Tensions politiques sur la piste d’escrime lors des Mondiaux à Milan, un geste qui suscite la controverse.
Lors des Mondiaux d’escrime à Milan, une rencontre historique a eu lieu jeudi entre une escrimeuse ukrainienne et une Russe. C’était la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine qu’une telle confrontation avait lieu, suscitant une vive polémique et poussant le Comité International Olympique (CIO) à réagir.
La protagoniste de cette scène inédite était l’Ukrainienne Olga Kharlan, quadruple championne du monde du sabre. Elle a affronté la Russe Anna Smirnova, qui participait comme « athlète individuelle neutre » en raison des circonstances politiques. Le combat s’est soldé par une victoire écrasante d’Olga Kharlan (15-7).
Pourtant, la confrontation ne s’est pas déroulée sans incidents. Durant le combat, une vingtaine de membres de la délégation ukrainienne ont scandé « Slava Ukraini » (« Gloire à l’Ukraine »), témoignant de la tension qui régnait sur la piste. Une fois le duel terminé, au lieu de saluer son adversaire, Olga Kharlan a refusé de lui serrer la main. Une attitude qui a poussé Anna Smirnova à protester en restant assise sur une chaise pendant plus de dix minutes.
Suite à cet événement, le jury a pris une décision radicale en disqualifiant l’Ukrainienne, faisant de cette affaire un cas potentiellement historique. Selon le règlement de la Fédération internationale d’escrime (FIE), les deux tireurs doivent se serrer la main dès que la décision est donnée, mais Olga Kharlan a ignoré cette règle.
Cette confrontation rappelle les quarts de finale du dernier Roland-Garros, où la Biélorusse Aryna Sabalenka avait attendu en vain qu’Elina Svitolina, une autre joueuse ukrainienne, vienne lui serrer la main après sa défaite. Ces incidents mettent en lumière la tension politique qui entoure les compétitions sportives impliquant des athlètes ukrainiens et russes depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou il y a près d’un an et demi.
Le ministère des sports ukrainiens avait jusqu’à présent interdit à ses délégations officielles, à l’exception du tennis, de participer à des compétitions où figuraient des Russes ou Biélorusses. Cependant, mercredi, ce décret a été modifié pour ne concerner que les « athlètes représentant la Fédération de Russie ou la République du Bélarus », permettant ainsi à Anna Smirnova de participer en tant qu’athlète neutre.
Cette confrontation à Milan soulève des questions sur la manière dont les tensions politiques affectent le monde du sport et appelle à une réflexion sur la nécessité de faire preuve de « sensibilité » envers les sportifs ukrainiens, comme l’a souligné le CIO.