Politique
Présidentielle : Macron et Le Pen, le regard à gauche
Les deux adversaires à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, regardent mardi vers la gauche, lorgnant notamment les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui pourraient, selon les analystes, faire la différence au second tour.
Sûrs a priori de faire le plein des voix sur leur droite, les deux prétendants s’affrontent sur le terrain du pouvoir d’achat, sujet de préoccupation numéro un des Français.
Le candidat-président, qui multiplie les déplacements depuis dimanche, doit se rendre dans le Grand-Est, au lendemain d’une tournée dans le Nord sur des terres populaires qui ont voté massivement Marine Le Pen au premier tour.
Assailli toute la journée sur son projet d’âge de la retraite à 65 ans, il a fini par lancer un signal fort vers l’électorat populaire en se disant prêt à « bouger » sur ce totem de son programme et entrouvert la porte à un âge de départ à 64 ans. Une concession inattendue à treize jours du second tour.
A Mulhouse, il va à la rencontre de soignants, puis se rend à Strasbourg en soirée, deux villes ayant porté dimanche M. Mélenchon en tête avec 35-36% des suffrages.
Pour l’emporter au second tour, M. Macron doit convaincre un maximum d’électeurs de gauche de voter pour lui.
Mais la tâche n’est pas aisée.
« J’aimerais qu’il prenne en compte ces électeurs qui vont voter pour lui pour faire barrage à l’extrême droite, ce qu’il n’a pas du tout fait depuis 5 ans », dit Lucile à Strasbourg, une artiste de 32 ans qui a voté Mélenchon au premier tour. « Ca permettrait vraiment de se réconcilier avec lui », dit-elle à l’AFP.
Un autre habitant, Jean Mathieu, architecte, qui a également voté Mélenchon, dit vouloir « voter pour Macron, même si ça ne me fait pas plaisir (…) Mais j’attends qu’il donne des signes d’ouverture ».
Lundi, le sujet a occupé une bonne partie d’un « bureau exécutif » de la majorité, décidée à « insister sur les mesures du programme qui n’ont pas été encore entendues », comprendre les plus sociales, selon l’un des participants.
Accusé d’avoir été trop absent avant le premier tour, M. Macron a décidé de multiplier les visites et les bains de foule qu’il affectionne. Cela devrait culminer avec un grand meeting samedi à Marseille.
Un responsable de la majorité résume ainsi l’objectif des prochains jours, craignant l’impact d’une fracture avec les milieux populaires au second tour: « Dans les mesures, les gens ont retenu le salé, comme la retraite à 65 ans, pas le sucré ».
« Match retour différent »
Pour sa part, Marine Le Pen, qui dit avoir appris depuis cinq ans, doit s’exprimer dans les médias mardi d’abord dans la matinale sur France Inter puis en soirée au 20H de TF1. Elle doit aussi tourner son clip de campagne et tenir une conférence de presse sur le thème de la « démocratie » à Vernon, dans l’Eure.
Mme Le Pen, qui défend le maintien de la retraite à 62 ans, veut engager une profonde réforme des institutions, si elle est élue présidente le 24 avril, en recourant notamment au référendum et en inscrivant la « priorité nationale » dans la Loi fondamentale. Ce principe permettra « aux seuls Français » d’accéder à certaines prestations sociales, comme le détaille son programme.
Dès dimanche soir, elle avait appelé les électeurs de droite comme de gauche à la « rejoindre », en vantant un projet de « justice sociale » et de « protection ».
Et lundi dans l’Yonne, elle a insisté sur le pouvoir d’achat et notamment la forte poussée de l’inflation appelant à des « mesures d’urgences » pour y faire face.
Sans dévier de sa stratégie de proximité ni des thèmes sociaux, Marine Le Pen mise aussi sur les voix de Jean-Luc Mélenchon, avant celles de son rival Eric Zemmour avec lequel la réconciliation s’annonce compliquée.
« Je dis aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, soyez de vrais insoumis, (…) n’allez pas sauver la tête d’Emmanuel Macron », a lancé lundi sur LCI le porte-parole de la candidate du RN, Sébastien Chenu.
Pour Brice Teinturier, directeur d’Ipsos, « c’est un match retour totalement différent » par rapport à 2017 quand M. Macron avait largement battu Mme Le Pen au second tour. « L’affiche est la même et en même temps elle n’est plus du tout la même », dit-il.
