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Bolivie: le retour triomphal d’Evo Morales sur ses terres indigènes

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Du village de paysans où il a grandi à la zone de culture de la coca où il a forgé son leadership : l’ex-président Evo Morales a achevé mercredi son périple dans son fief du centre de la Bolivie trois jours après son retour dans le pays andin.

« Pendant cette année (d’exil), je ne me suis jamais senti abandonné », a lancé l’ancien chef de l’Etat devant des milliers de personnes rassemblées dans la localité de Chimoré, dans le département de Cochabamba (centre).

M. Morales (2006-2019) a accusé une nouvelle fois les Etats-Unis d’avoir provoqué « un coup d’Etat » contre lui, en raison de leurs intérêts pour les vastes réserves de lithium bolivien.

Selon les organisateurs, le dauphin d’Evo Morales, Luis Arce, élu à la présidence le 18 octobre, devait le rejoindre pour ce rassemblement final. Mais l’ancien dirigeant socialiste a expliqué que son successeur, investi dimanche, était resté à La Paz pour « organiser la gestion du pays ».

Avec cette manifestation, l’ancien président bolivien clôture un périple de plus de 1.200 km par la route qu’il entamé à Villazon (sud), après avoir traversé à pied la frontière avec l’Argentine où il a été en exil pendant onze mois.

Des milliers de paysans ou de mineurs, presque tous indigènes – avec 41% des 11,5 millions d’habitants la Bolivie est l’un des pays d’Amérique latine qui compte la plus grande population indigène –  ont attendu pendant des heures dans les différentes villes traversées par le convoi de véhicules, répétant à chaque fois la même chose : « Evo est comme nous ».

Vêtus de leurs costumes traditionnels, ils ont agité la whipala, le drapeau aux sept couleurs représentant les communautés andines.

A chaque passage, la caravane se voyait offrir des plats traditionnels, comme du quinoa à la viande de lama, et Evo Morales a pris dans ses bras des dizaines d’enfants, sans protection sanitaire contre la pandémie de coronavirus.

« Voici son peuple, il sait écouter les indigènes », s’est exclamée Elizabeth Arcaide, une femme de 43 ans qui n’a cessé d’essuyer ses larmes lors de la traversée d’Orinoca, la ville rurale qui l’a vu grandir, où des centaines de personnes se sont massées sur un terrain de football, malgré le soleil brûlant, pour accueillir le « fils du peuple ».

« Racines »

Le chef aymara n’a pu cacher son émotion lorsqu’il s’est rendu à Isallave, près d’Orinoca, dans la maison en pisé au toit de chaume où il est né il y a 61 ans. « Il faut toujours revenir à ses racines pour renforcer son ajayu (âme) », y a déclaré l’ancien président.

A Orinoca, où Evo Morales s’est installé très jeune, se dresse le Musée de la Révolution démocratique et culturelle, une gigantesque construction moderne qui rend hommage à ses presque 14 années de présidence.

Mais tout le monde n’accueille pas Evo avec le même enthousiasme : « nous ne voulons plus de lui ici, il aime beaucoup trop le pouvoir », a lancé une vieille femme à la porte d’un petit magasin, refusant de se joindre au cortège d’accueil.

La date choisie par l’ancien chef d’Etat n’est pas anodine : c’est depuis son fief du centre du pays qu’Evo Morales a quitté la Bolivie il y a exactement un an, poussé à la démission par la rue qui refusait une quatrième réélection controversée et lâché par l’armée. De là, il avait d’abord fui au Mexique, puis en Argentine.

Dans cette zone de culture de la coca, où il a commencé sa carrière syndicale puis politique, il prévoit de reprendre l’activité agricole qu’il a exercée avant de devenir le premier amérindien à accéder à la présidence de la Bolivie.

Beaucoup dans le pays craignent que le retour triomphal de Morales sur les terres indigènes éclipse le nouveau gouvernement de Luis Arce. Mais l’analyste politique Carlos Cordero en minimise l’importance.

