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Économie

Scandale du chlordécone : l’État français contraint à réparer le préjudice d’anxiété de deux ouvrières

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La justice martiniquaise reconnaît la souffrance psychologique liée à l’exposition prolongée à ce pesticide cancérigène, ouvrant la voie à d’autres indemnisations.

Le tribunal administratif de la Martinique a rendu une décision historique en condamnant l’État à verser 10 000 euros à chacune de deux anciennes employées agricoles, exposées pendant plus de dix ans au chlordécone. Les juges ont retenu leur préjudice d’anxiété, lié à la crainte légitime de développer des pathologies graves comme la maladie de Parkinson ou certains cancers, en raison de leur contact direct avec ce pesticide toxique lors de l’épandage manuel, sans protection adéquate.

Cette condamnation s’inscrit dans la lignée d’un arrêt de la cour administrative d’appel de Paris en mars dernier, qui avait établi la responsabilité de l’État dans l’autorisation prolongée de ce produit, pourtant interdit dès 1990. Les magistrats ont pointé des négligences dans la gestion des dérogations accordées aux planteurs de bananes, permettant l’écoulement des stocks jusqu’en 1993.

Si seules une dizaine de victimes ont pour l’instant obtenu réparation, c’est en raison des difficultés à prouver l’exposition effective au produit. Les plaignants doivent fournir des analyses médicales et des études environnementales complexes pour établir un lien direct avec les risques sanitaires. Cette décision crée cependant un précédent juridique pour les 1 286 dossiers en attente en Martinique et en Guadeloupe, où le chlordécone a durablement contaminé les sols et les eaux.

La reconnaissance du préjudice d’anxiété marque une avancée majeure pour les victimes de ce scandale sanitaire, qui réclament justice depuis des années. Elle met aussi en lumière les manquements des autorités dans la protection des travailleurs et de l’environnement, alors que les conséquences de cette pollution persistent aujourd’hui encore.

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