Nous rejoindre sur les réseaux

Culture

Un café-bunker face à la Corée du Nord : symbole d’espoir et de division

Article

le

À deux pas de la frontière la plus militarisée au monde, un établissement sud-coréen mêle art, mémoire et rêves de réunification.

Niché à moins de deux kilomètres de la zone démilitarisée (DMZ), le café Daonsoop offre une vue paradoxale : des clients dégustent des boissons fraîches tandis que, derrière les vitres, se dressent les miradors nord-coréens et leurs drapeaux rouges. Ouvert en 2022 près de Paju, cet établissement hors du commun a dû intégrer un bunker équipé de meurtrières et de positions blindées pour obtenir son permis de construire, tant la proximité avec le Nord impose des mesures de sécurité drastiques.

La fondatrice, Lee Oh-sook, fille de réfugiés nord-coréens, a choisi ce lieu chargé d’histoire pour honorer la mémoire de ses parents. « Ils ont toujours espéré fouler à nouveau leur terre natale. En venus ici, nous pensons à eux chaque jour », confie-t-elle. Le café surplombe la « Route de la Liberté », une artère symbolique qui, en théorie, relierait un jour Séoul à Pyongyang. Pour l’heure, elle s’arrête net devant un paysage de barbelés et de panneaux menaçants avertissant que toute intrusion sera réprimée par les armes.

L’ambiance oscille entre sérénité et tension. La nuit, des haut-parleurs nord-coréens diffusent des bruits inquiétants – cris d’animaux, sons métalliques – en réponse aux tubes de K-pop envoyés par le Sud. Pourtant, malgré ce contexte hostile, le bunker du café a été transformé en galerie d’art par Kim Dae-nyeon, un ancien responsable électoral devenu artiste. Ses œuvres, accrochées entre les meurtrières, évoquent la réconciliation et la liberté, comme ce pont imaginaire enjambant la rivière Imjin, frontière naturelle entre les deux Corées.

Si Daonsoop attire des réfugiés nord-coréens en quête de recueillement, beaucoup de visiteurs ignorent même la présence du régime voisin. « Certains ne réalisent pas qu’ils sirotent leur café à quelques mètres d’un pays fermé », déplore Lee Oh-sook. Pour elle, ce lieu reste un rappel poignant d’une division trop souvent oubliée – et un fragile espoir de paix.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus