Europe
Turquie: des villageois défient Erdogan pour protéger la forêt
Une forêt luxuriante et des champs de thé verdoyants s’étendent à perte de vue dans cette vallée située non loin du berceau familial du président Recep Tayyip Erdogan, dans le nord-est de la Turquie. Mais ce coin de paradis coincé entre la mer Noire et les montagnes de la chaîne pontique est menacé par une carrière qui a commencé à être creusée et dont les pierres doivent servir à construire un port logistique.
Défiant les autorités, des habitants du village de Gürdere, dans la province de Rize, fief électoral et familial du président turc, s’opposent depuis près de deux mois à ce projet, craignant une catastrophe environnementale et la destruction de leur mode de vie.
« Ils disent qu’il y a de la pierre là-dessous. Mais au-dessus, il y a de la vie, de la vie qui a bien plus de valeur », déclare Asuman Fazlioglu, un villageois âgé de 60 ans.
Cette affaire illustre les tensions entre une sensibilité de plus en plus aiguë en Turquie sur les questions environnementales et la course effrénée au développement sous la houlette de M. Erdogan qui met souvent en avant les aéroports, routes et autres ponts bâtis depuis son arrivée au pouvoir en 2003.
M. Erdogan soutient que ces infrastructures sont nécessaires pour faire entrer la Turquie dans le club des pays les plus développés.
Mais ses détracteurs l’accusent de multiplier les projets inutiles et coûteux pour enrichir des entreprises proches du pouvoir — dans ce cas, le conglomérat Cengiz Holding –, quitte à raser des forêts.
Bâtons et cannes
Les habitants de cette région humide vivent de la production de thé et de miel. Les ours se promènent en liberté et dans les vallées résonne le fracas des cascades.
Jaloux de leur mode de vie, des habitants du village de Gürdere ont manifesté fin avril pour arrêter l’exploitation de la carrière.
Les autorités ont immédiatement dépêché des compagnies de policiers anti-émeutes pour réprimer ces primo-manifestants qui comptaient dans leurs rangs force femmes voilées munies de bâtons de marche et vieillards voûtés sur leur canne.
Après des affrontements avec la police, le gouvernorat de Rize a interdit toute manifestation en mai et juin.
Le gouvernement affirme que la majorité des habitants de la région soutient l’exploitation de la carrière, mettant les manifestations sur le compte de « groupes marginaux ».
Mais la plupart des habitants interrogés y sont farouchement opposés.
« Nous avons du miel, du thé, nous nourrissons nos animaux grâce à la forêt », explique Pervin Bas, une villageoise de 50 ans qui fait partie de plusieurs manifestants brièvement détenus en avril.
Güngör Bas, un parent de Pervin, dit ressentir de la douleur en voyant le lieu où il est né et a grandi être défiguré.
« Nos maisons sont maintenant recouvertes de poussière », se lamente-t-il.
« Vert du dollar »
Malgré deux actions en justice en cours pour mettre un coup d’arrêt à l’exploitation de la carrière, celle-ci se poursuit.
« Ce gouvernement (…) préfère le vert du dollar au vert des arbres », tacle Ali Oztunç, vice-président du principal parti d’opposition CHP en charge des questions environnementales.
La construction de l’aéroport de Rize, qui doit ouvrir d’ici la fin de l’année, a servi de mise en garde pour les habitants de Gürdere.
Celle-ci a en effet été permise par l’exploitation d’une autre carrière non loin de là, qui a ouvert une plaie béante dans la vallée.
Le va-et-vient des camions-bennes est incessant et les habitants des villages alentours se plaignent des fréquentes explosions de dynamite.
« Avant, ici, c’était un endroit tout vert. Des animaux vivaient ici, des oiseaux (…), des cerfs, des ours. Ils sont tous partis », soupire Mahir Karaca, un villageois âgé de 42 ans.
Pour les défenseurs de l’environnement, ces exemples illustrent le peu de cas fait par le gouvernement des forêts, ce qui risque d’avoir des conséquences à long terme.
Dans un communiqué transmis, Cengiz Holding s’engage à replanter des arbres après l’exploitation de la carrière près de Gürdere, pour « restaurer la nature ».
« C’est une arnaque », balaie cependant Ahmet Dursun Kahraman, président de la Chambre des ingénieurs en environnement. « Ils vont prendre les pierres, où vont-ils planter les arbres ? », demande-t-il.
Selon lui, l’exploitation de la carrière va avoir un impact sur plusieurs générations. « C’est de cette manière qu’il faut envisager ce genre de projets », dit-il. « Qu’allons-nous laisser derrière nous ? »
Europe
La Cour européenne des droits de l’homme ouvre une procédure contre la France pour « acte de torture »
La Cour européenne des droits de l’homme examine le cas de Laurent Théron, éborgné lors d’une manifestation en 2016.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a pris une mesure sans précédent en ouvrant une procédure à l’encontre de la France pour ce qui est qualifié d' »acte de torture » ou de « traitements inhumains et dégradants » à l’encontre d’un manifestant blessé lors d’une manifestation contre la loi travail en 2016.
Cette décision intervient après sept années de combat judiciaire dans l’affaire Laurent Théron. Le manifestant avait perdu l’usage de son œil droit le 15 septembre 2016, lorsqu’il avait été atteint au visage par l’explosion d’une grenade à main de désencerclement tirée par un CRS lors de la manifestation. Le brigadier-chef responsable du tir avait été renvoyé devant la cour d’assises de Paris, mais avait été acquitté le 14 décembre 2022 au motif de la légitime défense, malgré l’absence de réel danger.