« Pour les partisans d’Evo Morales, c’est une nouvelle d’importance, pour le reste du pays, où il a de nombreux détracteurs, c’est anecdotique », estime-t-il. « Evo Morales est un leader historique mais le pouvoir est aujourd’hui dans les mains de Luis Arce ».

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La COP28 détient le record du nombre de lobbyistes des énergies fossiles, selon des ONG

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La COP28 détient le record du nombre de lobbyistes des énergies fossiles, selon des ONG

Selon la coalition Kick Big Polluters Out, la COP28 est envahie par les lobbyistes des énergies fossiles, mettant en danger les discussions sur le changement climatique.

La 28e Conférence des Parties (COP28) de l’ONU sur le climat, actuellement en cours à Dubaï, est marquée par la présence massive de lobbyistes des énergies fossiles. Selon une étude de la coalition Kick Big Polluters Out (KBPO), au moins 2 456 lobbyistes représentant ces industries ont obtenu une accréditation pour participer à l’événement, un chiffre quatre fois supérieur à celui de la précédente COP27.

La situation est si préoccupante que les ONG affirment que ces lobbyistes sont la principale raison pour laquelle la COP28 est plongée dans un brouillard de déni climatique. Cette augmentation massive du nombre de lobbyistes des énergies fossiles menace sérieusement les discussions sur le changement climatique et les mesures à prendre pour lutter contre ce problème mondial.

Si l’on considère ces lobbyistes comme une délégation, ils constitueraient la troisième plus grande présence à la COP28, derrière le Brésil et les Émirats arabes unis. Cette présence massive dépasse largement celle des délégations des dix pays les plus vulnérables au changement climatique, ainsi que celle des représentants des populations indigènes.

Parmi les lobbyistes des énergies fossiles accrédités, on trouve des personnalités influentes telles que Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, accrédité par la France. L’Italie a emmené des cadres d’Eni, tandis que l’Union européenne a fait venir des employés de BP, Eni et ExxonMobil. Les organisations professionnelles ayant le statut d’observateur à la COP ont également mobilisé leur contingent d’employés de Shell, TotalEnergies ou Equinor. Notons également que le président émirati du sommet, Sultan al-Jaber, est lui-même directeur de la compagnie pétrolière nationale, Adnoc.

La présence massive de lobbyistes des énergies fossiles à la COP28 suscite des inquiétudes quant à l’impact sur les décisions et les engagements pris lors de cette conférence cruciale. Le retrait progressif des énergies fossiles, notamment le pétrole, le gaz et le charbon, est au cœur des enjeux de la COP28, et la présence de ces lobbyistes soulève des questions sur leur rôle et leur influence dans les négociations climatiques.

Cette situation met en lumière la nécessité de trouver un équilibre entre la participation d’acteurs industriels et la prise de décisions visant à lutter efficacement contre le changement climatique. Les ONG et les défenseurs de l’environnement appellent à une plus grande transparence et à des mesures pour réduire l’influence des intérêts industriels sur les discussions climatiques mondiales.

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La Cour européenne des droits de l’homme ouvre une procédure contre la France pour « acte de torture »

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La Cour européenne des droits de l’homme ouvre une procédure contre la France pour "acte de torture"

La Cour européenne des droits de l’homme examine le cas de Laurent Théron, éborgné lors d’une manifestation en 2016.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a pris une mesure sans précédent en ouvrant une procédure à l’encontre de la France pour ce qui est qualifié d' »acte de torture » ou de « traitements inhumains et dégradants » à l’encontre d’un manifestant blessé lors d’une manifestation contre la loi travail en 2016.

