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Politique

Nucléaire vs renouvelables : l’Assemblée s’oppose au forcing gouvernemental

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Le Parlement refuse de voir son débat sur la stratégie énergétique court-circuité par un décret prématuré, alors que les tensions sur le mix électrique divisent jusqu’à la majorité.

L’examen d’une proposition de loi définissant la politique énergétique française jusqu’en 2035 a débuté dans un climat tendu à l’Assemblée nationale. Les élus de tous bords contestent la volonté de l’exécutif de publier dès cet été un décret encadrant la part du nucléaire et des énergies décarbonées, avant même l’adoption définitive du texte. Le ministre de l’Industrie justifie cette précipitation par la nécessité de rassurer les investisseurs, mais les parlementaires y voient une atteinte à leur prérogative législative.

Le rapporteur du texte, issu de la majorité présidentielle, a publiquement invité le gouvernement à différer sa décision, soulignant l’incohérence d’une réglementation anticipée pendant les débats parlementaires. Les critiques fusent également sur la forme : la gauche dénonce l’absence d’étude d’impact et l’évitement de la procédure législative normale, tandis que le Rassemblement national se targue d’avoir imposé ce débat grâce à une motion de censure.

Les discussions révèlent des fractures profondes sur le fond. Si la majorité et l’extrême droite défendent une relance massive du nucléaire, la gauche plaide pour un compromis incluant huit nouveaux EPR tout en regrettant l’abandon des objectifs chiffrés pour les renouvelables. Un premier vote symbolique a vu l’Assemblée, contre l’avis du gouvernement, supprimer temporairement le monopole d’EDF sur les réacteurs, avant de le rétablir partiellement. Plus polémique encore : un amendement RN a exclu explicitement l’éolien et le solaire de la liste des énergies décarbonées, provoquant des crispations.

La soirée s’est achevée par d’autres revers pour l’exécutif, avec le rétablissement des tarifs réglementés de l’électricité et du gaz, ainsi qu’une remise en cause des règles européennes de fixation des prix. Ces votes, obtenus grâce à des alliances inédites entre gauche et extrême droite, illustrent les recompositions tactiques autour d’un dossier qui dépasse les clivages traditionnels. Le gouvernement devra désormais composer avec une Chambre déterminée à peser sur les choix énergétiques, alors que les arbitrages techniques cachent des enjeux industriels et sociaux colossaux.

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