A ce stade, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon a l’intention de voter « à 34% pour Emmanuel Macron, à 30% pour Marine Le Pen, ce qui est plus qu’en 2017, et à 36% de rester à la maison », précise Brice Teinturier.
Dans l’entre-deux tours, la candidate d’extrême droite devra consolider son socle « nationaliste populiste » mais aussi « développer sa thématique sociale pour susciter de l’adhésion ou de l’abstention chez les électeurs de gauche », analyse de son côté le politologue Jérôme Sainte-Marie (PollingVox).
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Politique
Barnier un gouvernement pour la semaine prochaine, les LR au portillon
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a annoncé la nomination de son gouvernement pour la semaine prochaine. Les Républicains, dont il est issu, semblent de plus en plus enclins à intégrer l’exécutif.
Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre par Emmanuel Macron après des élections législatives sans majorité, s’active pour constituer son gouvernement. Face aux caméras lors des journées parlementaires du parti Horizons, il a promis de dévoiler son exécutif d’ici la semaine prochaine. Barnier, ancien commissaire européen, souhaite former une équipe qui reflète les différentes sensibilités, tant du parti présidentiel que de sa propre famille politique, Les Républicains (LR).
L’accueil reçu lors de cette rencontre à Reims semble avoir touché Michel Barnier, qui a insisté sur l’importance de la « coexistence exigeante » entre les différentes composantes de la majorité. Il s’est également rendu devant les députés Renaissance, soulignant sa volonté de travailler avec toutes les forces politiques de l’alliance macroniste. Il a également promis de répondre aux attentes des Français avec cette nouvelle équipe, tout en assurant que cette nomination ne serait pas un simple remaniement.
Dans le cadre de ces consultations, Michel Barnier prévoit d’échanger avec d’autres alliés comme le Modem et les sénateurs macronistes. La participation des Républicains à ce nouveau gouvernement prend de l’ampleur, malgré les réticences initiales de Laurent Wauquiez, leader de LR. Gérard Larcher, président du Sénat et figure influente de LR, a déjà exprimé son soutien à l’entrée de la droite dans l’exécutif, et plusieurs figures du parti sont évoquées pour occuper des postes clés.
Annie Genevard, secrétaire générale de LR, a fait savoir qu’elle accepterait volontiers de prendre la tête du ministère de l’Éducation nationale, si la proposition lui était faite. Laurent Wauquiez, autre poids lourd du parti, pourrait quant à lui briguer le ministère de l’Intérieur. Toutefois, ces ambitions divisent, notamment du côté d’Éric Ciotti, qui critique ouvertement une alliance entre la macronie et certains Républicains.
Le suspense demeure quant à la composition finale de ce gouvernement, mais il est clair que Michel Barnier entend réussir à équilibrer les forces politiques pour mener à bien son mandat dans un contexte de fragmentation parlementaire.
Politique
Moqué à l’Assemblée, Sébastien Delogu trouve soutien face aux attaques de l’extrême droite
Le député Sébastien Delogu a été la cible de critiques acerbes après avoir trébuché sur quelques mots lors d’une intervention à l’Assemblée nationale. Face à ces moqueries perçues comme des attaques de classe, de nombreux élus, y compris au-delà de son propre camp, lui ont apporté leur soutien.
Sébastien Delogu, député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière de La France Insoumise (LFI), a récemment fait l’objet d’un torrent de moqueries après une lecture difficile dans l’Hémicycle. Ces railleries, principalement venues des rangs de l’extrême droite, ont visé non seulement sa prestation, mais également son parcours professionnel, ce qui a suscité un vif débat sur le mépris de classe.
Les critiques les plus virulentes ont notamment été formulées par Julien Odoul, député du Rassemblement national, qui a ironisé sur l’aisance de Delogu « en mode racaille ». Un autre commentaire, d’Aurélien Véron, conseiller de Paris des Républicains, insinuait que « L’École de la Seconde Chance » avait ouvert une antenne à l’Assemblée nationale, une référence mordante à l’origine modeste de Delogu, ancien vendeur et chauffeur de taxi.
Face à cette vague d’attaques, de nombreuses personnalités politiques ont rapidement pris position pour défendre le député. Matthias Tavel, élu LFI, a dénoncé une « haine de classe » et salué le courage de son collègue, soulignant le mépris affiché par ceux qui cherchent à éloigner les classes populaires du pouvoir. Antoine Léaument a pour sa part qualifié ces attaques d’odieuses, accusant l’extrême droite de masquer ses ambitions politiques en jetant l’opprobre sur Delogu.