Les avocats de Laurent Théron, Mes Céline Moreau, Olivier Peter et Lucie Simon, ont exprimé leur satisfaction face à l’ouverture de cette procédure par la CEDH. Ils ont souligné que cette décision pourrait avoir un impact significatif sur d’autres enquêtes en cours concernant des manifestants blessés, notamment lors du mouvement des Gilets jaunes. Cette affaire soulève des questions cruciales sur la responsabilité de l’État français dans la protection des droits des manifestants, en particulier face à l’utilisation excessive de la force.
La CEDH, basée à Strasbourg, a communiqué au gouvernement français deux questions essentielles : le requérant a-t-il été « victime de traitements contraires à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme », qui prohibe la torture et les traitements inhumains et dégradants ? De plus, « l’enquête menée en l’espèce par les autorités internes a-t-elle satisfait aux exigences de l’article 3 de la Convention » ?
Cette procédure devrait prendre plusieurs mois, mais elle suscite déjà un débat important sur la question de la protection des droits des manifestants en France et l’application de la législation en matière de maintien de l’ordre.
Europe
Irlande : Scènes de chaos à Dublin après une attaque au couteau sur des enfants
Des heurts violents attribués à des groupes d’extrême droite ont éclaté jeudi soir à Dublin, suite à une attaque au couteau survenue en début d’après-midi. Cette attaque, qui a laissé plusieurs personnes blessées, dont trois enfants, a été déclarée non terroriste par la police.
La soirée a été marquée par des scènes de chaos : des véhicules incendiés, dont une voiture de police et un bus, ainsi que des magasins pillés. Le calme n’est revenu que tard dans la nuit, après que le superintendant en chef Patrick McMenamin a qualifié les événements de « sauvagerie gratuite ». Heureusement, aucun blessé grave n’a été signalé malgré les confrontations violentes avec les forces de l’ordre.
Au cœur des troubles, des pancartes proclamant « Irish Lives Matter » et des drapeaux irlandais ont été aperçus, témoignant d’une tension inédite depuis des années. Ces incidents ont éclaté dans un quartier abritant une importante population immigrée, sur fond de rumeurs concernant l’origine de l’agresseur présumé.
Le commissaire Drew Harris a souligné le rôle d’une « faction de hooligans dingues » mus par une idéologie d’extrême droite, tout en mettant en garde contre les « rumeurs » et « insinuations » diffusées à des fins malveillantes.
La ministre de la Justice Helen McEntee, dans un appel au calme, a condamné fermement ces actes et promis une réponse sévère contre toute attaque envers la police.
L’enquête, menée par la police locale sous la direction de Liam Geraghty, s’oriente vers une attaque isolée, écartant tout motif terroriste. Le Premier ministre Leo Varadkar, tout en annonçant l’arrestation d’un suspect, a exprimé sa solidarité avec les victimes et leurs familles.
Les faits, qui se sont déroulés près d’une école, ont laissé une femme et une petite fille grièvement blessées, tandis qu’un garçon de cinq ans a pu être libéré de l’hôpital.
Cet événement soulève de nouvelles questions sur la montée de l’extrémisme et de la violence urbaine en Irlande, dans un contexte de crise du logement et de discours anti-immigration alimentés par des figures d’extrême droite.
Europe
Pays-Bas : large victoire de l’extrême droite aux législatives
Porté par un discours anti-immigration, le parti de Geert Wilders s’est imposé dans les urnes mercredi. Un séisme électoral qui risque d’être ressenti dans toute l’Europe.
Une victoire monstre et une situation bloquée : le populiste de l’extrême-droite, Geert Wilders, a réussi un exploit. Le leader (et seul membre) de son parti PVV (Parti de la Liberté) a, selon les sondages à la sortie des urnes, gagné les élections législatives aux Pays-Bas, et aura probablement 37 sièges (une augmentation de 18 par rapport à l’Assemblée actuelle) sur 150. Le bloc de gauche GL-PvdA obtiendra 25 sièges pour devenir le deuxième plus grand parti. Le VVD, de loin le plus important parti lors des élections précédentes, recule fortement et devrait terminer à 24 sièges. Le débutant, le parti de centre droit « Nouveau contrat social », gagnerait 20 sièges.
Selon la tradition, le plus grand parti peut prendre la tête de la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale, bien qu’il ne s’agisse pas d’une règle écrite. Geert Wilders a déclaré mercredi soir qu’il pourrait essayer de former une coalition de centre droit avec le BBB, le VVD et le NSC. Le PVV « ne peut plus être ignoré », a-t-il martelé. Mais il reste à voir si ces partis souhaitent entrer en pourparlers avec Wilders.
La cheffe du parti libéral VVD, Dilan Yeşilgöz-Zegerius, qui se voyait déjà comme la première femme Premier ministre, a déclaré qu’elle ne voyait pas comment Wilders pourra former une majorité. Frans Timmermans, le leader du bloc de gauche GroenLinksPvda, a été plus explicite et a exclu à nouveau d’entrer « dans une coalition qui exclut des Néerlandais ».
A Bruxelles, on étudiera minutieusement les résultats des élections à La Haye. Par le passé, Wilders a souvent plaidé en faveur d’un Nexit et d’un retour au florin. Par conséquent, la première réaction européenne est venue du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur X (anciennement Twitter) : « Le vent du changement est là ».
Même enthousiasme en France où la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a félicité Geert Wilders et son parti d’extrême droite pour « leur performance spectaculaire » aux législatives.
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