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Birmanie : un festival ancestral célèbre l’agriculture sur brûlis, malgré son impact écologique

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En marge des conflits civils, une communauté perpétue une tradition agricole millénaire, au prix d’une pollution alarmante.

Dans les collines de l’État Shan, en Birmanie, le village de Tha Yu maintient vivante une pratique agricole ancestrale : la culture sur brûlis. Chaque année, au début du mois d’avril, les habitants allument des feux pour préparer leurs champs, transformant le paysage en un épais brouillard de fumée. Cette méthode, bien que critiquée pour son impact environnemental, reste pour eux une question de survie.

Les résidus des récoltes précédentes sont incinérés pour fertiliser les sols, une technique peu coûteuse mais polluante. Les microparticules libérées dans l’air, particulièrement nocives pour la santé, réduiraient l’espérance de vie des Birmans de plus de deux ans, selon certaines études. Pourtant, les alternatives modernes demeurent inaccessibles pour ces agriculteurs, isolés par la guerre civile et le manque de ressources.

Malgré les risques, la cérémonie revêt une dimension culturelle profonde. Danseurs et musiciens animent la célébration avant que les flammes ne soient allumées, un rituel symbolique qui unit la communauté. Pour eux, cette pratique n’est pas un choix, mais une nécessité. « Nous n’avons pas d’autre moyen de subsistance », confie un jeune responsable local, tandis que la fumée envahit l’horizon.

Les défenseurs de l’environnement dénoncent les effets dévastateurs de cette méthode sur les écosystèmes, bien que certaines recherches suggèrent qu’elle pourrait, dans des conditions contrôlées, favoriser la biodiversité. Mais en Birmanie, où les conflits et les crises économiques dominent les préoccupations, la question écologique passe souvent au second plan.

Les conséquences du changement climatique se font déjà sentir : déforestation, érosion des sols et perturbations météorologiques menacent les récoltes. Pour les habitants de Tha Yu, ce festival est autant une célébration qu’un rappel des défis à venir. « Nos traditions disparaissent peu à peu », regrette un membre du comité culturel. Dans un pays en proie à l’instabilité, cette pratique ancestrale pourrait bien s’éteindre avant que des solutions durables n’émergent.

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