Cette décision intervient après sept années de combat judiciaire dans l’affaire Laurent Théron. Le manifestant avait perdu l’usage de son œil droit le 15 septembre 2016, lorsqu’il avait été atteint au visage par l’explosion d’une grenade à main de désencerclement tirée par un CRS lors de la manifestation. Le brigadier-chef responsable du tir avait été renvoyé devant la cour d’assises de Paris, mais avait été acquitté le 14 décembre 2022 au motif de la légitime défense, malgré l’absence de réel danger.

Les avocats de Laurent Théron, Mes Céline Moreau, Olivier Peter et Lucie Simon, ont exprimé leur satisfaction face à l’ouverture de cette procédure par la CEDH. Ils ont souligné que cette décision pourrait avoir un impact significatif sur d’autres enquêtes en cours concernant des manifestants blessés, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes. Cette affaire soulève des questions cruciales sur la responsabilité de l’État français dans la protection des droits des manifestants, en particulier face à l’utilisation excessive de la force.

La CEDH, basée à Strasbourg, a communiqué au gouvernement français deux questions essentielles : le requérant a-t-il été « victime de traitements contraires à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme », qui prohibe la torture et les traitements inhumains et dégradants ? De plus, « l’enquête menée en l’espèce par les autorités internes a-t-elle satisfait aux exigences de l’article 3 de la Convention » ?

Cette procédure devrait prendre plusieurs mois, mais elle suscite déjà un débat important sur la question de la protection des droits des manifestants en France et l’application de la législation en matière de maintien de l’ordre.

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Guerre entre Israël et le Hamas : l’armée israélienne annonce avoir repris les combats

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Guerre entre Israël et le Hamas : l'armée israélienne annonce avoir repris les combats

L’armée israélienne a confirmé avoir « repris » ses frappes sur une partie de ce territoire, accusant le Hamas d’avoir « violé » la trêve en tirant vers le territoire israélien.

La trêve entre Israël et le Hamas, qui avait apporté un fragile répit dans la région, a pris fin sans qu’un nouvel accord puisse être conclu. La situation s’est rapidement détériorée, avec des sirènes d’alerte à la roquette retentissant dans plusieurs localités israéliennes et des frappes aériennes ainsi que des tirs d’artillerie constatés dans la ville de Gaza.

L’armée israélienne a annoncé avoir repris les « combats » contre le Hamas, invoquant la violation de la trêve par le mouvement islamiste. Tsahal a déclaré sur le réseau social X : « Le Hamas a violé la pause opérationnelle en tirant des roquettes vers le territoire israélien », justifiant ainsi la reprise des opérations militaires. Cette escalade a provoqué des moments de panique parmi les populations civiles des deux côtés.

Peu avant l’expiration de la trêve, le système de défense antiaérien israélien a réussi à intercepter avec succès un tir de roquette en provenance de la bande de Gaza. Cependant, des pertes tragiques ont été signalées du côté palestinien, avec six Palestiniens tués dans un raid aérien israélien sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Deux enfants ont également perdu la vie dans des raids aériens sur la ville de Gaza, selon un médecin de l’hôpital Ahli Arab.

La trêve avait vu la libération de plusieurs otages des deux côtés. Six otages israéliens ont été libérés par le Hamas, rejoignant deux autres qui avaient été relâchés plus tôt dans la journée. En échange, Israël a libéré trente Palestiniens, principalement des femmes et des mineurs détenus dans des prisons israéliennes, conformément à l’accord négocié. Cette trêve avait déjà permis la libération de 80 otages israéliens, principalement des femmes et des enfants, ainsi que de 240 prisonniers palestiniens. Toutefois, un certain nombre d’étrangers et de binationaux, dont la plupart étaient des Thaïlandais travaillant en Israël, avaient également été pris en otage.

La situation reste tendue dans la région, avec des inquiétudes croissantes quant à la poursuite des hostilités et à l’impact sur les civils pris au milieu de ce conflit. Les efforts diplomatiques visant à rétablir un cessez-le-feu durable se poursuivent, mais la route vers la paix semble plus incertaine que jamais.

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