent leur quotidien. Elles se soutiennent mutuellement, volant des bouts de métal pour fabriquer des objets qui leur rappellent leur humanité : une broche, une barrette.

La libération n’efface pas les séquelles. Après des semaines de marche forcée, épuisées, elles rentrent en France, mais le retour à la normale est impossible. « Je ne reconnaissais plus ma propre maison », confie Renée. Andrée, elle, retrouve sa mère, mais sa tante ne reviendra jamais des camps.

Aujourd’hui, malgré la distance, leur lien demeure indéfectible. « Si je ne peux pas te revoir ici-bas, ce sera là-haut », murmure Renée avant de se dire au revoir. Leur histoire, celle d’une amitié née dans les ténèbres, reste un témoignage poignant de résilience et de fidélité.

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