Ce soutien ne s’est pas limité aux membres de LFI. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a rappelé que siéger à l’Assemblée nationale n’était pas un privilège réservé à l’élite, défendant ainsi le droit de chacun, quelles que soient ses origines, à représenter les citoyens. Le député PS Philippe Brun a également exprimé son dégoût face aux moqueries, jugeant Delogu plus utile que « beaucoup de pantins se croyant éduqués ».
Même Karl Olive, élu du camp macroniste, a dénoncé ce qu’il a décrit comme un « déferlement de haine ». Dans un climat politique de plus en plus tendu, l’affaire Delogu semble cristalliser les tensions autour de la représentation populaire et la fracture sociale qui se fait sentir jusque dans l’enceinte du Parlement.
Pour Sébastien Delogu, la réponse à ses détracteurs est claire. Loin d’être découragé, il affirme sur les réseaux sociaux que ces attaques renforcent sa détermination à poursuivre son combat politique.
Politique
Michel Barnier nommé Premier ministre, un pari risqué pour Emmanuel Macron
L’ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier, 73 ans, a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. Une tâche ardue attend cet homme d’expérience dans un contexte où l’Assemblée nationale ne dispose d’aucune majorité claire.
Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier comme Premier ministre, soixante jours après un second tour des législatives qui a débouché sur une Assemblée nationale fragmentée. À 73 ans, Barnier devient le plus vieux chef de gouvernement de la Ve République, succédant ainsi à Gabriel Attal, démissionnaire après seulement huit mois à Matignon. Attal, 35 ans, était le plus jeune Premier ministre, créant ainsi un contraste générationnel saisissant entre les deux hommes.
Cette nomination intervient alors que la France traverse une des crises politiques les plus graves depuis 1958. Sans majorité parlementaire, Barnier devra naviguer dans un paysage politique incertain pour former un gouvernement capable de survivre à une censure et de mener les réformes nécessaires. Dans un communiqué, l’Élysée a précisé que le président avait confié à Barnier la mission de constituer un « gouvernement de rassemblement » capable de stabiliser la situation.
Michel Barnier n’est pas un inconnu de la scène politique française et européenne. Vétéran des gouvernements sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, il a également été le négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, ce qui lui confère une réputation de médiateur expérimenté. Cependant, cette nomination intervient après plusieurs semaines de consultations infructueuses, où plusieurs noms, dont Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, ont été évoqués sans succès.
Pourtant, la tâche qui attend Barnier semble quasi impossible. Aucune coalition viable n’a émergé depuis les élections, et les ministres démissionnaires continuent d’expédier les affaires courantes en attendant l’issue des négociations. Le Nouveau Front Populaire (NFP), arrivé en tête des élections législatives sans obtenir la majorité absolue, a réclamé la direction du gouvernement, mais Emmanuel Macron a écarté la candidature de leur figure de proue, Lucie Castets, en août, estimant qu’elle ne survivrait pas à un vote de confiance.
Le choix de Michel Barnier n’a pas fait l’unanimité. À gauche, Boris Vallaud, président du groupe socialiste, a critiqué cette nomination, la qualifiant d’ouverture à une politique de droite. Du côté de La France Insoumise, Mathilde Panot a dénoncé une trahison de la volonté populaire. Même au sein du Rassemblement National (RN), qui aurait menacé de censurer les autres candidats potentiels, l’accueil de Barnier reste mitigé. Jordan Bardella, président du RN, a affirmé que son parti jugerait Barnier sur son discours de politique générale, tout en laissant planer la menace d’une possible motion de censure.
L’avenir de Barnier à Matignon est donc incertain. Sa capacité à former une coalition durable, même en mode « cohabitation », reste à prouver. Certains observateurs voient en lui une figure compatible avec les ambitions d’Emmanuel Macron, soulignant qu’il incarne une forme de continuité. D’autres, en revanche, estiment que sa nomination résulte davantage d’un choix par défaut que d’une véritable adhésion à sa vision politique.
Le défi pour Michel Barnier sera de taille. En l’absence d’un soutien parlementaire large et avec une opposition prête à saisir la moindre opportunité pour le faire tomber, sa mission pourrait bien tourner court. Seul le temps dira si ce vétéran de la politique saura réconcilier un paysage fracturé ou s’il rejoindra la longue liste des Premiers ministres dont le mandat fut bref.
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